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Critique de Zephirine


Le 7 mai 1954, après une bataille acharnée et meurtrière, tombait Diên Biên Phù. Cette défaite va sonner le glas de la France colonialiste en Indochine.
Diên Biên Phù, le tire à lui seul pourrait nous laisser croire à un roman historique, mais l'histoire sert ici de fond à la quête amoureuse d'un soldat rescapé de l'enfer.
Alexandre est ce rescapé de Diên Biên Phù, Revenu en France où il a retrouvé sa femme, il est brisé par cette guerre absurde et par la perte de Maï Lan la jeune femme dont il est tombé amoureux et qu'il a laissée là-bas. L'écriture et la lecture des poètes l'aideront à reprendre pied dans la réalité et à s'affirmer en tant qu'opposant à la guerre, lui qui avait refusé de tirer sur des enfants.
Il y a aussi des pages émouvantes sur l'amitié très forte qui lit Alexandre à Alassane Diop. Alors qu'il était blessé, ce soldat sénégalais le sauve d'une mort certaine. Alexandre découvre ainsi que les soldats venus des colonies sont comme eux
« …Ils combattaient et mourraient comme nous, espéraient comme nous, rêvaient de revoir un frère, un ami, une femme, un père, une mère, une famille. Ils n'étaient pas différents, pas tant que ça, pas autant qu'on nous l'avait fait croire »
L'amour de la poésie et leurs désirs d'émancipation des peuples va sceller leur amitié.
L'amour passionné, fulgurant d'Alexandre pour « la fille au visage lune » va le mener à l'écriture de lettres et de poèmes à son aimée jusqu'au jour où il décide de laisser sa famille pour partir à sa recherche à Hanoï.
« Pendant vingt ans, j'ai écrit des poèmes et des lettres à une absente
Amante fantasque, amour fantasme, amie fantôme, Maï Lan »
L'écriture deviendra son socle, son amarre
« Mais, au fond, j'écris pour Maï Lan.
Pour elle, et toutes les Maï Lan du monde, femmes inattendues. Femmes que l'on aime, que l'on aime en espoir de cause.
Ces femmes que l'on aime, à en vivre »

C'est par le biais de chapitres très courts qu'est décrit le périple de cet homme brisé parti sur les traces de son amour perdu. C'est d'une infinie délicatesse, d'une poésie rythmée où s'exprime tout le talent de l'auteur qui est aussi slameur.
Le style est dépouillé, vibrant d'émotion et je me suis laissée emporter par ce flot de mots qui ont continué à résonner en moi après avoir refermé le livre.

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