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Critique de HundredDreams


La maison des jeux, une institution ésotérique, secrète qui lie à jamais à elle ses joueurs.
Elle assouvit les ambitions, participe à créer des empires et à façonner L Histoire.
Elle élève les plus forts, construisant leur fortune.
Elle fait chuter les plus faibles, décidant de leur destin, brisant leurs rêves, ruinant leur vie.
Les enjeux sont immenses. Les gains sont aussi impressionnants que les pertes sont abyssales.

« Tous les jeux ont un sens. Tous jusqu'au dernier. »

Après un premier tome qui m'avait plu par son originalité et son écriture, je n'ai pas tardé à lire ce deuxième tome : une nouvelle partie débute avec de nouveaux joueurs expérimentés appartenant à la Haute Loge, une nouvelle plateforme, une époque différente et des enjeux très élevés.

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L'histoire se déroule à Bangkok dans les années 1930. Un joueur de ligue supérieure, Rémy Burke, après avoir été enivré, est défié à une partie de cache-cache.

« Tu ne devrais pas miser ce qui ne t'appartient pas, Remy.
Tu ne devrais pas miser ce que tu ne peux pas te permettre de perdre. »

Les frontières du plateau de jeu sont immenses, puisqu'il s'agit de la Thaïlande. Chaque joueur, à tour de rôle, doit se cacher pendant que l'autre joueur le cherche. Après quoi, les rôles sont inversés, le vainqueur étant celui qui reste caché le plus longtemps possible.
Comme pour le jeu des Rois du premier tome, le chercheur a à sa disposition des cartes humaines, qui ont été préalablement distribuées entre les deux joueurs, pour les aider à traquer leur proie.

Avec peu de ressources à sa disposition, Rémy Burke devra vite dessouler et rester à distance de son adversaire autant que possible.

Mais quelles options se présentent à lui ? Se cacher dans Bangkok ne risque-t-il pas de se transformer en piège ?

« J'ai fait un pari que je n'aurais pas dû faire. Il est possible que cela me coûte cher. Je crois qu'on m'y a poussé déloyalement, que l'alcool n'est pas seul responsable de mon erreur — c'est du moins ce que disent mes amis. Mais c'était tout de même moi, c'est ma bouche qui a accepté, et il m'appartient donc de jouer la partie. »

*
Contrairement au premier tome, l'histoire est plus centrée sur le personnage principal que sur la stratégie de jeu. Lorsque le lecteur fait sa connaissance, il n'est pas au meilleur de sa forme, mais petit à petit, on découvre un joueur né. Normal me direz-vous, puisqu'il a été invité à jouer dans la Haute Loge.

« J'aime la victoire. Le… défi. Mes journées ne sont pas banales. »

Tout au long de cette partie, le lecteur ne détient pas toutes les clés pour comprendre les enjeux de cette partie, ni les intérêts à voir Rémy perdre. Alors qu'il est accablé par la fatigue, la chaleur, la soif et la faim, son adversaire déplace tranquillement ses pièces, sûr de sa victoire. Alors forcément, on s'attache à ce personnage dérouté plutôt sympathique qui n'a pas les cartes en main.

Mais à ce propos, pourquoi le jeu semble-t-il défavorisé Rémy Burke ? Que cherche la Maison des Jeux en n'intervenant pas pour rétablir l'équilibre entre les deux joueurs ?

« Dans la maison des Jeux, rien n'est laissé au hasard. »

*
Dans sa fuite éperdue, le lecteur est emporté dans Thaïlande des années d'avant-guerre. Les descriptions des paysages thaïlandais sont magnifiques. On a la sensation de courir avec lui au milieu des rizières du Siam, de patauger dans la boue, de s'épuiser dans les forêts montagneuses, de découvrir les multiples visages de Bangkok.

« À l'aube, les nuages bas caressent les montagnes puis s'évaporent à mesure que le soleil se lève. Au crépuscule, les ombres ont tourné, un grand entrelacs gris balaie la terre, et le vent chuchote à travers les forêts, au-dessus des rivières, apportant l'odeur des feuilles pourries et la fragrance des fleurs qui s'ouvrent quand les pluies cessent. »

*
Catherine Webb a une imagination débordante et surtout elle a su se renouveler pour ne pas proposer une deuxième novella identique à la première, tant au niveau du scénario que de l'écriture, moins distante dans ce tome-ci.

Si ce second tome est indépendant du premier, il s'inscrit tout de même dans une suite qui se révèle au cours de la lecture. Sans en dire davantage, les deux récits sont imbriqués et se rattachent à un troisième tome dont les enjeux se devinent insensiblement.
L'autrice semble jouer un double jeu, déplaçant des pièces à notre insu, de sorte que se devine un jeu dans le jeu. C'est comme si le lecteur était lui aussi une pièce de cette trilogie et jouait alors qu'il ne connaît pas encore tous les enjeux.

« Jouer des gens est un talent bien plus élégant qu'un simple calcul. »

Du coup, il me tarde de débuter le troisième tome pour comprendre comment toutes les pièces vont se déplacer, s'agencer jusqu'au moment où un des joueurs mettra les autres rois adverses échec et mat.

« Une grande partie va s'entamer, Remy. Voilà des siècles qu'elle se prépare, mais l'heure est presque venue. Quand elle commencera, regardez bien où tomberont les pièces. »
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