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Critique de sultanne


Et voilà que Madame Nothomb nous fait le coup du livre à emmener sur une île déserte. Bien connu, comme thème, pourc elle qui prend tant de plaisir à sortir des sentiers battus ! Mais il me semble que cette pièce va bien au-delà de cette problématique philosophique du "quel livre mériterait d'être sauvé ?".

La forme, aussi surprenant qu'elle soit chez Nothomb, lui permet une parfaite maîtrise des personnages, une psychologie fine où le lecteur comprend vite que le plus sain en apparence est également le plus tordu... le lieu, vague et équivoque permet à chacun d'y transposer ses propres fantasmes, laissant toute latitude au lecteur pour s'approprier l'événement. Enfin, les titres des livres, masqués et imaginaires, ne sont que des pretextes pour classifier les livres et polémiquer sur la supériorité de certains genres (Goebbels se retournerait peut-être dans sa tombe.)

Mais le tour de force de ce "petit machin" est de savoir faire référence, sans jamais totalement l'imiter, à une autre pièce hyper connue du répertoire français. En effet, les références à Sartre y sont plus qu'évidentes : ce Huis-Clos, ce trio infernal, la séduction alternative des uns et des autres, et puis, cette réplique-culte ("L'enfer c'est les autres !"), admirablement détournée dans la bouche de la jolie étudiante ("L'enfer, c'est le froid !"), au beau milieu de la pièce dont la situation est déjà étranglée par la guerre, le huis-clos et le choix crucial qui se met en place... Très réussi, Madame Nothomb !

Enfin, derrière ses faux-semblant, madame Nothomb, nous pose les questions auxquelles nous n'aimons être confrontés, nous renvoie à notre propre part d'animalité, à notre peur de mourir, à cet instinct si abominable qui est l'instinct de conservation, à notre regard sur l'autre, en tant qu'il est le seul outil nécessaire à notre survie, à notre jugement de la jeunesse, de la beauté... on en viendrait presque à fredonner Goldman... "et si j'étais né en 17 à Liedenstadt".

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