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EAN : 9782368452639
392 pages
IS Edition (24/08/2018)
4.55/5   19 notes
Résumé :
Le 29 décembre 1890, le massacre des Sioux à Wounded Knee marque la fin des guerres indiennes. De passage dans la région, John Parker va faire une rencontre qui va bouleverser sa vie. Malgré les préjugés, il épouse une Indienne et deux enfants naîtront de cette union heureuse. Mais en cette fin du dix-neuvième siècle, ceux qui osent se mélanger sont encore l'objet de la haine et de l'incompréhension. Leur bonheur bascule brutalement dans l'horreur quand sa femme est... >Voir plus
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Dies Irae nous plonge instantanément en 1890 au coeur d'une Amérique troublée, au coeur d'un pays rongé par les conflits entre les Indiens et ceux que l'on appellera alors les Blancs… Les tensions sont omniprésentes, les combats et massacres font rage, le racisme alimente la haine des uns envers les autres. Des populations entières sont victimes de ces terribles et lourds affrontements, fuir devient un moyen de survivre et de peut-être trouver un semblant de paix pour se reconstruire et aller de l'avant. Ce livre nous propose une histoire dure, touchante mais surtout éprouvante, un récit sur ce choc des cultures et le racisme dont ont souffert les Indiens d'Amérique.


L'histoire est véritablement passionnante, sans doute parce qu'elle s'inspire d'un fond historique réel, qu'elle puise toute son essence dans des faits tragiques qui ont malheureusement jalonné les XIX et XX siècles. On suit avec attention le déroulement de l'intrigue et l'évolution des personnages, on découvre avec effroi tout ce qu'une certaine population a pu subir… L'histoire débute sur un véritable bain de sang. On sent que l'auteure s'est énormément documenté mais surtout, que ce sujet lui tient énormément à coeur. Dies Irae ce n'est pas juste un récit mettant en scène les combats des Indiens pour maintenir leur culture et leur identité, c'est bien plus que cela, c'est une ode à l'amour et à la paix dans le monde.


Malgré toute la passion et l'envie qui ont animé ma lecture, je dois reconnaître que j'ai eu un peu de mal avec le style, je l'ai parfois trouvé un peu lourd dans les formulations, un peu répétitif dans les intentions. Il reste fluide, mais je crois que certaines phrases étaient trop lourdes, cassant un peu le rythme alors instauré. Je n'ai pas non plus accroché aux tournures un peu « twist » de quelques phrases, cette manière d'annoncer les choses « ils ne se doutaient pas que... » qui gâchent un peu les surprises bien qu'on devine les événements à venir. Je conviens qu'il ne s'agit pas d'un roman à suspense, mais j'aurais aimé découvrir la direction qu'allait prendre telle et telle sous intrigue au lieu d'avoir de suite les clés en main.

Marie Nocenti aborde des thèmes importants et quasi universels, des thèmes inépuisables dont il faut parler car ils sont plus que jamais d'actualité. À travers l'histoire de John et de Plume Légère, l'auteur traite du racisme et de la discrimination, du rejet de la différence mais surtout de l'amour et de la tolérance. Ce livre m'est apparu comme vital afin de prendre conscience que la violence n'est pas une solution mais qu'au contraire, ce n'est qu'un activateur, qu'un détonateur qui fait imploser les sociétés. Prétendre être supérieur à un autre être humain sous prétexte d'une couleur de peau ou d'une culture différente est totalement ridicule voire absurde. Dies Irae nous apprend à lutter contre les préjugés, à tendre la main pour accepter mais surtout comprendre l'autre.


Les animaux occupent une place plus qu'importante, véritables soutiens et amis qui vont accompagner les personnages dans les dures épreuves de la vie. Nous découvrons les chevaux sous un autre angle, ils semblent être des protagonistes à part entière. En effet, John Parker élève des chevaux et Plume Légère s'avère posséder un véritable don avec les animaux, comme si elle avait la capacité de communiquer avec eux, d'entrer en symbiose avec eux… Les passages relatant les échanges de la jeune femme avec les chevaux se sont révélés être très émouvants et intenses, petits bonbons sucrés que j'ai savourés.


Dies Irae c'est aussi et avant tout un drame familial qui prend une ampleur quasi nationale. Chacun des personnages, suite aux différentes épreuves qu'il va affronter, va plus que jamais ressentir le besoin d'être soudé pour se reconstruire. Je trouve que malheureusement la quatrième de couverture en dire beaucoup trop sur l'histoire et gâche un peu le plaisir de tourner les pages. Au lieu de créer l'attente et le doute, il n'y a que l'attente et non pas cette incertitude latente qui provoque le besoin de lire encore et encore. Je me répète, il ne s'agit pas d'un roman à suspense mais tout de même, trop d'éléments sont donnés dans la quatrième de couverture.

D'un amour que l'on peut considérer comme interdit, mais surtout répudié par la société, va naître deux adorables enfants, des sangs-mêlés issus de deux cultures, de petits êtres qui toute leur vie peineront à être véritablement acceptés. Ce brassage des cultures est une force mais également une faiblesse, créant immanquablement un besoin d'identité fort chez les deux individus, provoquant de nombreux doutes et remises en question. À moitié indien et à moitié américain, quelle est vraiment leur place ? Comment se faire accepter mais surtout, comment s'assumer ? On se rend compte du poids écrasant de la société sur eux, des conventions sociales et du racisme qui fait de leur vie une épreuve au quotidien.


Un choc terrible va souffler la famille de John, un drame d'une telle ampleur que c'est votre coeur qui va éclater en mille morceaux. Déjà avec le sourire d'un ange, je m'étais rendu compte que Marie Nocenti ne ménage pas ses personnages, ils sont souvent brisés et malmenés par la vie, pantins qui réapprennent à sourire après deuil et souffrances. Dans chacun de ses romans, l'auteur aborde ce tragique thème de la mort et les conséquences et douleurs psychologiques qu'elle entraîne, chacun traverse ces épreuves à sa façon, chacun se protège comme il peut du manque d'une personne… On se rend alors compte, plus que jamais, du poids des mots et des regards, des non-dits et des silences qui pèsent sur les membres d'une même famille.


L'amour apparaît comme un remède dans ce livre, un moyen de s'unir et d'aller de l'avant. Un amour entre homme et femme mais pas que, l'amour peut revêtir bien des formes et des couleurs. À travers les multiples sentiments que vont éprouver les personnages, on va apprendre à les connaître, on s'attache à eux, on ressent la douleur qui leur opprime le coeur et l'espoir qui les maintient en vie. Les Indiens, aussi appelés Sioux, sont des hommes (et des femmes) dotés d'un incroyable courage et d'un sens de l'honneur à toutes épreuves. Ils sont valeureux et possèdent un énorme coeur. J'ai appris énormément de chose sur ce peuple, sur leurs comportements et les valeurs qu'ils incarnent. On peur les qualifier d'authentiques et sincères bien que relativement pudiques lorsqu'il s'agit de montrer ses émotions.


le travail de fond, de documentation est énorme, aussi bien en ce qui concerne les prénoms Indiens que les moeurs de l'époque. de nombreuses données telles qu'un rappel des événements majeurs (loi, massacre etc) nous sont fournies à la fin du livre, de même qu'une liste des personnalités emblématiques de l'époque ainsi que la bibliographie dont l'auteur s'est servie. Je trouve cela très intéressant, d'autant plus que cela ajoute une touche de crédibilité à l'histoire, un supplément d'âme aussi… Sachez que si vous achetez ce livre, une partie des bénéfices est reversée à une association (P.R.E.S), elle aide les enfants Lakota de la réserve de Pine Ridge.


L'injustice et la vengeance sont des moteurs qui vont alimenter l'intrigue. Un crime ne peut rester impuni, justice doit être rendu et les fautifs doivent être payés le prix de leur méfait. Certains individus se pensent au dessus des lois, privant ainsi le besoin de liberté des uns et des autres. J'ai particulièrement aimé le personnage de Winona qui signifie « fille première née », elle est à la fois sauvage et indomptable, déterminée et passionnante, aussi fascinante qu'inquiétante. À l'image des autres personnages, son portrait est fouillé et sensible, rien n'est laissé au hasard et on ne peut que se prendre d'affection pour cette jeune femme. Elle nous prouve que l'on a beau combattre sa véritable nature, cette dernière finie toujours par revenir au galop et s'exprimer pleinement.


Ce livre se lit vite et bien, toutefois je pense que quelques passages sont un peu trop répétitifs, que certaines réflexions reviennent un peu trop souvent, je pense notamment aux doutes quant à l'héritage Sioux des enfants. Toutefois, je ne peux que reconnaître que ce livre délivre de très beaux messages de paix, d'amour et de tolérance. Dies Irae nous fait prendre conscience qu'il faut accepter la différence et non pas la rejeter sous prétexte de ne pas la comprendre. Cette histoire m'est apparue comme une ode à la paix dans le monde...


En définitive, Dies Irae Les larmes de sang fut une lecture éprouvante, riche mais surtout intense en émotions. À partir d'un massacre, Marie Nocenti nous plonge au coeur d'un drame familial dont l'écho résonne dans nos coeurs. Elle aborde avec sensibilité des thèmes durs et chocs tels que le racisme et la différence, la mort et la souffrance. Aucun de ses personnages n'est ménagé et encore moins épargné… J'ai effectué un plongeon en 1890 en plein milieu d'un conflit opposant les « blancs » aux Indiens, l'immersion fut immédiate et totale. Ce livre s'est avérée être une superbe découverte, je le recommande chaudement.
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Émotions... C'est le mot qui me vient à l'esprit pour résumer ce roman qui m'a emporté très loin (non, je ne fais pas de la pub pour le blog Émotions de Yvan).

Dies iræ... Jour de colère en latin, pour ceux qui n'auraient pas fait leurs classes du temps de César.

Il est normal que le jour de colère nous donne des émotions en plein dans le coeur.

Colère devant le massacre de Wounded Knee, dont nous n'en saurons pas plus dans le roman, puisqu'il commence juste après, par la rencontre entre un Blanc avec plus de plomb dans la cervelle et d'empathie pour les Indiens que la plupart de ses semblables et une jeune Indienne au caractère fort et intrépide.

Émotions pour ces deux personnes que tout oppose mais qui, pourtant, finiront pas s'aimer et faire des enfants. Deux cultures que tout oppose, deux peuples aussi dissemblable que possible et qui, pourtant, arrivent à trouver un terrain d'entente puisque chacun fit des efforts pour l'autre.

Colère devant ces deux gosses qui n'arriveront jamais à trouver leur place au sein des autres, leur double culture faisant d'eux des parias, puisqu'ils n'appartiendront jamais entièrement à l'une ou à l'autre.

Colère devant le comportement de certains Hommes Blancs, ce qui donnera une multitude d'Émotions lors d'une scène particulièrement horrible et émouvante.

D'ailleurs, je porte plainte pour la police d'écriture un peu trop petite et qui est devenue illisible suite à l'arrivée d'eau dans mes yeux à cause d'une scène trop éprouvante et trop émouvante.

Voilà un roman, qui, comme les deux peuples opposés que sont les Blancs et les Indiens et les enfants nés de ces unions, va jouer sur l'ambiguïté des émotions, nous faisant passer de scènes plus tendres, plus douces, à celles plus violentes, plus dures, nous donnant une lecture qui, sans cesse, mêlera toutes ses sensations, pour mon plus grand plaisir.

J'aime quand un auteur sort le meilleur de sa plume, quand il m'accroche avec ses phrases, ses métaphores, ses descriptions de paysages ou ses conditions météorologiques qui, comme les Hommes sur ces Terres et à cette époque, ne sont jamais tendre.

Dès la première phrase, l'auteure m'a happée, m'emportant direct dans son histoire, dont les premières pages étaient jonchées des cadavres Indiens ensevelis dans la neige, me faisant vibrer avec ses personnages du ranch Parker, tous bien calibrés, détaillés, sans en faire trop.

Bref, le genre de personnes que l'on aurait envie de croiser dans la réalité et pas seulement dans un roman.

Un roman western différent des autres, un roman magnifique, qui emporte son lecteur dès les premières paroles et l'entraine dans vingt années qui, malheureusement, passeront trop vite.

Un récit bouleversant par moment, émouvant par d'autres, tendre, dur, violent, âpre, car vous le savez, dès qu'il y a la présence des Hommes, la dualité est là aussi : ils peuvent faire du bien, mais aussi le mal, entrainant par là même une dualité dans nos ressentis : colère ou apaisement.

Un roman que j'ai pris plaisir à dévorer, un roman dont on sent bien que l'auteure s'est documentée pour coller au plus juste dans les rites Indiens (Sioux) et dans l'Histoire de cette époque, lui donnant un réalisme qui a ajouté du plaisir à la lecture.

Un roman qui a été trop court, une fois de plus et dont les mots me manquent pour en parler mieux : putain, qu'est-ce qu'il était bon, ce roman.

Je remercie les Éditions IS pour l'envoi de ce roman car ils ont déposé un bol de crème devant un chat affamé de ce genre de mets littéraire.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Dans un paysage blanc de neige et de mort, rouge de sang, du sang des Sioux Minneconjous du clan de Big Foot, mort ainsi que ses parents, frères, soeurs et enfants massacrés par les blancs, John Parker fermier, blanc, sauve une indienne et un indien rescapés du massacre.
La femme Plume Légère est juste choquée, l'homme, Loup Hardi est blessé. Ils sont frère et soeur. Il les soigne, tombe amoureux de l'indienne et se lie par le sang avec l'indien dont il devient le frère.
De leur union, Plume Légère et John Parker auront deux enfants, fille et garçon.
Leur bonheur durera 10 ans jusqu'à ce que l'innommable arrive dans cette heureuse famille. Profitant de l'absence du maître de maison, deux cowboys violeront puis battront à mort Plume Légère qui aura la présence d'esprit de cacher sa fille afin qu'elle ne subisse pas le même sort.
La petite « Winona » Louise si elle ne voit pas entend les hurlements de sa mère. Profondément choquée elle en restera muette.
Les bourreaux ne seront pas retrouvés nonobstant les recherches effectuées tant par le shérif et Parker que par les sioux.
Ce malheur affecte la famille d'autant que les coupables ne sont pas punis.
Winona, qui ne supporte pas son prénom, Louise, passe son adolescence dans un institut spécialisé, les efforts de son père pour la faire sortir de son mutisme sont restés vains. Elle revient chez elle, au ranch paternel à l'âge de 20 ans. Si elle entend parfaitement, elle s'exprime par écrit.
La vie reprend son cours jusqu'au jour où Winona entend des ouvriers, sans les voir, dont les voix la replongent dans un passé non oublié. Elle s'effondre sans connaissance…

J'ai lu ce roman avec immensément de plaisir et c'est pour moi un coup de coeur. On dit, souvent, que lorsqu'un livre nous plaît nous le dévorons, ce ne fut pas le cas, au contraire j'arrêtais ma lecture pour profiter des passages que je venais de lire et, ainsi, intégrer les nouveaux éléments.
Car la conception du roman intègre à l'histoire, chapitre après chapitre, de nouveaux éléments, tel un thriller, ce qui lui donne encore plus de saveur. Tout est bien construit, la vie dans le ranch avec ses travaux spécifiques en fonction des saisons, les tâches de chacun et surtout l'immensité des paysages et l'auteure, Marie Nocenti, nous entraîne à sa suite avec bonheur. Nos personnages, avec deux meneurs, John et Loup Gris, fiers, forts, honnêtes et libres chacun à sa façon Loup Gris dans sa réserve et John dans ses prairies délimitées par des barrières, se respectant (on le verra dans le choix de la méthode de guérison de Winona) dans le respect des coutumes de leur origines, présents pour la même famille scindée par leur naissance mais commune pour les enfants, aux caractères si différents, Winona libre comme sa mère, cheveux aux vent, à cheval à cru où sur une selle, si proche du côté indien de sa mère alors qu'Howard, le petit frère, est proche de son côté paternel jusqu'à ce que la solution ne lui soit dictée par son oncle et sa famille sioux, oui, ces personnages sont d'une description et d'une peinture abouties n'ayant rien à envier à un peintre. La gouvernante, véritable grand-mère de substitution, le shérif, le docteur, les contremaîtres, le reste de la famille indienne, sont autant de second rôles intéressants, également peints avec justesse et j'allais oublier cette femme indienne Plume Légère qui dort avec John, son mari, dans une tente installée dans sa chambre pour garder son instinct d'origine, sa classe, sa beauté interne, son amour des chevaux et l'amour des siens, elle est à la hauteur des grandes héroïnes de roman, Scarlett O'Hara notamment.

Et puis il y a les grandes plaines, le foin que l'on respire à pleine page, les chevaux sauvages ou domptés que l'on suit au fracas de leurs sabots, le rugissement du couguar, ce bal où chacun retrouvera un peu de ce cinéma grand écran de son enfance, habité par les violons des musiciens dixie, les habits, indiens colorés ou dames du monde à froufrous et la poussière qui vous colle au Stetson, au bandana ou à vos bottes crottées d'avoir marché à côté de son cheval pour le laisser reposer ou couru après les veaux et surtout l'immensité de ce ciel bleu strié de rouge du crépuscule là où est le grand arbre de l'esprit et du repos, le tout écrit en technicolor. En effet l'écriture est juste, la prose admirable, la prosodie épatante, la plume est légère, la lecture coule comme un rivière tranquille, sans à-coup, la phrase est construite, les mots disent les mots, l'esprit suit le verbe, l'image est là, bref de la belle ouvrage.

Je crois l'auteur lorsqu'elle dit que ce roman est inspiré de faits réels car il y a eu, à cette époque, dans tous les états unis des exactions de ce style, soit impunies soit délibérément oubliées. Les hommes qui commettent le crime dans cette histoire se le permettent pensant que le fait d'être une squaw équivaut à être une sauvage, un animal. Mais qui est vraiment le sauvage ? Qui est vraiment l'animal ?
J'abonde dans le sens de la narratrice qui a parfaitement su gérer cette saga jusque dans son dénouement.

Il faut lire ce livre car c'est un super moment de lecture, bien plus encore que ces quelques phrases ne le décrivent. Il nous offre la véritable possibilité de redescendre sur terre et penser que la situation de certains peuples, nobles et libres, n'est pas celle qu'ils sont en droit d'espérer.

Je remercie Babelio de m'avoir sélectionné pour cette masse critique, ainsi que Harald Bénoliel de ISEdition de m'avoir offert ce livre.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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29 décembre 1890 l'hiver est rude, John Parker rejoint son ranch. Il arrive à Wounded Knee sur les lieux où des Sioux ont été massacrés. Des corps mutilés, du sang, des femmes, des enfants, des guerriers, des vieillards tous assassinés, un carnage. La neige a recouvert partiellement les corps. Bouleversé par l'horreur il ne trouve pas de survivants. La colère, l'incompréhension le submergent de rage. Impuissant et craignant de se faire arrêter par les soldats, il continue son chemin. Quand son chien l'attire dans un creux où se sont réfugiés une jeune indienne et son frère gravement blessé. L'indienne effrayée se défend et cherche à le poignarder. Il la maitrise et réussit à la convaincre que tous les blancs ne sont pas des criminels. Aidé de la jeune indienne Plume Légère ils parviennent à ramener le Sioux au ranch.
Il les a sauvé d'une mort certaine. Ils sont accueillis par Mamola la gouvernante noire très attachée à John qu'elle a élevé. Deux cultures qui se télescopent. Même si Mamola est bien placée pour savoir ce qu'est le rejet, entre tendresse et règles de vie les débuts sont difficiles entre les deux femmes. Loup Hardi le frère de Plume Légère reprend vie grâce aux soins de ses hôtes. Il est temps de rejoindre leur tribu.
John à la tête de son ranch n'était pas pressé de convoler, aucune femme n'ayant su retenir son attention, mais cette jeune indienne volontaire, fière et indépendante, l'a foudroyé. Sentiments partagés par Plume Légère.
Loup Hardi comprend que pour la sécurité de sa soeur, malgré les obstacles qu'elle va rencontrer dans cette union mixte, il doit accepter qu'elle reste au ranch. John et Plume Légère se marient et vont avoir deux enfants :
Winona une fillette intrépide et fière du sang indien qui coule dans ses veines, passionnée par les chevaux et les grandes chevauchées seule dans la plaine. Howard plus jeune grandit dans l'ombre de sa soeur. Ils forment une famille unie, avec la bienveillance de Mamola qui veille sur eux. Bien que Plume Légère n'ait pas réellement trouvé sa place dans la société des blancs, elle sait se faire respecter.
Jusqu'au jour où un terrible drame fait exploser ce bel équilibre. Les membres de la famille ne s'en remettront jamais. Malgré les recherches les responsables sont introuvables, justice n'est pas rendue.
Quelques décennies plus tard, les blessures et les traumatismes sont toujours présents. Un hasard ou la bêtise des fautifs vont remettre John, Loup Hardi, Howard et Jeff le nouveau régisseur sur la piste de ceux qui ont détruit leur vie.
Justice sera-t-elle enfin rendue dans cette société où l'indien est encore considéré comme un être inférieur, un nuisible dont la vie vaut moins que celle d'un blanc ? Cette famille pansera-t-elle ses plaies pour enfin avancer ? Entre leurs deux cultures les enfants pourront ils trouver leur voie et vivre leur différence ?
Marie de sa belle écriture fluide met en lumière un drame qui, s'il a mis fin aux guerres indiennes a fait des centaines de victimes innocentes massacrées par des blancs. Avec des personnages attachants, elle met l'accent sur la richesse d'une culture condamnée et méprisée par ceux qui se considèrent comme une élite. (et si c'était l'histoire de l'humanité ?)
Vous l'avez compris, j'ai adoré cette histoire, et n'en dévoilerait pas plus. A vous de découvrir les réponses aux questions
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Marie Nocenti nous offre un voyage intérieur, ainsi qu'un périple à travers l'Histoire, grâce à ce roman envoûtant. Les premières pages constituent une entrée manière délicate à lire ; l'autrice parvient en effet à retranscrire avec un réalisme saisissant la souffrance des Indiens qui se voient tuer sur leurs propres Terres. le pire est pourtant à venir. le chapitre décrivant la mort de l'épouse de John Parker constitue le passage le plus douloureux du roman, même si le résumé de quatrième de couverture nous prévenait par avance de ce qui allait se dérouler.

Marie Nocenti n'hésite pas à nous détailler les violences subies, les coups frappés, les mots jetés et les gestes obscènes répétés. le lecteur tremble de rage ; ses yeux s'exorbitent sous l'horreur dépeinte ; son corps frémit sous la brutalité retranscrite. Ces terribles images ne nous quittent pas et nous donnent l'envie de punir les coupables. Contrairement aux personnages, le lecteur connait très bien l'identité des meurtriers, et n'a de cesse, page après page, d'espérer que les héros découvrent enfin ce qui s'est véritablement passé pour que justice soit enfin rétablie.

L'absence de mystères ne détériore en rien la lecture. Au contraire, le lecteur se concentre ainsi davantage sur les personnages, l'Histoire et les paysages. Lire et s'évader n'ont jamais été autant synonymes qu'avec ce roman. En plus d'une aventure savoureuse et savamment orchestrée, le récit nous apprend à vivre en symbiose avec la nature, surtout avec les chevaux. Les passages les mettant en scène constituent des instants féeriques, emplis d'amour, de respect et de sagesse.

Dies irae : Les larmes de sang s'avère palpitant, du début jusqu'à la fin, soutenu par un rythme haletant, des tranches de vie émouvantes et des personnages ensorcelants. Marie Nocenti brille dans la reproduction des émotions et des pensées, dans la poésie de ses descriptions, et dans la chaleur de ses personnages. le lecteur est touché par les problèmes familiaux des héros, ému par leurs rêves et désirs de changer les mentalités.

Partagés entre deux peuples qui ne cherchent pas forcément à se comprendre, les personnages se sentent meurtris et ne savent pas vers quel côté se tourner. L'un les déteste parce qu'ils sont portés par des valeurs moins superficielles, les autres les rejettent parce qu'ils s'épanchent trop. Ce roman met en relief les problèmes identitaires que peuvent ressentir les sang-mêlés, et nous donne matière à réfléchir, aussi bien sur les colons américains que sur les indiens parqués dans des réserves malsaines. le sujet s'avère davantage dramatique quand l'on sait que cette horreur se perpétue également de nos jours.

Bien que cela soit voulu et nécessaire quant à l'aboutissement du roman, les multiples ellipses du début de l'ouvrage frustrent. Elles nous empêchent de profiter du bonheur simple du jeune couple, et accourent vers la scène tragique qui donnera toute son impulsion à l'histoire. Malgré le fait que Plume Légère, l'épouse indienne, soit peu présente dans le récit, le lecteur s'attache grandement à elle ; son histoire charme d'emblée ; sa force et son esprit fascinent ; et son courage force le respect. La jeune femme possède un charisme indescriptible, que l'autrice décrit à merveille. On s'imagine sans difficulté l'essence sauvage qui circule en elle, ce besoin de liberté et de grands espaces qui s'insinue dans chaque cellule de son être. Plume légère nous envoûte sans difficulté ; nous affligeant d'autant plus lorsqu'elle disparaît. Son ombre plane au-dessus du reste de l'histoire et ne quitte jamais nos coeurs.

Sa fille aînée lui ressemble et devient la nouvelle héroïne du roman. Tout comme il l'était par sa mère, le lecteur est charmé par son caractère sauvage, ses passions pour le grand air et sa détermination à nulle autre pareille. Mari Nocenti brosse des portraits de femmes et d'hommes poignants. Malgré un squelette d'intrigue qui n'a rien de surprenant si l'on devait le résumer, les personnages nous transportent ; leurs émotions paraissent si réelles, et leurs histoires d'amour sont simplement belles, sans fioriture.

L'ambiance du XIXe siècle transparaît dans chaque chapitre, à travers chaque traversée éreintante à cheval, chaque coup de fusil malheureux et chaque combat. Dies Irae : Les larmes de sang est une fresque épique, digne des plus grands classiques historiques du genre, au souffle salvateur. le récit avance, les actions ne pullulent pas, et la puissance des dialogues nous transperce. Marie Nocenti décrit à la perfection les sentiments de ses personnages, leurs pensées, leurs frustrations, leurs angoisses, leurs doutes. On a la sensation de vivre à leurs côtés et de remonter le temps.

On vibre avec cette famille meurtrie, blessée par la perte de Plume Légère mais aussi par les multiples conflits qui règnent entre les colons et les indiens. Pour les passionnés d'Histoire, l'autrice résume quelques faits marquants à la fin de l'ouvrage, de quoi se divertir tout en apprenant, et en réalisant que la lutte n'est malheureusement toujours pas terminée. La culture indienne intrigue d'autant plus qu'elle est fascinante, loin des clichés dont on peut nous rabattre les oreilles, et qu'elle a tant à nous apprendre sur nous-mêmes comme sur notre manière de vivre. Dies Irae : Les larmes de sang est à la fois un hommage à la différence, comme une ode à l'union.

Le roman communique directement avec notre coeur. Un coeur humain qui est relié à tous les autres.

[Je publie des chroniques littéraires sur lavisqteam.fr et celle de ce roman est présente au lien suivant : http://www.lavisqteam.fr/?p=50819

J'ai mis la note de : 19/20]
Lien : http://www.lavisqteam.fr/?p=..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les indiens peuvent vivre dans la pauvreté, mais une pauvreté digne, pas dans cette misère dégradante, humiliante qu'ils subissent au quotidien. Il reste tant de chose à faire, tant de combats à mener pour retrouver l'honneur et la dignité qui vont de pair avec de bonnes conditions de vie.
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Elle eut tellement honte d'avoir été violée, son corps souillé et ravagé par la brutalité de ces deux hommes, qu'elle appela la mort de tout son être, de toute son âme.
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- Parfois, la vie nous oblige à faire des choix difficiles, qui mettent notre conscience à rude épreuve. Entre la peste et le choléra, le choix est trop souvent ardu, voire impossible, mais à partir du moment où il est dicté par ta volonté de faire le bien, tu n'as pas à regretter tes actes.
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Il n’y a pas de deuil plus difficile ni plus douloureux pour les membres de la famille qu’une disparition sans qu’aucun corps ne soit retrouvé.
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