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Critique de kaerlyon


Sofi Oksanen ou une romancière qui sait maitriser l'intrigue jusqu'à la dernière page.

Zara, la jeune, échoue dans la cour d'Aliide, la grand-mère. Aliide s'interroge sur cette inconnue mais accepte de la cacher, pour un temps, tout en craignant que Zara ne la vole. Aliide ne connait rien de Zara mais comprend que ce que lui dit la fille n'est que mensonge. La seule chose de vrai qu'Aliide ressent, est la peur de Zara. Cette peur qu'elle a elle-même connu. Quant à Zara, que lui était-il arrivé pour qu'elle atterrisse dans cette ferme d'Estonie ? Les questions trouveront doucement des réponses.

Le roman est construit en 3 parties qui s'entrecroisent : le temps présent mettant en scène Aliide et Zara. L'Estonie d'Aliide des années 30 jusqu'aux années 80 et la courte vie de Zara de Vladivostok à cette ferme estonienne. Si au départ, ces deux destins paraissent totalement éloignés, les retours en arrière montrent que le hasard n'a pas de place dans cette histoire. Et nous, lecteurs, avons envie de connaître la fin de cette rencontre de moins en moins improbable. le livre est composé d'une façon vraiment particulière. Ce n'est pas grâce aux dialogues des deux femmes, qui ne sont fait que de mensonges et de faux-semblants que nous entrons dans leur vie, que nous faisons leur connaissance mais seulement par le biais de ses retours incessants. Dans ces allers-retours, le ton n'est plus le même. Si nous sommes charmés par la scène d'une table de cuisine entourée par une grand-mère préparant des conserves pendant qu'une jeune fille, poliment, lui propose son aide, il en va différemment lorsqu'il est question des faits plus anciens : les mots sont crus, la violence, la peur, la haine coulent de page en page, sans aucun espoir. C'est aussi le pouvoir des hommes sur les femmes : la milice, la politique communiste, la mafia dont l'arme favori est la purge ethnique et qui n'hésitent pas à utiliser le viol comme moyen de dissuasion ou pour affirmer leur domination. C'est aussi l'histoire de femmes qui veulent survivre dans ce monde d'hommes n'hésitant pas utiliser la trahison ou le meurtre. C'est un roman qui, sous son aspect décousu et sans chronologie, donne des renseignements progressivement et toujours quand il faut. C'est ainsi, qu'au milieu du contexte historique, nous découvrons le drame plus intime d'un conflit familial, la relation ambigüe de deux soeurs. Dans cette histoire qui se construit progressivement, le caractère des personnages s'affinent, montrant leurs qualités et souvent les défauts sans jamais atteindre ce point de non-retour qu'est le "méchant caricatural" auquel nous aurions pu nous attendre. Peut-être un petit bémol pour la fin qui est un peu précipité. D'un autre côté, cela semble logique au vu de la construction du roman. Comme si nous entrions par inadvertance dans la vie d'Aliide et Zara, nous en sortons aussi rapidement. le journal final qui sert de conclusion est une bonne idée mais ne donne pas toutes les réponses.
Personnellement, je ne connaissais pas du tout cet auteur. Mais ce livre est un coup de coeur et j'aimerais découvrir les autres titres de cet écrivain.
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