Vue depuis l’extérieur du tableau, la scène était épouvantable et d’une cruauté sans nom. Mais vue de l’intérieur, elle était tout simplement infernale.
Contrairement à ce qui s’était passé lors des précédentes immersions dans les tableaux peints par Balthazar Anguissoli, il n’y avait aucune confusion des sens au sein de cette poignante peinture d’Antoine Caron. Les amis de Paul Tienhoven le regrettaient presque car la vue, l’ouïe et l’odorat, étaient saturés d’horreurs.
Les somptueux monuments romains apportaient une touche d’élégance hiératique qui pouvait satisfaire une légitime aspiration à la beauté. Mais cette subtile architectonie était bousculée et anéantie par le carnage en cours.
Les sept survivants ne savaient plus où donner du regard. Partout c’était l’effroi. Partout c’était des corps mutilés. Partout c’était des têtes tranchées formant de longs cheminements sanglants où seuls des rictus de peur battaient la rime. Crispées, ou largement ouvertes, des bouches déformées par la terreur étaient surplombées par des yeux exorbités. Cornées et cristallins reflétaient alors l’absurde ensauvagement du monde.