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Citations sur Mettre la hache (12)

LE VIOL EST UN INTERMINABLE
SILENCE DUQUEL IL NE RESTE QUE
DE LA CHAIR QUI CRIE.
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Si seulement le violeur doux pouvait avoir des cornes, on ne pourrait plus faire comme s’il n’existait pas. Mais il a deux yeux, un nez, une bouche. Il mange, il travaille, il se couche. Le violeur doux est charmant, le violeur doux est cohérent. Il te dit bonjour le matin et peut-être même que tu l’invites à manger chez toi. Comme c’est horrifiant! Non. Ça ne l’est pas. C’est comme ça. Tout le monde côtoie un violeur doux. Tout le monde aime au moins un violeur doux. Je l’ai même déjà vu passer à la télévision: il défendait des causes avec beaucoup de convictions. Il s’opposait farouchement au harcèlement sexuel et il se disait dégoûté par les agressions sexuelles. Le violeur doux est peut-être même féministe, en tout cas, il supporte rarement les injustices et il aime ses enfants, il les aime tellement. Il en parle tout le temps. Il s’en ennuyait la dernière fois que vous avez passé la fin de semaine au chalet. Le violeur doux te faisait rire, il est tellement drôle, le violeur doux.
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Il faut mettre la hache dans le doute parce qu’on pense que le fait de croire les victimes, ça compromet notre belle justice, comme si on allait conséquemment user de malice. Il faut faire preuve de considération et cesser cette «culpabilisation par le soupçon» (Françoise d’Eaubonne). (...) Il faut mettre la hache dans le doute parce que dénoncer l’inceste, ce n’est pas une libération, ça ressemble plus à un enrôlement. C’est tout notre univers qui revire à l’envers.(...)Il faut aussi mettre la hache dans la prudence, cette fausse protection qui amortit. Elle enlève de la force comme de l’énergie en confondant la responsabilité et la culpabilité. Il faudrait pouvoir dénoncer, surtout si notre agresseur continue de violer, sans que la dénonciation soit une accusation, sans qu’il faille se rendre au tribunal, où on laisse trop souvent notre peau.(...) Il faut mettre la hache dans la prudence parce qu’il ne revient pas à celles qui ont mangé les coups de réfléchir aux contrecoups de leurs allégations. Ces femmes qui meurent d’envie de se révéler et qui ne le font pas pour prévenir un danger.(...) Il faut mettre la hache dans les préjugés parce que trop souvent on nous demande si on ne l’a pas un peu cherché. De toute manière, on n’a rien dit, on n’a pas bougé, on a accepté durant tant d’années. Comme si on avait pu déjouer celui qui nous a tout appris, comme si on avait choisi d’être mal parties dans la vie.
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Nos luttes ne sont pas de vaines bagarres, comme ils veulent bien nous le faire croire. Comme les rituels qui honorent la nature, les luttes révèrent la conscience de l’existence, la conscience de la souffrance. Elles ouvrent des espaces pour respirer, pour penser, pour exister. Elles créent des organismes, des communautés, des ouvertures d’esprit qui ne sont pas des «fractures du crâne» (Ariane Moffatt). Ces luttes ne sont pas de simples batailles contre l’oppression, ce sont avant tout des actions énergiques pour une libération de soi comme de la nature, car «je ne supporte l’idée d’une lutte que si elle se jette, comme le fleuve dans la mer, dans le combat pour la Totalité» (Françoise d’Eaubonne).
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Mais on ne passe pas par-dessus un viol, on ne le laisse pas derrière soi, on le porte en soi. Le viol n'est pas la vie, ce n'est pas la mort non plus: c'est leur annihilation pour créer un état de stagnation. L'inceste crée une perte de repères, et on gravite autour d'un père qui nous confectionne une représentation du monde qui rend toute naturelle l'abdication. Dans cette représentation, notre douleur n'existe pas. Nous n'existons pas. Les violeurs doux brillent de notre silence, ils brillent de notre absence. Ils savent qu'on s'accroche à la moindre chose qui nous rappelle notre innocence.
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Le jour où l'on va affirmer, en tant que société, que les maladies mentales ne sont pas des pathologies, mais qu'elles sont des résistances, ce sera le début de la fin des plus grandes violences.
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La psychiatrie est une science tellement extraordinaire qu’elle est parvenue, par ses structures et ses méthodes, à recréer les pires imaginaires. Je me demandais comment Claudine, dans son état tellement fragile, survivrait à un milieu aussi hostile: un milieu qui rappelait les rebords de nos petits lits, quand le violeur doux nous enlevait la vie. C’était peut-être une épreuve ou une initiation, comme pour recréer le monde que les malades mentaux portent en dedans. Il paraît qu’à chaque internement, on observe chez les malades une dégradation liée au simple fait de se retrouver dans ces lieux où le gouffre semble sans fond. Claudine collectionnait les chocs post-traumatiques parce que le premier n’avait jamais été traité. Parce que le premier, on le lui avait mal diagnostiqué. Parce que les chocs post-traumatiques, ce n’était pas pour les petites filles privilégiées. Il en a fallu des militaires traumatisés pour qu’on commence à s’intéresser aux conséquences que subissent les filles violées.
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De génération en génération, les violeurs s’anesthésient en détruisant des vies. C’est aussi ça, la généalogie. C’est rarement une évolution, ça devient souvent une répétition. On se donne le droit de se déraciner et de s’enraciner ailleurs. On se défait en même temps du patrimoine génétique avec ses maladies du cœur et ses tendances psychotiques. Les modes d’être au monde ne sont pas héréditaires, on peut choisir son bagage, on peut même décider de son âge.
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Le jour où l'on va affirmer, en tant que société, que les maladies mentales ne sont pas des pathologies mais qu'elles sont des résistances, ce sera le début de la fin des plus grandes violences.
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La résistance est une force qui s'inscrit dans l'opposition, mais elle doit aussi devenir une volonté de création. Même bourrée d'imperfections, une création ouvre un espace d'exploration où l'on se donne le droit au raccourci, où l'on se donne le droit à l'intuition, où l'on se donne le droit à la vie.
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