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Critique de dvall


dvall
03 décembre 2023
Invité comme écrivain en résidence par une prestigieuse université californienne, Monsieur K, qui traverse une « crise » existentielle, s'envole avec son épouse, laissant derrière eux leurs trois enfants : Mâ, étudiante en littérature française, son jeune frère Ô révisant pour ses examens d'entrée à l'université, et Eoyore leur frère aîné, imposant handicapé mental, imprévisible et fragile, mais aux traits d'esprit surprenants et aux admirables aptitudes à la composition musicale. Ce roman est en fait le journal de bord de Mâ, chronique de la vie tokyoïte menée par cette fratrie laissée à elle-même pour plusieurs mois. le récit se focalise principalement sur la relation qui lie Mâ à Eoyore, dont le surnom est dérivé de Eeyore (nom anglais de l'âne Bourriquet dans Winnie l'ourson). Mâ peut compter sur l'assistance d'un couple d'amis de ses parents, Madame et Monsieur Shigetô. Eoyore prend auprès de ce dernier des cours de composition, et les moments passés au domicile des Shigetô sont pour Mâ l'occasion de longues discussions sur la famille, le cinéma, la littérature et la politique.

Le rythme contemplatif de ce roman est étonnamment hypnotique. Durant une grande partie du récit, il se passe pourtant peu de choses en dehors des petits sursauts du quotidien. Les introspections inquiètes de Mâ sont amplement décrites. Elle s'interroge sur sa relation au père, les liens étroits qui l'unissent à Eoyore qu'elle s'imagine protéger toute sa vie en restant vieille fille, sur cette insulte blessante qu'ils recevront d'une fille dans le bus, sur ce que cela implique au sujet de leur place dans la société. Avec le couple Shigetô, Mâ disserte sur le film « Stalker » de Tarkovski ou le roman « L'Histoire sans fin » de Ende. En contrepoint de la vie quotidienne, des réflexions sont couchées sur l'oeuvre de Louis-Ferdinand Céline et de William Blake. Et puis avec l'irruption d'un personnage tout aussi attractif qu'impénétrable, enfle quelque chose de comminatoire…

Voici un roman d'une belle maîtrise, inspiré à Ôé par sa propre vie, qui fait la part belle aux relations familiales et évoque avec une certaine grâce la question du handicap parmi d'autres thèmes de société.
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