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Critique de Egatrap


Killarney blues
de Colin O'Sullivan


Le Blues.
Cette musique née dans les chants de travail d'une population mise en servitude exprimant son triste sort, est habilement orchestré, ici, par Colin O'Sullivan pour s'adapter à la celtitude des personnages … entre ombres et lumières. Un peu comme une transposition de la météo locale : nuages, averses, éclaircies, nuages etc. amenées en rafales par le Gulf Stream, des giboulées de mars permanentes en quelque sorte.

Les Celtes sont ce qu'ils sont, avec leurs chimères et leurs rêves, leurs fidélités et leurs entêtements parce qu'ils portent toujours en eux le désir de l'infini et le goût de l'aventure.

Mais là, un moment estival (trois jours je crois) va chauffer coeurs et esprits. de ce maelström va émerger lentement la noirceur des non-dits dans laquelle évoluent les personnages.
Une ambiance de fermentation où les ingrédients, loin du malt et du houblon, sont la mélancolie, la morosité des vies tracées à l'avance, la violence qui ne demande qu'à sortir et la perversion des choses et des âmes.
La source de ces dérèglements : la ségrégation des êtres différents, la vie de couple comme seul horizon (« célibataire à trente ans, t'es pas normale »), le machisme ambiant où les filles semblent n'être que des OBBI (Objets baisant bien identifiés). Cette corruption ne peut qu'amener la violence, irrémédiable, où l'éternel bourreau n'est au départ qu'une victime. « Je sais, c'est pas une raison ».
Tiens, au fait, pourquoi comme chez Conan Doyle, le méchant, c'est Moriarty ?

Et puis Killarney que je n'ai pas reconnue ; bourgade coincée entre l'anneau de Kerry et la péninsule de Dingle accolée à son magnifique parc national. Cette ville vit donc de la manne touristique attirée par ces merveilles du pays du trèfle.

Bref, un drôle de choix pour y planter le décor de ce roman, quoique cela justifie la présence d'étrangers ou de pièces rapportées (Linda) venues d'ailleurs en Irlande.

Comme un bon whiskey tourbé, j'ai dégusté avec grand plaisir ce livre … que je n'aurais pas lâché, si mon actualité me l'avais permis.

J'ai noté, en fin de parcours, trois évènements concomitants, O'Sullivan s'en sort plutôt bien dans le traitement de la simultanéité des faits obligée d'être traitée dans le flot en continu de l'écrit.

Quatre étoiles.

Ancelle, le 20 novembre 2023
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