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EAN : 9782369140443
720 pages
Libretto (08/11/2013)
4.52/5   28 notes
Résumé :
Dublin, 1915. En des temps troublés par les échos de la Grande Guerre, et à la veille de la sanglante insurrection contre les Britanniques, une histoire d'amour tendre et tragique va naître au fil des jours entre deux jeunes garçons. Jim, plutôt réservé, qui semble destiné à la prêtrise, et Doyler, rebelle des bas quartiers, se retrouvent tous les matins sur les rochers
du Forty Foot pour se baigner. Ils font le serment de traverser à la nage la baie de Dubli... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Nous sommes en 1916 dans une petite ville irlandaise à proximité de Dublin et Jim vient d'avoir seize ans. Tout en délicatesse et en longs membres fragiles, il peine à s'adapter à sa vie au lycée de la paroisse, trop sensible pour supporter stoïquement les brimades des autres élèves, tous issus de meilleures familles que lui, et trop timide pour résister aux pressions de son professeur qui souhaite lui faire embrasser la carrière religieuse. Il y a quelque chose en lui de ces anges éthérés qui effleurent l'existence sans jamais s'y ancrer, sans jamais connaître réellement le bonheur ou la souffrance. Jusqu'au jour où il croise la route de Doyler, un gosse des bas-quartiers du même âge que lui, aux manières de rustre, aux mains sales de charbonnier et au sourire aussi large que la baie de Dublin. « Quelle veine, hein ? »

Avec sa gouaille naturelle, sa désinvolture hargneuse et enjouée, et ses redoutables idéaux, mêlant socialisme et indépendantisme, Doyler va éveiller Jim à la vie, allumer chez lui les flammes d'un désir de liberté dont l'adolescent ne soupçonnait même pas l'existence. Il fera bien plus encore, car, au fur et à mesure que les deux garçons apprendront à se connaître, leur relation amicale se muera progressivement en quelque chose de plus tendre, de plus fort et d'infiniment plus dangereux – surtout dans l'Irlande du début du siècle où l'homosexualité est considérée comme un crime passible de plusieurs années de bagne. Seul témoin conscient de cette relation sentimentale en devenir, un jeune aristocrate, incarcéré lui-même deux années pour s'être acoquiné de trop près avec un jeune mécanicien londonien, les observe du coin de l'oeil, oscillant entre la sympathie, le désir et une inquiétude grandissante en voyant les nuages s'amonceler au-dessus de leurs deux têtes inflammables.

Encore un très beau roman découvert grâce aux bons soins de quelques amies lectrices – elles se reconnaîtront, merci à elles ! Histoire d'amour touchante décrite dans un style intimiste et pudique plein de charme, mais aussi roman révolutionnaire, hymne à un pays assoiffé d'indépendance où la moindre miette de liberté n'a jamais été acquise que dans le sang et la douleur, hymne à la révolte en général d'ailleurs – contre qui ? Contre quoi ? La chose n'est pas si importante en soi, puisque l'essentiel réside dans le fait de se soulever, de ne jamais baisser le front devant les circonstances, les pressions sociales, le regard des autres et le glaive pesant des nations. L'émotion n'exclue pas tout humour et il y a autant de tendresse que d'ironie dans le regard que Jamie O'Neill pose sur son pays et sur ses trois personnages principaux, le destin de l'un étant inextricablement lié aux cheminements des autres. le tout donne une oeuvre brillante, puissante, épouvantablement triste par moment – mais, avec des thématiques pareilles, il fallait s'y attendre… Un grand roman historique, doublé d'une splendide histoire d'amour : hautement recommandable !
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Alors que la Première guerre mondiale s'enfonce dans les tranchées, que l'Irlande s'apprête à se soulever contre l'Angleterre, deux garçons se retrouvent dans une petite paroisse tranquille de la baie de Dublin.
Deux garçons en apparence aussi dissemblables qu'on peut l'être. L'un, père alcoolique, famille misérable, charrie les ordures de la ville et brûle de se battre contre l'oppresseur, pour l'Irlande libre et pour ses travailleurs. L'autre, père épicier, surprotecteur, est tombé sous la coupe d'un moine et se laisse doucement mener vers la prêtrise. L'un est fier, téméraire, insolent, l'autre doux, docile et craintif. Ils sont déjà amis pourtant et s'apprêtent à s'aimer - à s'aimer avec toute la fougue, la maladresse, la tendresse de leurs quinze ans, sous le regard d'abord prédateur puis de plus en plus protecteur d'un jeune aristocrate déchu réfugié chez sa tante.

A travers ce trio redoutablement attachant, Jamie O'Neill réussit une superbe histoire d'amour. Une histoire où l'amour est tour à tour destruction, rédemption, apprentissage et accomplissement de soi - désir innommable, réprouvé, qui ronge de l'intérieur, désir peu à peu sublimé, accepté, revendiqué. Ouverture à l'autre, à l'absolu, au défi, au combat. Ouverture à la vie, jusqu'à braver la mort.

Et pourtant, aussi belle, aussi bouleversante soit-elle, cette histoire, il serait réducteur d'y résumer le roman. Autour de Jim, Doyler et MacMurrough, d'autres personnages possèdent leur histoire, tout sauf négligeable. Les pères ont été amis, eux aussi, autrefois, une amitié à la vie à la mort, abîmée, émoussée par l'âge adulte et les choix de vie, mais dans les cendres de laquelle l'amitié des enfants fait renaître une chaleur oubliée. Et puis il y a Eveline MacMurrough, la tante magnifique - féministe, indépendantiste, amazone scandaleuse à sa manière aristocrate, acharnée à sauver son neveu de lui-même et de son passé malgré le fossé d'incompréhension qui les sépare parfois.

Roman sur l'amour et l'amitié, sur la différence, sur la découverte et l'acceptation de soi, Deux garçons, la mer est aussi le portrait d'une ville et de sa société. Une petite ville paisible que bouleverse la guerre, ses combats lointains, ses absents, que tiraille l'envie d'être grande à son tour, de se battre. Mais se battre pour qui, contre qui ? Contre l'Allemagne ou l'Angleterre ? Pour l'Irlande - mais laquelle ? L'Irlande semi-mythique des ancêtres gaëls, réinventée par une élite en mal de grandeur ? L'Irlande catholique des prêtres et de la ferveur populaire ? L'Irlande républicaine, socialiste même, des Fénians ? Toutes ces Irlande-là cohabitent, s'entremêlent et s'opposent, dispersées en petits groupes, des gamins avec des flûtes, des volontaires en armes, des parodies d'armée, discourant par-ci, trafiquant des fusils par là, incapables de s'unir dans un seul objectif commun quand la grande majorité, au fond, ne veut rien changer à ce qui est.
Autant de courants contraires qui exploseront dans l'insurrection de Pâques 1916, à Dublin. Échec sanglant sous les balles britanniques, fin de l'innocence, entrée brutale dans l'âge adulte pour l'Irlande indépendante... et ceux qui survivront à ce premier combat.

L'adolescence dessinée ici est celle d'une nation autant que d'un homme. le politique et l'intime, métaphore l'un de l'autre, se doublent et se complètent avec une belle subtilité pour former un roman digne des plus grands. Un roman dont le style intimiste - courant de conscience à la James Joyce - m'a un peu rebutée tout d'abord avant de m'emporter, fascinée, vers un très grand coup de coeur.

Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Je ne sais pas depuis quand je possède ce livre, mais je ne dois pas me tromper de beaucoup en disant que cela fait au moins dix ans que je l'ai acheté et qu'il m'a accompagné, d'étagère en étagère, de carton en carton, au gré de mes déménagements successifs. Son résumé m'a tout de suite plu, et c'est donc un véritable mystère pour moi que de ne pas l'avoir lu dès son achat, ou dans les semaines qui ont suivi, tout comme je n'explique pas ce qui m'a éloigné de lui pendant toutes ces années. Je ne saurais pas dire non plus pourquoi j'ai finalement répondu à son appel ce mois-ci.

Je crois que je me doutais que ce livre pouvait me plaire et me marquer. C'est le cas. C'est un roman sublime qui, comme je le supposais et l'espérais, réunit tout ce qui peut me plaire. C'est peut-être finalement ce qui explique pourquoi j'ai mis autant de temps à plonger dans cette lecture : la peur d'être déçu. Cette peur était une erreur.

Le roman nous plonge dans la vie d'une petite ville irlandaise, en 1915-1916. A la veille d'une insurrection irlandaise contre les Britanniques, deux garçons de 16-17 ans se lient d'amitié, et plus, entourés de personnages plus ou moins secondaires : leurs pères respectifs, une aristocrate célibataire et son neveu de retour en Irlande après deux années d'emprisonnement en Angleterre pour s'être fait surprendre dans une situation scandaleuse avec un autre garçon. Ce personnage, d'abord présenté sous un jour antipathique, est peut-être celui qui m'a le plus touché dans ce récit, que ce soit par son passé tragique, ses pensées à la fois cyniques et brillantes, et sa relation émouvante avec les deux garçons au coeur du récit et qui donnent son titre au roman.

Je ne vais pas raconter ici tout le roman, mais il mêle habilement petites histoires humaines au sein de la grande Histoire, à savoir la lutte de l'Irlande pour son identité nationale et pour son indépendance, au cours d'une Première Guerre Mondiale où les soldats irlandais se battent à la fois pour et contre les Anglais et les Allemands, selon leur allégeance.

Ce roman avait tout pour me plaire : une plongé dans une partie de l'Histoire que je connaissais très mal, une histoire d'amitié et d'amitié, des réflexions sociales et sociétales passionnantes. le pari est largement tenu, et ce livre pourrait bien rejoindre le panthéon de mes oeuvres littéraires préférées. le temps dira si cette impression à chaud se confirmera.
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Je suis encore emportée par le souffle épique de Jamie O'Neill. Si j'ai fermé la dernière page de son chef-d'oeuvre, elle m'invite déjà à le relire un jour. Si je peux me permettre un conseil à ceux qui ne l'ont pas encore entre les mains, peut-être faut-il glaner des informations, juste un résumé, concernant l'Irlande, Dublin en particulier, vivant la période 1914/1916. J'ai aimé tous les personnages, humains, typiquement irlandais, mais aussi universels. A remarquer, la traduction de Carine Chichereau. Par intuition, on devine son osmose avec ce texte magnifique. L'âme irlandaise, son rythme, son souffle encore une fois, qui l'a certainement emportée, elle aussi. Ce livre n'est pas traduit, il est écrit sur la même note par deux violons. le roman est une histoire d'amour entre hommes qui ne peut que toucher les femmes, par sa tendresse, son ampleur sans détours. Histoire d'amour, également, pour l'Irlande que Jamie O'Neill a si bien servie avec un sens du détail historique, de l'humour, de la gravité, du chagrin. Mais aussi de l'espoir qui laisse l'empreinte de ses pas dans le rêve final. Merci à Jamie O'Neill pour cet instant de vie, de lecture, que je n'oublierai pas.
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Une oeuvre superbe, d'accès un peu difficile mais au souffle épique Hugolien. La plus ambitieuse histoire d'amour Gay qu'il m'ai été donné de lire (mais qui s'adresse à tout le monde par son côté universel Une merveille.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L'Irlande en guerre avait toujours eu quelque chose de capricieux, de clownesque. L'on pensait à Emmet, le beau romantique, et ses plans longuement mûris, gâchés par une émeute. A la Jeune Irlande, dont les hymnes dignes de Tyrtaeus et les philippiques exubérantes n'avaient pu mener plus loin que la Bataille du Potager de la Veuve MacCormack. Aux Fénians, dont les forces rebelles, grosses de quelques centaines, s'étaient égarées dans le brouillard, pour se rendre à une douzaine d'agents de police éberlué ; ces derniers avaient ensuite ingénieusement coupé court à toute tentative d'évasion en leur confisquant leurs bretelles. C'était une nation séditieuse en chanson, mais totalement inefficace dans les faits ; seul son humour parvenait à la racheter.
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- C'est Doyler.
- Doyler, c'est ton pays ?
- C'est bête, je sais. Mais c'est comme ça que je le ressens. Je sais que Doyler sera au premier rang, et où pourrais-je me trouver, si ce n'est à ses côtés ? Je n'ai pas de haine pour les Anglais et je ne sais pas si j'aime les Irlandais. Mais lui, je l'aime. J'en suis sûr à présent. Et il est mon pays.
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- Nul ne souhaite changer soi-même. On souhaite changer le monde pour l'adapter à soi. Voilà ce qu'est le suffragisme. Voilà ce qu'est l'émancipation.
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Il avait plu durant la nuit, mais la matinée, dans sa discrétion était revenue à de meilleurs sentiments.
Peut-être, Dieu me préserve, suis-je... - irrationnel, irrépressible, irresponsable, ironique, irritant, parfaitement irrésistible... - serais-je Irlandais.
C'était une terre étrange, d'averses de soleil et de rayons de pluie ; et il était vrai que l'esprit de cette terre invitait à la liberté, une liberté singulière, à l'irlandaise, dont on ne pouvait en vérité rien faire dans le monde".
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Un roman gay très ambitieux pas si facile que ça à lire (comme je l'explique dans la critique sur lle lien) et au souffle historique épique (parfois on se croirait dans les misérables, ou dans autant en emporte le vent... Je ne sais pas comment il a pu m'échapper si longtemps.
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