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Critique de michelcombebellin


Ce pseudo-roman laborieux et mal ficelé (pour sa rédaction, l'auteur a pourtant obtenu le soutien du Centre National du Livre) est aussi pathétique que navrant. Quelle déception ! Quel inutile ressassement ! À l'évidence, après 10 ans de silence, l'auteur n'a plus rien à dire aujourd'hui et ne sait toujours pas le dire, encore moins l'écrire.

Son « Enfant ébloui » (1995) avait au moins le charme d'un fruit acidulé rafraîchissant quand « Analphabètes » est une compote rance et réchauffée. Des morceaux entiers et beaucoup de pépins ! Aucune promesse n'est tenue. Rien n'est approfondi. Nul développement. Il y avait pourtant tellement à écrire sur l' « analphabétisme » sentimental – et pas seulement des gays ! Ici, vaille que vaille, au gré de fragments mal reliés, seulement un pointillisme appliqué dans lequel ne jouent plus ni le charme de l'ingénuité ni la vérité de l'enfance. Hélas, le Petit Prince de Tanger, s'est perdu chez nous… mais il a bien voulu encore faire plaisir et s'y remettre, car à quarante ans Rachid reste docile et gentil. Donc des efforts, beaucoup d'efforts pour boucler vaille que vaille le pensum espéré. Comme quoi, ni la panne d'inspiration ni le forcing textuel ne sont des gages de perfection littéraire, plutôt un clignotant qu'il faut savoir déceler à temps : crise = danger et opportunité. Danger de récidiver ; opportunité de s'absenter.

Encore un mot, presque une supplique : qui aura la bonté de dire à l'auteur en panne d'écriture qu'il lui faut s'émanciper pour de bon, ne plus laisser son entourage forcer son clavier ni certains critiques (gays ?) complaisants encenser sa sincérité d'homo écorché ? Très franchement, je ne comprends pas qu'une vénérable maison d'édition continue de publier ça, du moins tel quel, si l'auteur ne consent pas de lui-même - et seulement s'il en a envie - à renouveler son inspiration et à perfectionner la forme. Si, en dehors de son destin personnel, somme toute assez banal, il n'a rien à imaginer, à méditer, à contester, à sublimer par les mots, c'est qu'il n'est décidément pas un écrivain. Car écrire, c'est d'abord un métier, pas un défoulement sur commande. Et l'on peut vivre très heureux, sans écrire !

Rachid O. aura alors le temps de ne plus ressasser son passé, d'habiter le silence et de méditer le conseil de Rilke que chaque auteur, confirmé ou apprenti, voire repenti, se doit de connaître par coeur : « Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s'il pousse ses racines au plus profond de votre coeur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit : “Suis-je vraiment contraint d'écrire ? ” Creusez en vous-même vers la plus profonde réponse. » (Lettre à un jeune poète).

Lien : http://michel-bellin.fr
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