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Critique de ASAI


Yoko Ogawa excelle dans l'écriture de nouvelles et dans l'assemblage de ses opuscules en un seul ouvrage, et comme elle excelle dans la facture de romans, peu diserts, courts pourrait-on dire.
Que ce soit des nouvelles rassemblées, comme ici, ou des romans, chaque ouvrage de Y.O. est comme une claque, une claque qui fait mal parfois, assez souvent, une claque qui fait du bien car elle réveille, elle met en branle la conscience, elle touche au plus profond de l'âme ou du coeur ou du cerveau, et quand sa plume est plantée au plus profond, elle remue doucement les sables endormis, confortablement, habitués.
Yoko Ogawa me fait penser à une harpe : sa plume touche les toutes petites cordes sensibles, celles qu'on n'utilise jamais, les aigues, car nous savons qu'elles se brisent facilement. Alors en général, on les évite. Les nouvelles d'Y.O. oscillent sur ces cordes-là.
Et puis, soudainement, on descend dans les graves. Les costauds, les longues, les épaisses. Pour souffler, pour respirer, pour s'apaiser, pour se reposer. Mais c'est mal connaître et YO et l'âme humaine qu'elle transcrit. Tout aussi brutalement – et c'est ici tout son art d'écrire des nouvelles, car le temps est compté (et non pas les pages, cela n'a rien à voir) – YO remonte dans les aigus, ceux de la souffrance, de la douleur, de l'absence – car là les cordes cassent facilement et alors, plus de son, donc silence et absence.
Yoko Ogawa est une grande artiste, la littérature est un art et elle aime la musique. Son écriture est musicale.
Tristes revanches recueillent onze nouvelles, et clins d'oeil, les personnages se croisent souvent de manière fugace, éphémère, entre les nouvelles, à travers une image entrevue, instantanée, presque volée.
Cela permet d'allier à une forme de poésie et de douceur, la douleur, voire la cruauté, des vies supportées par les personnages inventés par l'auteure. Et cela permet aussi d'osciller entre ces instants volés au présent et ce temps indéfini du souvenir, qui sera peut- être un jour l'oubli.
Yoko Ogawa, c'est le beau et le cruel. C'est la douceur et la brutalité. C'est la mémoire et l'absence.
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