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Critique de JIEMDE


Il y a des classiques qu'il faut lire pour ce qu'ils sont : des classiques, c'est-à-dire des livres qui ont compté - et qui parfois comptent encore - dans l'histoire littéraire d'un pays, d'une époque ou d'un genre. Souvent ça accroche, parfois moins. Pas grave : la culture classique s'enrichit, les références augmentent et le sens critique s'aiguise.

C'est un des grands intérêts de la bibliothèque de l'Olivier, une collection de semi-poches née à l'occasion des 30 ans de l'arbre et qui joue depuis les prolongations. Tant mieux. Titre après titre, elle fait ressortir du riche fonds de la maison des oeuvres qui ont compté, les rhabillant au passage de sublimes couvertures.

Rendez-vous à Samarra de John O'Hara – traduit par Marcelle Sibon - vaut essentiellement pour le témoignage sur cette époque de l'entre-deux guerres aux USA où la crise de 29 n'avait pas touché la belle société de Pennsylvanie de manière uniforme, et où la fête continuait comme si de rien, sur des bases pourtant vacillantes.

Petit geste, grandes conséquences : il suffira que Julian jette un verre à la figure de Harry lors d'une soirée arrosée au club où se réunit habituellement l'aristocratie de Gibbsville pour que s'enclenche la spirale inéluctable de son déclin, social, moral, conjugal. Et vital.

Dans ce microcosme huppé de Gibbsville, c'est à une véritable étude anthropologique que se livre O'Hara, décortiquant les équilibres relationnels ancestraux qui structurent la société « provinciale » américaine de l'époque. Et comme tous les équilibres, ils ne demandent qu'à se rompre dès que l'époque elle-même vacille.

Si l'écriture est précise et élégante, le livre n'évite pas quelques longueurs dommageables lors de ses nombreux flashbacks, abusant un peu trop du procédé. Mais il sait vous récupérer par la suite en construisant une étonnante empathie pour Julian, embarqué dans un cyclone qui le dépasse.

On a souvent Gatsby en tête en lisant O'Hara mais aussi le Jay Gladstone de Mécanique de la chute (pour qui Greenland a forcément lu O'Hara). Et l'envie au final d'en lire un second pour découvrir davantage cet auteur de l'âge d'or américain.
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