- Ca me fait bizarre de penser que je quitterai cette vie d'ici quelques mois. Louvain-la-Neuve va continuer à tourner sans moi. Elle nous regarde défiler dans ses rues d'années en années. Quelqu'un d'autre prendra ma chambre. Un étudiant rachètera mes livres, ce sera toujours les mêmes soirées, la même ville, mais je n'y aurai plus ma place.
- Tu pourrais revenir au kot chaque fois que tu le désires, Diego.
- Ce ne sera plus jamais pareil. Le trajet que je prends est un aller simple vers la vie adulte. On ferme la porte, puis on jette la clé. C'est comme ça qu'avance la vie : une grande allée à sens unique qui t'entraîne malgré toi. J'adore mon quotidien tel qu'il est à présent, mais nous ne sommes pas faits pour s'ancrer dans un instant, comme les modèles d'une photo. La vie est un mouvement perpétuel et il faut bien accepter d'avancer avec elle. (p. 114)
Si on lui avait accordé un vœu, elle aurait souhaité suspendre le cours des jours et rester toujours à Louvain-la-Neuve, coincée entre deux âges. Plus tout-à-fait adolescente, mais pas encore tout à fait adulte. (p. 66)
De toute façon, tu deviens trop vieux pour Louvain-la-Neuve. Cette ville se renouvelle vite, il vaut mieux ne pas s'éterniser. Bientôt tous tes amis vont partir et tu te retrouveras au milieu de gamins fraîchement arrivés, qui viennent d'enlever leur appareil. (p. 56)
Tristan n'avait jamais vraiment adhéré à cette vague de débauche générale qui gagnait chaque soir Louvain-la-Neuve. Acheter l'alcool le moins cher et le plus fort, boire à l'excès, puis tout vomir. Les étudiants se laissaient guider par la seule recherche de l'effet. Il fallait tomber dans l'ivresse le plus vite possible, pour lever les inhibitions et jouir de la perte de tout contrôle. Alcool et amusement semblaient ne faire qu'un et les excès, bien que nocifs, étaient socialement acceptés. Les étudiants racontaient leur dépravation avec une sorte de fierté, et ceux qui plaidaient pour une conduite responsable se voyaient souvent méprisés. Pourquoi critiquer ? Ces jeunes ne faisaient que s'amuser. (pp. 35-36)
Mais chercher un copain à l'unif, c'est comme faire les soldes le 29 juillet : tous les modèles intéressants sont déjà partis. (p. 12)
Du haut de ses 21 ans, Chloé avait déjà sillonné de nombreux pays, mais nulle part ailleurs, elle ne se sentait chez elle comme ici. Ce lieu était façonné pour épouser la vie estudiantine, son cœur battait au rythme du calendrier académique. Une cité de briques et de béton, où l'histoire était encore à écrire, où les rêves pouvaient grandir. (p. 9)