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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Lucrèce de Médicis est née à Florence en 1545, morte à Ferrare en 1561.
Morte à tout juste 16 ans, un an à peine après avoir épousé Alfonso II d'Este, duc de Ferrare.
Un mariage arrangé entre les deux familles, un mariage imprévu pour Lucrèce, puisque c'est sa soeur aînée Maria qui aurait dû épouser Alfonso, si elle n'avait pas été emportée par une mort soudaine.
Un mariage inespéré pour les parents de Lucrèce, qui n'imaginaient pas caser aussi « heureusement » leur troisième fille, si différente de ses deux aînées, sensible, davantage à l'aise avec les animaux qu'avec les humains, un tempérament rebelle qui n'a que faire des robes et des parures, de la broderie et des convenances.
Un mariage d'alliance entre deux lignées, où l'amour n'a aucun rôle à jouer. Mais le jour de son mariage, Lucrèce, qui va bientôt quitter sa famille et sa ville, son monde connu, pour Ferrare, veut y croire. Son fiancé se montre si attentionné, si patient, si respectueux...
Moins d'un an plus tard, Lucrèce n'y croit plus. Elle est persuadée qu'Alfonso veut l'assassiner, elle qui ne réussit pas à remplir la mission pour laquelle on l'a mariée : donner un héritier au Duché de Ferrare.

Ce sont deux fils narratifs que Maggie O'Farrell tisse dans cette biographie très romancée : celui qui court de la naissance de Lucrèce jusqu'au début de son mariage, et celui, beaucoup plus tendu et serré, de ce que la toute jeune femme pense être ses dernières heures.
L'auteure explique, dans une note finale, que, dans l'intérêt de la fiction, elle a pris quelques libertés avec la réalité historique, laquelle, il est vrai, est assez avare en données sur la vie de Lucrèce, probablement décédée de tuberculose. L'idée de son assassinat est tirée d'un poème de Robert Browning (1812-1889), My Last Duchess, lui-même inspiré par les rumeurs d'empoisonnement qui ont couru autour de la mort de la jeune femme.
Pour ce qui est du caractère, du tempérament de Lucrèce, tout est fiction. Une fiction néanmoins réaliste, qui provoque beaucoup d'empathie pour cette enfant trop sensible, incomprise, mal aimée, solitaire, mise de côté jusqu'à ce que le hasard en fasse une monnaie d'échange inespérée. Puis pour la Lucrèce jeune mariée, terriblement seule face à un mari dont elle découvre peu à peu le côté sombre et tyrannique, désespérée par la pression à enfanter qui pèse sur elle, emprisonnée dans une cage dorée où elle comprend vite qu'elle doit étouffer ses envies de rébellion sous peine d'en payer un prix trop lourd.
En ce qui me concerne, « Le portrait de mariage » souffre de la comparaison avec « Hamnet », que j'avais trouvé bouleversant et que j'ai placé bien haut au classement de mes meilleures lectures.
Ici, la plume de Maggie O'Farrell est toujours aussi fine, délicate, perspicace dans la description de toute la palette des émotions, mais elle se perd parfois dans des longueurs et des langueurs qui alourdissent le récit. Quant aux personnages, je ne sais pas trop quoi penser : par moments ils me semblent trop archétypaux pour être vraisemblables, mais d'un autre côté, s'ils étaient lisses et insipides, quel serait l'intérêt d'en raconter l'histoire ?
Quoi qu'il en soit, « le portrait de mariage » est une histoire aux accents féministes, qui conte un destin de femme opprimée, instrumentalisée dès la naissance, puisque sa seule utilité sera de procréer. Une histoire à la fois terrible et romanesque, touchante, bien construite, avec un certain suspense. Mais si vous avez lu « Hamnet », vous risquez une (petite) déception.

En partenariat avec les Editions Belfond via Netgalley.
#MaggieOFarrell #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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