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Critique de Michel69004


Ne vous fiez pas au nombre d'étoiles. La vraie note est 5* , * étant ce fameux supplément d'âme qui différencie complètement un livre du reste de la littérature du moment.
J'ai pleuré deux fois dans cette lecture (mais je pleure assez facilement, il m'arrive de verser une larmichette devant Pocahontas par exemple).
Deux fois donc:

-En lisant une merveilleuse lettre d'amour, "Mi Kerido", qu'Allegra, rescapée des purges de Thessalonique, écrit à Lazar, son bel héros tchèque , rescapée de Treblinka. La lettre, c'est Iréne qui la lit après l'avoir récupérée dans les archives d'un service qu'elle dirige à l'Internianonal Tracing Service (l'ITS) en Allemagne. Et cette lettre a transité par Yad Vashem en 1978.
Le point de départ de l'enquête était une poupée de chiffon...avec un tatouage de déporté juif . Iréne , qui est une enquêtrice hors pair, a tiré les bonnes ficelles, reconstruit et éclaircit les destins d'un homme, de la femme dont il a eu un enfant et d'une fillette assassinée. Allegra et Lazar se sont aimés passionnément en 1944, quelques semaines, sans plus jamais se revoir.

- Iréne, après une enquête "à l'envers", qui lui a pris beaucoup de temps et d'énergie a pu remettre un médaillon à son destinataire. Et surtout réunir une famille dont les racines familiales ont été tronquées, presque coupée. Et là c'est une scène énorme où, dans un EHPAD allemand, un vieillard atteint d'Alzeimer, chante en polonais une vielle contine avec sa soeur retrouvée.

L'ITS existe réellement mais les acteurs de ce récit sont imaginaires et probablement plus vrais que nature.
J'ai beaucoup lu, entendu et vu de récits autour de la Shoah. Je pensais en avoir fait " un peu le tour" Que idiot je suis.
Gaëlle Nohant écrit ce roman essentiel avec la finesse d'une dentellière et la détermination de Pénélope, la tisseuse. Sans pathos mais portée par un grand souffle humanitaire, la narration est tout simplement parfaite.

On suit donc Iréne à partir de l'automne 2016. Cette française est venue travaillée en Allemagne en 1990. Elle a rapidement intégré l'ITS , s'est mariée eu un enfant et a divorcé dans la foulée ( pour des raisons qui nous seront expliquées). Son travail la passionne et elle nous embarque. Car la petite histoire rejoint la grande Histoire. Elle doit rendre des objets s'entassant dans les km d'archives à leurs destinataires . Ses objets sont des reliques des camps d'extermination (pour le dire vite). Elle doit renouer des filiations.
J'ai appris énormément de choses et la page 346 est l'une des plus importantes pages d'histoire de l'immédiate après-guerre . On y découvre les avantages de la dénazification partielle. Et l'intérêt des alliés, du Vatican , des dictatures sud-américaines , de Siemens(!), de la CIA pour l'enfouissement des dossiers et le recyclage des criminels de guerre. L'Allemagne d'avant Merkel n'est pas épargnée .
Tout le monde est-il susceptible , dans certaines circonstances , d'être du coté du Mal? comme le pense Hanno, le fils d'Iréne.
Ou bien a-t-on toujours la possibilité , le "Caïros", d'être un petit ou un grand héros ?, comme le pense Irène. Et on découvrira que le choix de vie d'Iréne (son destin) est liée évidemment à sa propre histoire

Merci à l'autrice pour ce livre génial qui nous laisse un peu groggy mais un peu plus juste.
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