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Critique de RogerRaynal


Ce livre regroupe une quarantaine de chroniques, probablement publiées à l'origine dans un journal, décrivant les relations domestiques quotidiennes entre l'auteur, son chien et ses chats. 

Chats de race et de hasard se partagent en seigneurs la maison japonaise trahitionelle de Nosaka alors qu'il aborde une vieillesse heureuse. On y découvre à la fois la passion de Nosaka pour ses animaux préférés, la vie quotidienne en banlieue de Tokyo et une certaine vision de la vie dans l'archipel.

L'auteur raconte avec une certaine verve ses aventures félines au fil des saisons et des époques, ressuscitant parfois les lointains souvenirs de l'époque de la seconde guerre mondiale, de l'après-guerre ou ceux, très proches, du grand tremblement de terre de Kobe qui datait de moins de trois ans à l'époque (1998) où Nosaka écrivait ses chroniques.

C'est l'occasion de découvrir comment sont traités communément les chats au Japon : si la stérilisation des mâles semble peu répandue (avec pour corollaire le « marquage » systématique et odorant de l'intérieur de la maison de l'auteur), il semble tout naturel de baigner régulièrement les chats, et l'utilisation de produits antiparasitaires n'effleure pas un instant Nosaka et sa famille, où se pratique régilièrement l'épuçage manuel des félins de la maison.

On lit aussi en filigrane dans ces chroniques félines les lignes de fracture de la société japonaise : la hantise des tremblement de Terre qui amèneront à refaire la maison de l'auteur, qui y perdra ses tuiles ; les difficultés vécues par les survivants de catastrophes naturelles ou humaines ; le départ des enfants de la maison familiale ; le sentiment de l'impermanence de toute vie sur une terre propice aux typhons et aux séismes, mais aussi liée aux pérégrinations risquées des matous « entiers » dans l'environnement urbain, dont l'archétype est « Charly », véritable héros de ces chroniques, dont nous suivrons l'ascension au sein de la maisonnée.

Nosaka avait presque 70 ans lorsqu'il a écrit ses chroniques. Comme elles n'étaient pas destinées de prime abord à se voir réunies en un recueil, on y retrouve de fréquentes redites, certaines pouvant paraitre parfois redondantes ; et il subsiste quelques incohérences (Nosaka se félicitant de n'avoir jamais connu une piqûre d'Insecte pour, quelques chroniques plus loin, se plaindre d'âtre assaillit par les puces…). On y trouve également un autoportrait peu flatteur de l'auteur du « tombeau des lucioles », ce dernier se décrivant volontiers comme sale, alcoolique et parfois querelleur.

Les dessins de la couverture de l'édition Picquier poche sont de l'auteur, il en parle d'ailleurs dans le recueil. La traduction a été assurée par Jacques Lalloz, qui a parfaitement su retranscrire le ton amusé de Nosaka. Toutefois, la brièveté de ces chroniques (une quarantaine) et leur redondance enlèvent du rythme et de l'intérêt à l'ouvrage, et je me suis surpris à me demander si ce livre aurait été édité s'il avait été écrit par un auteur n'ayant pas déjà amplement fait ses preuves. Je n'en suis pas certain, et même le grand ailurophile que je suis en vient à se demander si la présence de chats dans un roman ou sur une couverture ne sert pas trop souvent d'alibi ou de publicité flatteuse pour des livres aux qualités littéraires disons extrêmement variables… Si les chroniques de Nosaka nous font passer d'agréables moments, on y cherchera en vain une qualité littéraire approchant celle des autres écrivains classiques japonais, ou même celle des oeuvres les plus célèbres de l'auteur.

Au final, une lecture agréable, donc, mais dont même un amoureux des chats pouvait légitimement espérer mieux.
Lien : https://litteraturedusoleill..
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