Hygiène de l'assassin

Les thématiques principales, essentielles, de l'oeuvre d'Amélie Nothomb, sont toutes déjà présentes dans ce premier roman, en filigrane ou explicitement : l'humour, la dérision, les descriptions précises, les enjeux de pouvoir, la puissance intellectuelle, les joutes verbales, beauté et laideur, nourriture et boissons. Mais c'est une esquisse, une épure de ce qui va éclore, roman après roman. Il tient déjà toutes ses promesses, et c'est déjà du grand Amélie Nothomb. le personnage est exaspérant au possible, en revanche ses joutes oratoires avec la jeune femme sont épiques, entêtées, entêtantes et révélatrices de l'enjeu qui se noue, page après page. La fin, comme souvent, est inattendue. Nécessaire ? Peut-être. Une autre aurait-elle été meilleure ? On se le dit sans s'en convaincre ; car après tout, la portée de ce livre n'est-elle pas là aussi, dans ce renversement des valeurs qui va jusqu'à son terme et qui interroge, comme toujours dans les romans d'Amélie Nothomb, au point que l'on ne sait jamais qui est le monstre ? A moins que ce ne soit nous, lecteurs, voyeurs, gourmands dont les passions et les envies se sont exacerbées tout au long du livre, par intérim.