AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de horline


Téa Obreht possède l'audace de la jeunesse lui permettant d'emprunter un chemin détourné, celui des légendes et superstitions, afin de raconter les blessures béantes laissées par les guerres ethniques des Balkans.


Dans cette contrée aux lignes géographiques éclatées, les frontières de la réalité se révèlent floues : les épidémies seraient des maléfices et les morts des esprits errants. Les superstitions sont encore très vivantes dans cette région, elles permettent aux vivants ou « survivants » d'apprivoiser leurs peurs et les horreurs vécues.
C'est ce que découvre Natalia, jeune médecin serbe en mission humanitaire. Relativement préservée par cette guerre un peu lointaine, forte de l'insouciance de la jeunesse _ et quelque peu étrangère aux légendes _ la mort mystérieuse de son grand-père avec lequel elle avait noué une solide complicité, fait tomber toutes les résistances de la jeune femme...


Le récit est réellement surprenant parce qu'il s'inscrit dans une contrée géographique mal définie, une rationalité aux frontières abolies, une narration au rythme bousculé. Et pour un esprit cartésien, cela est même est déroutant. Il convient un temps d'adaptation au récit où se télescopent sans cesse imaginaire et monde réel, souvenirs et réflexions d'une narratrice un peu perdue dans ce monde où les fables glissent comme des ombres dans la banalité du quotidien.
Pour autant, on se laisse captiver par cette « réalité », les contes confèrent une certaine beauté morale à la laideur du quotidien d'après-guerre où la mort est encore très présente. Ici la fable ne se borne pas à la transmission d'histoires de génération en génération, elle prend une dimension merveilleuse permettant d'appréhender une vie hostile, faite de conflit, d'épidémie, de deuil et de haine.
Avec une écriture cinématographique, l'auteur, doté de réels talents de conteuse, convoque tous les fantômes du passé de son pays d'origine que l'on découvre plein de poésie, peut être pour sanctuariser la paix présente face aux traumatismes.
Lecture savoureuse et dépaysante.
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}