Les langueurs du corps empêchent donc quelquefois les langueurs de l'âme ! Quoi ! Elles soutiennent la volupté !
J'aime qu'on me résiste et non qu'on me prévienne, mais avec art, ni trop, ni trop peu ; j'aime une certaine violence, mais douce, qui excite le plaisir sans le déconcerter.
La douleur est un siècle, et le plaisir un moment ; ménageons-nous pour en jouir [...].
Le plus beau spectacle du monde est une belle femme ; il se peint dans ses yeux ; c'est par eux que passe dans l'âme l'image de la beauté, image agréable dont la trace nous suit partout, source féconde en amoureux désirs.
Si les plaisirs du corps sont si vifs, quels sont ceux de l'âme ! Je parle de cette tendresse pure, de ces goûts exquis qui semblent faire distiller la volupté goutte à goutte au fond de nos âmes, tellement enivrées, tellement remplies de la perfection de leur état qu'elles se suffisent à elles-mêmes et ne désirent rien.
L'image de la beauté vaut la beauté même, si elle n'est encore plus séduisante.
Dans le souverain plaisir, dans cette divine extase où l'âme semble nous quitter pour passer dans l'objet adoré, où deux amants ne forment qu'un même esprit animé par l'amour, quelque vifs que soient ces plaisirs qui nous enlèvent hors de nous-mêmes, ce ne sont jamais que des plaisirs ; c'est dans l'état doux qui leur succède, que l'âme en paix, moins emportée, peut goûter à longs traits tous les charmes de la volupté.
[...] il faut n'arriver au comble des faveurs que par d'imperceptibles degrés ; il faut que mille jouissances préliminaires vous conduisent à la dernière jouissance : découvrez, contemplez, parcourez, contentez vos regards, comme l'amant d'Issé ; par eux le coeur s'enflamme, les baisers s'allument.. Mais n'en donnez point encore, revenez sur vos pas ; qui vous presse ?
C'est le but de l'amour ; il ne bat que d'une aile lorsqu'il est seul ; en compagnie il n'en a point ; tête à tête il en a mille.
Rien ne fatigue, rien ne coûte quand on aime : la distance des lieux est bientôt franchie par les ailes de l'Amour.