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Critique de Luniver


Si on prend une vache dans un pré, qu'on lui retire ses cornes, qu'on l'affine quelque peu, qu'on lui allonge la tête, … jusqu'à ressembler à un cheval, a-t-on toujours affaire à une vache, ou à un cheval ? La plupart des personnes interrogées tiendront pour la vache : quelle que soit sa forme actuelle, elle a été vache, elle est vache, et elle restera vache. Instinctivement, il existe une « âme vache » quelque part dans la carcasse, qui reste immuable.

Le problème avec le concept d'âme immuable, c'est (entre autre) qu'il est difficile d'expliquer comment le corps l'altère si vite : si la bonté, la générosité font partie d'une âme, voir la personne agir en égoïste dès qu'elle a un peu faim ou froid pose quelques soucis explicatifs.

La Mettrie fait table rase de toute cette idée : il n'y a que la matière, et elle explique tout. Reprenant l'idée de Descartes selon laquelle les animaux ne sont que des machines compliquées, il achève la démonstration en établissant que l'homme n'est finalement qu'un animal comme un autre. À côté des paradoxes sur le couple âme/matière du précédent paragraphe, le philosophe ajoute quantité de faits scientifiques : des vers coupés en deux donnent deux parties viables , le fait que les membres, même coupés du reste du corps, continuent à fonctionner quelque temps (une poule à qui on coupe le cou court encore), … Les récents progrès des automates, notamment les machines spectaculaires de Jacques Vaucanson, l'encourage à voir nos membres comme des machines certes complexes, mais composées in fine de rouages minuscules reproductibles.

Ceci dit, les faits scientifiques sont parfois fantaisistes : ainsi, la consommation de viande rouge amènerait à un comportement bestial (raison pour laquelle les Français, qui mangent leur viande très cuite, sont bien plus raffinés que les Anglais, qui la mangent presque crue). Bonne leçon pour l'avenir : être les premiers critiques des théories qui soutiennent nos propres thèses.

L'essai est assez court et se lit facilement, d'autant que l'auteur s'épanouit dans la polémique. le débat âme/matière n'est plus vraiment à l'ordre du jour (enfin, pas sous cette forme exacte en tout cas), mais les personnes intéressées par l'histoire de la philosophie prendront certainement plaisir à le découvrir.
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