Citations sur Birth marked, Tome 3 : Captive (46)
- Le Protecteur ne le décrirait jamais aussi crûment, ajouta Myrna, mais c'est bien de cela dont il s'agit.
- Dites-moi que j'ai mal entendu, s'indigna Will. Aucune femme ne permettrait qu'on se serve d'elle de la sorte.
- Peut-être pas là d'où vous venez.
- Comment fonctionne votre usine à bébés, concrètement ? s'enquit Dinah.
- L'Institut Matrice engage des femmes pour porter les enfants de couples stériles de l'Enclave, expliqua Myrna.
- Combien sont-elles ? demanda Gaia. Qu'est-ce que ca leur rapporte ?
(...)
- Tu viens de dire qu'Emily avait pris la tête de la grève des bébés. Comment a-t-elle pu devenir la porte-parole d'une usine à bébés ? argumenta Gaia. Ca n'a pas de sens. En quoi ce système est-il préférable à l'avancement de bébés ?
- Ces mères-là ont le choix, expliqua Myrna. Elles signent en connaissance de cause.
- Attends une minute. Tu approuves ? l'interrogea Gaia.
Il lui était pénible d'imaginer Léon grandissant dans cet environnement stérile, d'imaginer qu'il l'avait lui-même choisi. Elle songea à la douceur dont il faisait preuve envers elle, sa soif de confiance. Son regard tomba sur le télescope, symbole de son aspiration à voir par-delà le mur et, avec une perspicacité douloureuse, elle devina qu'il s'était dépossédé de tout quand il était enfant parce qu'il se sentait lui-même dépossédé.
-Cela fait mal d'aimer si fort..... je n'ai jamais rien partagé de tel avec quiconque. Maintenant, je ne suis plus vraiment heureuse qu'en ta présence. J'en suis à ce stade idiot où je veux te garder jalousement pour moi chaque instant, mais c'est impossible. Et si je te perdais un jour? Ce n'est pas une force, c'est une faiblesse. On n'est pas censés ressentir ça.
-Tu es incroyable, dit-il en lui relevant le menton du pouce.
-Mais est-ce que tu vois ce que je veux dire? Est-ce que tu souffres, toi aussi?
-Bien sûr. Et peu importe ce qu'on est censés ressentir. C'est en nous.
Certains se tenaient par la main, beaucoup avaient les yeux écarquillés par la peur, mais ils se serraient autour d'elle, habitants de la Nouvelle Zile, de Wharfton et de l'Enclave mélangés, tel un mur de courage uni pour la protéger.
La maison avait la même riche odeur de bois poli et usé, de plats mijotés et de bon beurre de miel. Cela n'aurait pas dû être possible, ce mélange douloureux de familier et d'étranger.
Surprise, elle ôta le pied de la main de la fillette. Elle retira prestement la dague que l’enfant portait à la ceinture et recula. Un rapide coup d’œil par-dessus son épaule lui indiqua qu’elles étaient seules au sommet de la falaise, ce qui l’agaça au plus haut point. Où se trouvaient ses éclaireurs ? Au-dessus d’elles, le ciel formait une voûte de rose et d’orange éclatants, mais le désert était baigné des ombres cendrées du crépuscule, ce qui rendait la visibilité plus que médiocre. Gaia encocha de nouveau sa flèche, prête à tirer.
Elle se tourna vers les chefs de clan un par un, pour s’assurer qu’ils étaient d’accord avec elle. Dinah représentait les libbies et les familles de pêcheurs qui vivaient au bord du marais ; le cousin de Norris, un cordonnier, était à la tête des commerçants du centre de Zile ; MaLady Beebe représentait les propriétaires des maisons qui entouraient le terrain communal ; MaLady Roxanne, l’enseignante, menait un large groupe de travailleurs aux emplois variés ; et le morteur, Chardo Will, second de Gaia et frère de Peter, se trouvait à la tête du plus grand des clans, celui des hommes discrets qui travaillaient dur et ne s’étaient jamais mariés.
Elle perçut autour d’elle les grincements des arcs sous tension qu’on abaissait prudemment. Si faire se pouvait, ses archers se resserrèrent plus encore autour d’elle, la protégeant de leur corps. Elle dut jeter un coup d’œil par-dessus l’épaule de Peter pour voir ce qui se passait. Sur ordre, les gardes de l’Enclave relevèrent leurs fusils et Gaia inspira profondément.
— C’est notre contrat, expliqua Emily. C’est une question d’honneur. Quand on accepte de rejoindre l’Institut Matrice, on accepte de rester jusqu’à ce que le bébé promis naisse. On garde le bracelet jusqu’à la cérémonie de naissance, quand les parents reçoivent l’enfant, et ils le coupent à ce moment-là. Jusque-là, il émet un signal, de sorte que le Protecteur sache toujours où l’on est. Les parents le savent, eux aussi, chaque fois qu’ils veulent le vérifier. Ils trouvent cela rassurant.
— C’est donc un mécanisme de surveillance ?
Gaia quitta le Protecteur et franchit en toute hâte la porte massive. En bas de la rue en pente, elle vit Evelyne, qui revenait de Wharfton, approcher pour procéder à l’échange. Léon attendait avec les frères Chardo et une dizaine d’autres personnes plus bas, le long d’une maison en pierre qui pourrait leur servir d’abri en cas d’éventuels coups de feu. L’un des gardes en haut du mur fit glisser ostensiblement son fusil le long du parapet pour les mettre en joue. À gauche de Gaia, sur les toits, des dizaines d’habitants de Wharfton et des archers de la Nouvelle Zile étaient également prêts à en découdre.