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Citations sur Les tilleuls de Berlin (6)

La vallée remontait vers le nord jusqu’à Yasinya dans une région reculée de l’Europe que les pays voisins avaient réclamée à travers l’histoire sans vraiment savoir ce qu’ils en feraient. J’entrais dans un royaume aux contours incertains où la beauté du paysage rendait vain l’effort de choisir un nom entre la Transcarpatie des géographes et la Ruthénie des ethnologues.
Vu le mauvais état de la chaussée, je décidai de filer d’une traite. Pourquoi me suis-je arrêté ? Peut-être parce que la porte de mon imagination était ouverte aux fantasmes esthétiques de mon métier. Ici tout était noir : Chorna Gora, la montagne, Chorna Tysa, la rivière. Je réfléchissais à la perception des couleurs quand je remarquai un chemin de charrette menant à un pont en bois. Après avoir rangé la voiture, je me penchai vers l’amont où l’eau reflétait les pentes verdoyantes, puis vers l’aval où la rivière élargie passait du vert au bleu. Appuyé au parapet pour apprécier la subtilité de ces nuances, je surpris tout à coup un spectacle qui relança mon éternel combat avec l’illusion.
Elle est debout dans la rivière, l’eau à mi-cuisse, moulée dans la chemise blanche que portent sous leurs vêtements les femmes de la région. D’un geste souple qui arrondit ses hanches, elle brosse un cheval, elle plonge plusieurs fois, laissant flotter à la surface de l’eau l’éventail de sa longue chevelure noire. Ébloui par le miroitement de la Tysa sous le soleil, je n’ose pas détourner le regard de peur que la fée ne disparaisse dans un souffle de vent.
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Au lieu de résister comme je le prétendait, je ne faisais que tourner autour d'Esther. Un papillon, voilà ce que j'étais, parce qu'ici, j'affrontais une passion, je me brûlais à une flamme.
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Tête bien droite sur un corps raide, l’ami Rudolf devait être très fier des runes SS sur le col de sa veste. Derrière sa prétendue virilité, je soupçonnais une faille, je tenais là l’homme dont j’avais besoin : « Rudolf, si vous n’avez pas trouvé à vous loger, je vous offre l’hospitalité. Dès la fin de votre internat à l’hôpital de Lichterfelde, mon appartement vous est ouvert. »
Je préparais la voie au seul crime que j’allais commettre dans mon existence. Il faut croire que cela faisait partie des effets indésirables que Zeliński m’avait signalés, mais j’étais dans la force de l’âge, je me sentais d’attaque, ce que je voyais autour de moi m’ôtait le moindre scrupule. J’avais mis le doigt dans l’engrenage – le mal par le mal.
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Ma fée des rivières dut être surprise de voir avec quelle exaltation je reprenais le fil de mes sentiments depuis le jour où elle était entrée dans mon existence. Je terminais sur un vœu qui me tenait à cœur : « Dans tout ce que tu entreprends, n’oublie jamais qu’il y aurait un vide insupportable dans ma vie s’il t’arrivait malheur. »
Le mois suivant, le courrier de Joël contenait l’enveloppe bleue que j’attendais avec tant d’impatience. Esther blâmait mon manque d’intuition : « Tu crois être le seul à garder intact l’amour que nous avons éprouvé. Mais avec toi, j’ai découvert la femme que j’aurais pu être si je n’avais pas suivi ma voie. Je mène une double vie, je t’assure. Je m’abandonne parfois à cette existence d’un autre moi et je m’imagine dans un appartement joliment meublé. Tu es à mes côtés, je me prête à ton regard, à ta voix, et nous échangeons les paroles banales de tous les jours. Il y a quelque temps, je ne sais trop quel détail infime m’a rappelé un moment que nous avions vécu ensemble. J’étais assise, tu mettais ta main sur mon épaule, tes doigts glissaient doucement dans mon cou. J’ai fermé les yeux, je frissonnais, j’aurais juré que tu étais là, près de moi, j’ai été obligée de me secouer pour retourner à mon travail. »
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Le tilleul est le poète du crépuscule, il a choisi un papillon de nuit, le sphinx, pour porter le message de ses amours.

Le soleil se couchait, un prodigieux rut végétal était sur le point d’exploser. Au creux des corolles gorgées de nectar, les étamines se raidissaient, annonçant l’éternel retour de la vie.
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Ta question me montre que pour elle comme pour moi, le seul moyen de se sentir vivre, c'est de s'acharner même si la tâche est éreintante.
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