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Critique de babounette


La nuit infinie des mères - Virginie Noar - Récit - Éditions François Bourin - Des livres qui ont leurs mots à dire - Lu en avril 2022.

La narratrice, une maman solo, se raconte dans ce récit, sans concession, sans faux-semblant, avec une rigueur sans faille.
Comment l'autrice Virginie Noar a-t-elle pu entrer ainsi dans le vécu d'une jeune maman dont le mari est parti un jour sans explication, sans un mot, la laissant là, avec une petite fille et dans l'attente d'un petit garçon à naître ?

Elle nous raconte sa rencontre avec Lui, son souci d'économie, son envie d'une vie ailleurs, loin du capitalisme.
Ils décident de quitter la ville pour un petit village loin du bruit et de la pollution.

Et puis, il y a eu l'après.
"Comment raconter l'échec d'une vie policée. Une vie sacrifiée sur l'autel de la maternité". Page 16

"Lui avait eu sa mère à son service...
Elle avait été éduquée comme une femme à servir les autres - les hommes les enfants les malades les vieux -
une petite fille mignonne qui deviendrait femme à soigner son corps mais aussi celui des autres. Les hommes. le foyer". Page 30
"Il avait appris à être pris en charge par des femmes, j'avais appris à prendre en charge les hommes. Et que cela soit injuste et absurde n'y changeait rien". Page 31

Ces quelques phrases annoncent la descente dans la nuit infinie de cette maman. La solitude, la fatigue, le manque d'argent , une enfance pas facile avec sa propre mère changeante et sans tendresse.
Elle voulait être différente, ne pas faire comme elle, être une maman aimante et attentionnée, elle espérait le retour de Lui.
"Il reste à mon histoire les matins blancs qui succèdent aux nuits symétriques, la douleur du vraisemblable, tout ce que je comprends chaque jour un peu plus depuis qu'il n'est plus là". Page 32.

Alors, elle se débat avec ses démons, son immense lassitude, son combat pour rester debout, tenir un jour et encore un autre jour pour assurer le quotidien de ses enfants comme si tout allait bien. Elle affronte ses doutes, ses questions sans réponse, est-elle une bonne mère, fait-elle de son mieux.

Elle s'oublie pour n'être plus que mère, la femme a disparu en elle.

C'est une lecture poignante, j'ai corné tellement de pages pour retrouver des phrases qui me touchaient, empreintes d'un réalisme stupéfiant que je me suis demandé s'il n'y avait pas une part d'autobiographie dans ce récit.

A la fin de ma lecture, une petite lueur d'espoir pointe sous la plume de Virginie Noar.

Peut-être que certaines d'entre vous se reconnaîtront dans ce récit au plus près des pensées d'une maman en détresse et qui malgré tout s'est battue pour rester une maman comme elle voulait l'être, douce, attentionnée et aimante, offrir à ses enfants cet amour qu'elle n'a pas eu.

A lire avec un bon moral.

Bravo Virginie Noar pour cette magnifique introspection
dans la tête de cette jeune femme.

Virginie Noar est pigiste et travailleuse sociale.
Avant ce livre, elle a écrit "Le Corps d'après" paru en 2019 aux mêmes éditions.

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