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Critique de sylvaine


C'est avec Les Chutes, prix Femina étranger 2005, que je découvre l'univers d'Oates, écrivaine américaine, prolifique à souhait…
Un effet hydracropsychique, état morbide pouvant anéantir toute volonté chez un individu en parfaite santé, psychique ou physique, et qui peut exercer une force telle sur ces individus qu'ils vont se jeter dans les eaux des chutes du Niagara et s'y perdre définitivement
Juin 1950, Ariah Erskine, jeune mariée, se réveille dans la suite nuptiale du Rainbow Grand Hôtel à Niagara Falls. Elle y est seule abandonnée par son jeune époux Gilbert, avec effarement elle trouve le mot qu'il lui a laissé appuyé contre le miroir de la coiffeuse : « Ariah, je regrette,….je ne peux pas
….Je nous libère ainsi tous les deux de notre serment »
La douleur, l'humiliation, une honte inexprimable la submergent.
Fin juillet 1950, elle se marie avec Dirk Burnaby, riche fils de famille de Niagara, qui est tombé sous son charme .C'est le grand amour, la passion le premier né Chandler et l'angoisse pour Ariah , qui en est le père ?Vite , vite un autre enfant Royall, lui, c'est sûr est de Dick.
Spéciale cette femme, névrosée, angoissée, sujette à des crises terribles, repliée sur sa petite personne, Dick, ses fils et enfin Juliet, la dernière, vivant de plus en plus en recluse, s'isolant des réalités de la vie , du monde ,refusant de se laisser envahir par tout ce qui peut compromettre son univers .Seule la musique reste souveraine, au fur et à mesure elle va perdre contact avec le monde de Dick, refusant de s'intéresser à la carrière d'avocat de son époux, elle le laisse lui apporter le confort matériel dont elle a besoin, mais elle ne veut rien savoir de ses soucis .Si bien que lorsqu'il va prendre à bras le corps une affaire où sont mêlés tous ses amis avocats, financiers ,industriels, juges ,politiques et qu'il va se retrouver plaider contre tous les notables de la ville , non seulement elle n'en saura rien , ne voudra rien savoir et ira même jusqu'à lui tourner le dos !!et à le rayer des conversations avec ses enfants sujet tabou ô combien.
Bien sur cette affaire était « empoisonnée » dès le début ! Comment dans les années 1966, faire reconnaître à des industriels, travaillant pour l'armée entre autres, que des déchets toxiques,(radioactifs ?) ont été enfouis dans Love Canal ? Que les lotissements construits sur ces terrains sont insalubres, que les enfants meurent de leucémies inexpliquées, que les femmes font des fausses-couches à répétition, que les adultes meurent de cancers à une fréquence alarmante…..
Cela coûtera la vie à Dick Burnaby…
Cette Ariah , sincèrement , m'a insupportée tout au long de cette histoire ; cette femme qui ramène tout à elle, ses enfants sont des jouets entre ses mains, et elle est toute étonnée quand un jour ils veulent grandir .Pourquoi ce silence autour de leur père ? Elle arrive à oublier ce dernier comme elle a effacé de sa mémoire Gilbert son éphémère premier époux.
Après un long , très long début , le roman prend sa vitesse de croisière avec le début de l'affaire Love Canal( histoire véridique),les personnages sont en place, certains vont sortir du tableau ; Oates nous peint la société américaine des années 1970/1980 dans une région industrielle, les débuts des prises de conscience des dangers des déchets pour les populations. Elle nous dresse le portrait d'une femme névrosée à souhait , d'une famille perturbée , d'adolescents qui essayent d'émerger de son influence castratrice
En résumé , une lecture souvent exaspérante mais qui vous piège ,attention au point de non -retour !
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