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Critique de JIEMDE


Ce qui est bien avec Chris Offutt, c'est qu'il n'est jamais décevant.

Aussi à l'aise dans le roman noir que dans les nouvelles (où il excelle), il réussit avec Les Fils de Shifty – traduit par Anatole Pons-Reumaux – l'exercice casse-gueule de donner une suite à l'excellent Les Gens des Collines, encore plus réussie que le premier opus.

On y retrouve Mick Hardin, flic de l'armée, de retour dans son Comté d'Eldridge pour quelques jours de convalescence auprès de sa soeur Linda, shérif atypique du coin en campagne pour sa réélection.

Une convalescence qui va s'avérer plus active que prévu lorsque le corps de Fuckin' Barney Kissick est retrouvé assassiné et que Shifty, sa mère qui règne en marâtre sur le clan Kissick va charger Mick d'enquêter sur cette vengeance venue des collines.

Bien plus qu'un pageturner efficace, Les Fils de Shifty est une nouvelle déclaration d'amour d'Offutt à son Kentucky natal, où la parfaite maîtrise du fil de l'intrigue se renforce d'une approche quasi-naturaliste du territoire et de ses habitants.

En laissant Mick enquêter et errer dans les collines, Offutt fait la part belle aux paysages grandioses, à cette flore qui y survit malgré la rudesse des conditions, et à ces espèces animales qui les peuplent. Mais c'est avec les femmes et les hommes qu'il excelle, portraitiste appliqué de ses pairs.

En âme perdue et déracinée, Mick s'épaissit encore et ses tourments deviennent empathie. Un homme en équilibre entre attachement à sa terre et inaptitude à y vivre trop longtemps : « Il avait fait exactement ce qu'il s'était efforcé toute sa vie d'éviter : tuer par vengeance. Il avait beau essayer de s'en éloigner, il était lié aux collines. »

Et puis, il y a les femmes : Linda, shérif par défaut plus que par ambition, plébiscitée contre son gré ; et Shifty, incroyable personnage, fière et dure pour mieux masquer la souffrance des fils enlevés trop tôt.

Et enfin les personnages les plus touchants, qui traversent le livre le temps de quelques pages : l'hilarant Jaybird qui se prend en otage tout seul ou l'attachant Oncle Merle, qui écoute et parle aux oiseaux.

C'est noir, rural, parfaitement écrit et aurait bien mérité une centaine de pages de plus. Et si c'est le début d'une série récurrente, je mets tout de suite une option sur le prochain !
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