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Critique de cedratier


Ör. Audur Ava Olafsdottir (Zulma ; 190P)
Blessures et tristesses. Mais pas que… Mourir un jour, bien sûr, mais quand, et doit-on le décider parfois ?
Jonas a tout pour être malheureux, au fond du trou. La vieille quarantaine usée, divorcé depuis des années, il apprend que sa fille unique qu'il chérit n'est pas « de lui ». Lui qui plus jeune fut gourmant de conquêtes féminines n'a pas touché le corps d'une femme depuis plus de huit ans. Tenté par une fin choisie, il décide de partir, très loin, dans un pays (jamais nommé, mais on peut penser à l'ex-Yougoslavie) ruiné par la guerre et dont les blessures sont encore à vif, dans les chairs comme dans les paysages. Jonas débarque dans cette ville déchirée, vide de touristes et encore très dangereuse avec juste, allez savoir pourquoi, sa perceuse et sa petite boite à outils (de quoi est-ce le symbole, puisqu'il ne semble pas prêt du tout à se réparer ?) le titre « Ör » signifie d'ailleurs cicatrice en islandais. Il se pose dans un hôtel quasi désert, découvre un monde où il doit se confronter aux plaies brûlantes de tout un chacun, peuplé dans les mémoires des survivants de morts atroces et de disparitions, de massacres interethniques, et peut-être aussi d'espoir, puisque survivre, c'est encore espérer.
Le grand mérite d'Audur Ava Olafsdottir dans ce petit roman est de ne pas nous plonger dans une désespérance sans fin dans un contexte d'horreurs crûment montrées des conséquences d'une guerre fratricide, de deviner la capacité à accueillir un sourire ou une attente - c'est-à-dire un désir, c'est-à-dire la vie. C'est certes d'une tonalité générale triste. C'est aussi très lent, mais c'est à l'aulne de ce temps retenu, quelques jours, à peine quelques semaines. C'est plein de pudeur, de poésie, de sensibilité, à l'envers d'un contexte et d'une réalité qui peuvent faire froid dans le dos. C'est bien écrit. C'est vite lu. C'est très touchant, plus qu'émouvant. Ça restera dans les mémoires je crois, alors c'est à lire.
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