-Tu n'aurais pas du coca, Léo? demanda Lucie benoîtement.
-Quoi? s'étrangla sa grand-tante, du coca?
Lucie aurait demandé de l'arsenic ou n'importe quel autre poison puissant, c'eut été le même effet.
-Sûrement pas! Quelle hérésie! Avec ces plats, on boit du vin blanc, d'ailleurs je les ai cuits avec. En attendant d'avoir l'âge, on boit de l'eau.
-Qu'est-ce que c'est que ce tacot! dit Lucie.
-C'est une guimbarde, mais j'aime le modèle; ça me rappelle une certaine époque et je te signale que Steve MacQueen pilote la même dans Bullitt... La différence, c'est ma façon de conduire. Plus calme, ajouta Léo.
Malgré tous leurs efforts, le bruit de leurs pas faisait un petit crissement, un son de feuilles sèches qu'on froisse. La vie était fragile comme ce son, pensa Léo.
On entendait le bruit du ressac et les vagues devaient s'évanouir lentement sur le sable et les rochers un peu plus loin. Paradoxalement, ce calme et cette quiétude, cette beauté de la nuit inquiétaient encore plus Philie Pop qui se disait que vraiment c'était le cadre idéal pour une belle mort.
Il restait un mois à faire au collège et puis hop ! Philie s'envolerait pour Brest. Ce serait bien la première fois qu'il s'offrirait un Paris-Brest autre que celui à la crème de chez le boulanger.