[...] voyez cette rose que le trop heureux hymen reçoit quelquefois des mains de l'Amour : rose vermeille dont le bouton est à peine éclos qu'elle veut être cueillie ; rose charmante, dont chaque feuille semble couverte et entourée d'un fin duvet, pour mieux cacher les amours qui y sont nichées et les soutenir plus mollement dans leurs ébats.
Tout vous est de l'Amour une leçon vivante.
Jouissez, Phylis, jouissez de vos charmes : n'être belle que pour soi, c'est l'être pour le tourment des hommes.
Vous vous révoltez en vain, chacun doit suivre son sort ; pour être heureux il n'a manqué au vôtre que l'amour ; vous ne vous priverez pas d'un bonheur qui redouble en se partageant ; vous n'éviterez pas les pièges que vous tendez à l'Univers : qui balance a pris son parti.
Plaisir, Maître souverain des hommes et des dieux, devant qui tout disparaît, jusqu'à la raison même, tu sais combien mon coeur t'adore, et tous les sacrifices qu'il t'a faits.