- C'est Doyler.
- Doyler, c'est ton pays ?
- C'est bête, je sais. Mais c'est comme ça que je le ressens. Je sais que Doyler sera au premier rang, et où pourrais-je me trouver, si ce n'est à ses côtés ? Je n'ai pas de haine pour les Anglais et je ne sais pas si j'aime les Irlandais. Mais lui, je l'aime. J'en suis sûr à présent. Et il est mon pays.
L'Irlande en guerre avait toujours eu quelque chose de capricieux, de clownesque. L'on pensait à Emmet, le beau romantique, et ses plans longuement mûris, gâchés par une émeute. A la Jeune Irlande, dont les hymnes dignes de Tyrtaeus et les philippiques exubérantes n'avaient pu mener plus loin que la Bataille du Potager de la Veuve MacCormack. Aux Fénians, dont les forces rebelles, grosses de quelques centaines, s'étaient égarées dans le brouillard, pour se rendre à une douzaine d'agents de police éberlué ; ces derniers avaient ensuite ingénieusement coupé court à toute tentative d'évasion en leur confisquant leurs bretelles. C'était une nation séditieuse en chanson, mais totalement inefficace dans les faits ; seul son humour parvenait à la racheter.
- Nul ne souhaite changer soi-même. On souhaite changer le monde pour l'adapter à soi. Voilà ce qu'est le suffragisme. Voilà ce qu'est l'émancipation.
C'est terrifiant d'être tenté par le bonheur. (...) Je ne veux pas aspirer toujours à quelque chose qui n'existe pas.
"Bon Dieu, MacMurrough, êtes-vous en train de me dire que vous êtes un innommable du genre Oscar Wilde ?
- Si vous voulez dire que je suis irlandais, la réponse est oui."
Il avait plu durant la nuit, mais la matinée, dans sa discrétion était revenue à de meilleurs sentiments.
Peut-être, Dieu me préserve, suis-je... - irrationnel, irrépressible, irresponsable, ironique, irritant, parfaitement irrésistible... - serais-je Irlandais.
C'était une terre étrange, d'averses de soleil et de rayons de pluie ; et il était vrai que l'esprit de cette terre invitait à la liberté, une liberté singulière, à l'irlandaise, dont on ne pouvait en vérité rien faire dans le monde".
Un roman gay très ambitieux pas si facile que ça à lire (comme je l'explique dans la critique sur lle lien) et au souffle historique épique (parfois on se croirait dans les misérables, ou dans autant en emporte le vent... Je ne sais pas comment il a pu m'échapper si longtemps.