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Critique de Krissie78


JC Oates est une auteure très prolifique. Elle-même se dit incapable de dire combien de livres, de romans elle a écrit. Plus de 100 a priori. Passée maître dans l'art de dépeindre la société américaine dans ses tourments, elle nous livre avec « Babysitter » un opus intrigant qui pour moi ne restera pas le meilleur de ses oeuvres. Parti d'une esquisse puis d'une nouvelle, le projet a mis plusieurs décennies à devenir un roman.

Nous sommes en 1977. Hannah a 39 ans. À l'approche de la quarantaine elle a tout pour être heureuse : un mari qui a une bonne position sociale, deux enfants adorables, une belle maison dans une riche banlieue de Chicago, une gouvernante, un statut social, la reconnaissance de ses pairs. Pourtant il lui manque un peu de piquant, le besoin de se sentir toujours désirée. Aussi, lorsque au cours d'une soirée de charité elle croise un bel homme séduisant, elle n'hésite pas à devenir sa maîtresse, entamant ainsi une relation toxique. Au même moment sévit dans la région un tueur en série qui s'en prend à des enfants.

Le style adopté par JCO est déroutant. Elle nous plonge totalement dans la tête d'Hannah. Nous suivons sa pensée chaotique, faite de retour en arrière, de répétitions, de phrases courtes avec peu de mots, une pensée pleine de doute, de culpabilisation, au point qu'il est difficile de savoir ce qui se passe vraiment dans la vie d'Hannah et ce qui relève de son imagination ou de ses fantasmes.

Personnalité torturée on a l'impression qu'elle a un secret, un traumatisme qu'elle-même n'ose pas évoquer. Est-ce lié à ce père sévère ? D'où vient le peu d'estime qu'elle a pour elle-même ? Pourquoi ce sentiment de culpabilité constant avant même d'être passé à l'acte ? Pourquoi ce besoin de s'accrocher à cette relation qu'elle sait être toxique ? L'a-t-elle réellement totalement vécu ou l'a-t-elle imaginée ?

Dans ce roman JCO traite les thèmes qu'on lui connaît : les violences faites aux femmes, la pédophilie, le racisme envers les noirs, la suprématie de l'homme blanc, le force du patriarcat, le droit à l'autodéfense, l'injustice et l'immunité pour les forces de l'ordre quand la victime est un homme noir.

Le titre vient du surnom donné au tueur en série. Toutefois cette partie de l'histoire semble presque anecdotique tant c'est Hannah et son adultère toxique qui prend presque tout l'espace.

Le roman met mal à l'aise. Contrairement aux précédents livres de JCO que j'ai lus jusqu'à présent, je n'ai ressenti aucune empathie pour le personnage principal. Sa conduite inconséquente, sa fuite de ses responsabilités, son instabilité pour laquelle aucune clé de compréhension ne nous est donnée, tout m'a agacée, irritée. À l'époque de #meetoo, la personnalité et le comportement d'Hannah exaspèrent. On a envie de la secouer. Mais c'est une autre époque qui nous est décrite.

Paradoxalement, bien que déstabilisée par le style, j'ai finalement lu ce pavé assez rapidement. Car ici la satire sociale se cumule à un thriller éprouvant et à une étude psychologique déroutante. J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, ne comprenant pas où l'auteure voulait nous emmener, mais était assoiffée de connaître la suite, pour arriver à une fin ….qui m'a laissé sur ma faim et que je n'ai pas comprise.
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