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Critique de AMR_La_Pirate


Ce premier roman faisait partie de la sélection « Rentrée littéraire 2019 » des 68 premières Fois… La session est terminée depuis février et, en cinq participations à cette belle aventure, c'est la deuxième fois que je ne lis pas tous les romans sélectionnés.
Le Corps d'après de Virginie Noar était dans ma PAL numérique et je remettais toujours à plus tard sa lecture…

Quand, enfin, j'ai décidé de me plonger dans ce livre, je n'ai pas réussi à m'intéresser à ce que je lisais ; je parvenais seulement à lire quelques pages de temps en temps et leur contenu me laissait une impression de malaise.
J'ai songé à abandonner, ce qui ne me ressemble pas, surtout que 256 pages ne sont pas vraiment une grosse épreuve à avaler. J'ai donc effectué quelques recherches : l'auteure traite ici un sujet qu'elle connaît bien puisqu'elle est travailleuse sociale et exerce dans un espace de rencontre parents-enfants.

J'ai donc poursuivi ma lecture en me focalisant sur les deux clés d'approche : le récit du corps souffrant de porter la vie d'une femme qui subit sa grossesse et, en miroir et en italique, l'histoire morcelée de sa vie passée, puis de la passion amoureuse qui a aboutit à cette promesse d'enfant.
Il s'agit bien ici de bousculer les idées reçues : la grossesse n'est pas toujours un épanouissement et ce n'est pas que du bonheur d'accoucher et de devenir mère ; l'allaitement maternel n'est pas une fin en soi.
Il y a beaucoup de violence dans ce livre, autour de la maltraitance infantile et conjugale, de la sexualité, de la maternité, des normes et des injonctions, des gestes invasifs du corps médical pour le suivi gynécologique des femmes…
L'histoire de la narratrice qui s'exprime à la première personne est complexe, lourde à porter et la grossesse vient cristalliser toutes ses anciennes blessures.

Je crois avoir compris le message que Virginie Noar voulait faire passer mais j'ai buté sur un style brut, instrumentaliste, victime peut-être de cette ambiance dont il est le reflet et le porte-parole.
Pourtant, certains passages sont poétiques, allégoriques… J'ai repéré de belles trouvailles stylistiques, comme quand, au moment crucial de l'accouchement la narration à la première personne se fait tout à coup impersonnelle et omnisciente, pour marquer une dépossession, un éloignement, un état de choc : brièvement, sur quelques pages, le « JE » devient « l'accouchée »…
Et puis, il y a cette boucle narrative mortifère malgré sa dénégation : « Mais tu n'es pas morte …» ; cette phrase ouvre le récit et le ponctue. C'est ce que l'on dit à quelqu'un pour relativiser, pour minimiser. Ici, il s'agit de marquer le passage de parturiente à mère.
L'auteure mêle passé enfoui, souvenirs traumatiques, temps présent et « avenir pas encore convoqué » dans son récit, anticipant brièvement le post-partum, révélant un éternel recommencement ; il n'est pas anodin que le bébé soit une fille, une « enfant femelle [devenant] cette femme sous contrôle, vouant peut-être sa vie à la reconquête de son précieux féminin ».
L'épilogue, véritable manifeste féministe, m'a surtout délivrée d'une lecture difficile… C'était enfin fini !

Un roman dérangeant qui n'était pas pour moi, à l'instant T.
Je n'ai jamais réussi à m'attacher à cette « mère funambule »… Dommage !


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