Un fils juge son père, et le résultat est d'une redoutable lucidité.
Paul Nizan dresse le portrait de son père (appelé ici
Antoine Bloyé), depuis son enfance prolétaire jusqu'à l'embourgeoisement qui a fait de lui un "traître à sa classe". Pourtant, sa réussite professionnelle est méritée, au regard du sérieux qu'il a consacré à ses études. Mais son insertion sociale dans le milieu bourgeois du début du XXème siècle nécessite une autre forme de sacrifice.
Paul Nizan, communiste, philosophe et journaliste, use d'un style sec et profond pour raconter ce parcours et décrire sans compassion la "névrose de classe" qui étouffe son protagoniste.
Antoine Bloyé a choisi le camp des patrons sur celui des ouvriers, alors qu'entendre "L'Internationale" l'émeut au plus profond de lui. Nizan raconte la vie d'un homme seul, qui a tout raté en croyant tout réussir. Bien que datant de 1933, cet ouvrage est d'une cruelle actualité.
(message personnel : merci à Sociolitte de m'avoir suffisamment intriguée avec sa liste des 6 livres, pour me donner envie de lire celui-ci).
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