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Critique de SZRAMOWO


J'ai rencontré l'auteur que je devais interviewer pour le fameux Fanzine Suisse
« Tant qu'il y aura du Rock !»
À peine étais-je assis qu'il me lance :
« T'as déjà eu le Rock aux trousses
Je ne pouvais répondre NON ! au risque de voir cet entretien tourner court. J'ai tourné 7 fois ma langue dans ma bouche avant de lancer :
« Ma relation au rock est plus nuancée, plus complexe oserais-je dire, j'ai couru à ses côtés dès mon plus jeune âge, quelquefois il me dépassait, j'étais à ses trousses, et d'autres fois je le dépassais, il était à mes trousses...»
« J'ignorai qu'à Tant qu'il y aura du rock il y avait des critiques affutés comme tu sembles l'être.»
L'auteur se détendit et esquissa même un sourire, lui dont on disait qu'il en était avare.
J'eus le droit à la version détaillée de l'histoire de l'écriture du roman.
Aux alentours de 2017, un vieux pote de fac perdu de vue depuis 30 ans surgit hors de la nuit tel un Zorro vengeur pour rappeler à son vieux camarade leur épopée 1972, épopée qu'il qualifie d'Instant Karma sans rougir de la référence à Lennon. ils se rencontrent une fois deux fois trois fois, rameutant les souvenirs que l'auteur transcrit sans les enjoliver, en leur donnant la couleur de l'espoir qu'il avaient alors, sans parler de celle de la désillusion qui les recouvrirait plus tard. le projet prenait forme. Jusqu'au décès du vieux poteau, un jour de juillet 2023 où l'orage l'emportait sur la canicule.
L'ouvrage devait être mené au bout. Jusqu'à sa publication. Obligation morale.
L'auteur me donne ses clefs de lecture. Explique les allers retours entre 2022 et 1972 ; la double filiation Danny Lopez - Bob Dylan et Danny Lopez Jules Lopez et sa fille. le choix de faire mourir Danny Lopez lui apparaît comme prémonitoire, presqu'une malédiction.
Il raconte comment son personnage est passé de Dylan aux Stones en passant par la case Bowie pour finir déguisé en employé modèle.
J'ose une question :
« Sur la couverture figure un ampli Fender alors que l'ampli de référence dans la période que vous évoquez était le VOX AC 30»
Il me regarde de ses yeux fatigués, sans relever, terrassé et fourbu.
Il poursuit.
« Si tu veux comprendre ce roman branche toi sur la play list. Écoute Kick out the jam sans broncher, laisse-toi aller sur Little Wing et scrute l'horizon du haut de la Watchtower, tu verras peut-être les chats sauvages hurler, qui sait ?»
Une fois tentée l'expérience m'avait réussie, j'avais compris « Les Who créent une filiation entre My Génération et Summertime blues. Frustration et colère.»
L'esprit du rock malgré les années séparant ces deux chansons !...
L'entretien se poursuit et l'auteur, son ouvrage en main lit les passages qu'il a lui même surlignés :
« Pour sa bande, il était Paulo jusqu'à sa prime adolescence. Puis devint PP lorsque la mode des acronymes gagna le milieu. Enfin, lorsque le vent souffla d'Angleterre, portant en France les accents de tout ce que le royaume comptait de groupes, de chanteurs et de fans électrisés par la pop music, il se transforma en Double P. (prononcez Dabeule Pi). Transposition hasardeuse de la publicité du Whisky JB.
« Je lis JB, mais, comme mon ami anglais, je dis Ji Bi. »
Ou encore
« Les vacances d'été sont-elles le triangle des Bermudes des amours étudiantes ? »
Et surtout
« Après quelques crachotements, j'entendis la voix de mon père scander 1, 2, 3 en battant la mesure sur ses baguettes et frappant aussitôt ses caisses pour reproduire tant bien que mal le beat caractéristique de All Right Now des Free.
J'entendais ses propres mots lorsqu'il en parlait les rares fois où il le faisait, avec des collègues, le plus souvent. Il s'échauffait :
« Tube planétaire ! L'essence du rock, sa substantifique moelle ! »

Alors si vous aussi vous voulez courir devant le rock, le sentir à vos trousses, souffler sur vos reins le contretemps subtil d'un rythme binaire et primaire, lisez le rock aux trousses !




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