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Critique de gabb


New Aberdeen, vous connaissez ? Non ?
C'est normal.
D'abord parce que cette île est "un si minuscule point de basalte caché dans l'océan qu'on [peut] le prendre pour un trou de punaise sur un planisphère ou une crotte de mouche sur un globe terrestre oublié dans un grenier".
Ensuite et surtout parce que ce petit îlot n'est répertorié sur aucune carte. Il n'existe pas ... ou plutôt il n'existait pas avant qu'Estelle Nollet ne le fasse émerger des flots et m'y expédie tout droit, avec sa fine équipe de scientifiques en mission longue au beau milieu de l'océan austral.

Nous étions onze, nous avons signé pour un an.
Douze mois coupés du monde.
Cinquante-deux semaines pour tout connaître de ce caillou perdu et de son ecosystème préservé, étudier la faune et la flore, faire des relevés géologiques ou météorologiques, baguer les albatros, compter les otaries et prélever quelques échantillons d'une terre vierge de toute pollution humaine.
Tout s'annonçait bien (l'air pur, le vent du large, les embruns marins, tout ça tout ça), nous avions même parmi nous un cuisinier maori habile et sympathique (c'est d'ailleurs lui qui vous contera dans ces pages l'histoire de notre Community) et nous ne devions manquer de rien...
Seulement voilà, y'a eu un couac.
Huston, on a un problème ! 365 jours se sont écoulés et toujours aucun navire à l'horizon pour nous rapatrier... Plus de radio, des stocks de vivres qui s'amenuisent et des dissensions qui vont crescendo : nous voilà partis pour un Koh-Lanta infernal...

Sur le camp, rien ne va plus : le biologiste s'emporte contre l'ornithologue libidineux, lui qui reluque de plus en plus lourdement la botaniste, pendant que le chef de bord écluse les réserves d'alcool... Tout part en vrille et notre pauvre cuistot-narrateur assiste impuissant à l'inéluctable implosion du groupe.
Pour son quatrième roman, Estelle Nollet mêle avec une certaine réussite de belles images de nature sauvage et une intigue plaisante, qui se fait de plus en plus tendue à mesure que les jours passent et que la cohésion de l'équipe se délite. Pour donner un peu plus de pep's à cette robinsonade scientifico-écologiste, peut-être aurait-elle pu forcer un peu la dose de suspens, un peu trop légère à mon goût.
Son roman, porté par un narrateur attachant au profil plutôt atypique, reste néanmoins agréable et dépaysant.

Dommage peut-être qu'Estelle Nollet n'ait pas poussé plus loin le curseur de la tension psychologique, avec ce genre de huis-clos on pouvait espérer quelque chose de plus intense encore.
Dommage aussi que les personnages ne soient pas plus fouillés, et qu'en dehors du cuisinier dont l'auteur retrace un peu le parcours à coups de flash-back réguliers, nous ne sachions rien d'eux au point de vite oublier qui est qui... La vérité est peut-être que dans cette histoire, les premiers rôles sont tenus par les gorfous sauteurs, les grands skuas et les éléphants de mer ? Après tout n'est-ce pas à eux que l'auteur dédie sont roman ?
Si fait, ce livre est bien pour eux, "amis non humains, à poils à plumes ou à écailles, rencontrés ça et là sous l'eau sur terre ou dans les airs, témoins de notre passage destructeur et ingrat sur cette planète qui est aussi et surtout la leur..."
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