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Critique de Lildrille


Marie Nocenti nous offre un voyage intérieur, ainsi qu'un périple à travers l'Histoire, grâce à ce roman envoûtant. Les premières pages constituent une entrée manière délicate à lire ; l'autrice parvient en effet à retranscrire avec un réalisme saisissant la souffrance des Indiens qui se voient tuer sur leurs propres Terres. le pire est pourtant à venir. le chapitre décrivant la mort de l'épouse de John Parker constitue le passage le plus douloureux du roman, même si le résumé de quatrième de couverture nous prévenait par avance de ce qui allait se dérouler.

Marie Nocenti n'hésite pas à nous détailler les violences subies, les coups frappés, les mots jetés et les gestes obscènes répétés. le lecteur tremble de rage ; ses yeux s'exorbitent sous l'horreur dépeinte ; son corps frémit sous la brutalité retranscrite. Ces terribles images ne nous quittent pas et nous donnent l'envie de punir les coupables. Contrairement aux personnages, le lecteur connait très bien l'identité des meurtriers, et n'a de cesse, page après page, d'espérer que les héros découvrent enfin ce qui s'est véritablement passé pour que justice soit enfin rétablie.

L'absence de mystères ne détériore en rien la lecture. Au contraire, le lecteur se concentre ainsi davantage sur les personnages, l'Histoire et les paysages. Lire et s'évader n'ont jamais été autant synonymes qu'avec ce roman. En plus d'une aventure savoureuse et savamment orchestrée, le récit nous apprend à vivre en symbiose avec la nature, surtout avec les chevaux. Les passages les mettant en scène constituent des instants féeriques, emplis d'amour, de respect et de sagesse.

Dies irae : Les larmes de sang s'avère palpitant, du début jusqu'à la fin, soutenu par un rythme haletant, des tranches de vie émouvantes et des personnages ensorcelants. Marie Nocenti brille dans la reproduction des émotions et des pensées, dans la poésie de ses descriptions, et dans la chaleur de ses personnages. le lecteur est touché par les problèmes familiaux des héros, ému par leurs rêves et désirs de changer les mentalités.

Partagés entre deux peuples qui ne cherchent pas forcément à se comprendre, les personnages se sentent meurtris et ne savent pas vers quel côté se tourner. L'un les déteste parce qu'ils sont portés par des valeurs moins superficielles, les autres les rejettent parce qu'ils s'épanchent trop. Ce roman met en relief les problèmes identitaires que peuvent ressentir les sang-mêlés, et nous donne matière à réfléchir, aussi bien sur les colons américains que sur les indiens parqués dans des réserves malsaines. le sujet s'avère davantage dramatique quand l'on sait que cette horreur se perpétue également de nos jours.

Bien que cela soit voulu et nécessaire quant à l'aboutissement du roman, les multiples ellipses du début de l'ouvrage frustrent. Elles nous empêchent de profiter du bonheur simple du jeune couple, et accourent vers la scène tragique qui donnera toute son impulsion à l'histoire. Malgré le fait que Plume Légère, l'épouse indienne, soit peu présente dans le récit, le lecteur s'attache grandement à elle ; son histoire charme d'emblée ; sa force et son esprit fascinent ; et son courage force le respect. La jeune femme possède un charisme indescriptible, que l'autrice décrit à merveille. On s'imagine sans difficulté l'essence sauvage qui circule en elle, ce besoin de liberté et de grands espaces qui s'insinue dans chaque cellule de son être. Plume légère nous envoûte sans difficulté ; nous affligeant d'autant plus lorsqu'elle disparaît. Son ombre plane au-dessus du reste de l'histoire et ne quitte jamais nos coeurs.

Sa fille aînée lui ressemble et devient la nouvelle héroïne du roman. Tout comme il l'était par sa mère, le lecteur est charmé par son caractère sauvage, ses passions pour le grand air et sa détermination à nulle autre pareille. Mari Nocenti brosse des portraits de femmes et d'hommes poignants. Malgré un squelette d'intrigue qui n'a rien de surprenant si l'on devait le résumer, les personnages nous transportent ; leurs émotions paraissent si réelles, et leurs histoires d'amour sont simplement belles, sans fioriture.

L'ambiance du XIXe siècle transparaît dans chaque chapitre, à travers chaque traversée éreintante à cheval, chaque coup de fusil malheureux et chaque combat. Dies Irae : Les larmes de sang est une fresque épique, digne des plus grands classiques historiques du genre, au souffle salvateur. le récit avance, les actions ne pullulent pas, et la puissance des dialogues nous transperce. Marie Nocenti décrit à la perfection les sentiments de ses personnages, leurs pensées, leurs frustrations, leurs angoisses, leurs doutes. On a la sensation de vivre à leurs côtés et de remonter le temps.

On vibre avec cette famille meurtrie, blessée par la perte de Plume Légère mais aussi par les multiples conflits qui règnent entre les colons et les indiens. Pour les passionnés d'Histoire, l'autrice résume quelques faits marquants à la fin de l'ouvrage, de quoi se divertir tout en apprenant, et en réalisant que la lutte n'est malheureusement toujours pas terminée. La culture indienne intrigue d'autant plus qu'elle est fascinante, loin des clichés dont on peut nous rabattre les oreilles, et qu'elle a tant à nous apprendre sur nous-mêmes comme sur notre manière de vivre. Dies Irae : Les larmes de sang est à la fois un hommage à la différence, comme une ode à l'union.

Le roman communique directement avec notre coeur. Un coeur humain qui est relié à tous les autres.

[Je publie des chroniques littéraires sur lavisqteam.fr et celle de ce roman est présente au lien suivant : http://www.lavisqteam.fr/?p=50819

J'ai mis la note de : 19/20]
Lien : http://www.lavisqteam.fr/?p=..
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