Enzo est le fils de Liouba Popov d'origine russe comme son nom l'indique. Ils habitent tous les deux dans un grand appartement dont les propriétaires sont toujours en voyage. Liouba doit y faire le ménage et comme cet appartement est situé dans un quartier grand standing, Enzo a pu être inscrit dans un bon collège.
Parlons-en du collège pour les riches du coin. Liouba croit donner toutes les chances de réussir à Enzo mais il ignore qu'il est le souffre douleur de la classe. Il est obèse car amoureux du Nutella, et toujours « assis sur son cul d'obèse à lire», habillé d'un survêtement noir (le noir mincit c'est connu), sa mère est femme de ménage et il est né de père inconnu donc le bouc émissaire idéal on trouve même qu'il a une odeur !!!!
Ils sont logés, certes mais doivent dormir dans la même chambre, donc intimité impossible elle doit s'exiler dans le salon quand elle revient de virée nocturne hebdomadaire avec un amant de passage auquel elle présente toujours son fils qu'elle croit endormi : « c'est mon fils, il est beau hein ?» mais Enzo entend leurs ébats.
Liouba doit faire le ménage huit par jour, mais elle travaille beaucoup plus que cela, ses mains sont usées par les lavages de doubles-rideaux intempestifs, la façon dont elle récure chaque pièce du sol au plafond dans cet appartement immense car les propriétaires reviennent toujours à l'improviste à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.
Un jour, Enzo découvre un débarras dans l'appartement, et fait une rencontre qui va changer son existence.
On assiste à l'évolution de ce couple qui n'en est pas un et que je vous laisse découvrir…
Ce que j'en pense :
J'ai éprouvé beaucoup de tendresse et d'empathie pour Enzo. C'est un adolescent qui se cherche et qui est différent des autres donc une victime toute trouvée pour ces ados en herbe qui trompent leur ennui en le martyrisant. Il m'a rappelé des souvenirs d'école : ce n'est jamais drôle d'avoir des kilos en trop dans l'enfance, les enfants ne font pas de cadeaux c'est connu, mais autrefois il s'agissait de moqueries sur le physique (grosse patate ou clou pour les trop maigres) et encore pire quand on se réfugie dans les livres et qu'on a envie de travailler bien en classe.
A l'heure actuelle, on en est à la maltraitance pure et simple, frapper, cracher dans le cou ou sur le visage, rouer de coups…..
Enzo finit par quitter son corps, il est au dessus mais cela n'empêche pas les coups de pleuvoir. (cf. la journée organisée pour lui via les réseaux sociaux à la quelle il échappe par miracle) il se réfugie dans ses amis les livres (le propriétaire a une immense bibliothèque qui le fait rêver). Mais ils se vengeront et de quelle manière.
Il a la littérature qui lui tient la main et le conduit dans ce passage difficile de l'adolescence, comme une amie, une thérapeute.
Il se débat aussi avec sa relation avec une mère qui l'a eu trop jeune et qui se punit sans cesse en briquant une maison qui doit toujours être parfaite, au cas où les propriétaires rentreraient, changer les draps des lits qui n'ont pas servi…. Elle avait dix-sept ans quand elle est tombée enceinte d'un garçon dont on ne sait pas si elle était amoureuse ou non au départ et met un point d'honneur à s'en sortir. Elle est d'origine russe donc il y a aussi un amalgame entre femme de l'est et prostitué et dans la calomnie le pas est si vite franchi.
Enzo aimerait qu'elle soit heureuse et il essaie de la protéger, alors qu'il aurait tant besoin de l'être lui-même. Comme je le disais plus haut ils forment un drôle de « couple tous les deux. Ils s'aiment mais sont aussi maladroits l'un que l'autre et il faudra le tragique accident pour que ces deux êtres maltraités par la vie trouvent leurs marques, se parlent, se touchent et s'écoutent surtout.
Il se pose des questions sur son père, aussi. Pourquoi il ne s'est pas intéressé à lui. Comment peut-il se construire sans modèle masculin ?
Un beau roman intéressant à plus d'un terme : l'évocation de la violence en milieu scolaire et de la souffrance, de la torture que subit un enfant parce qu'il est différent, alors qu'il voudrait se noyer dans la masse. Et aussi, l'auteure évoque très bien la souffrance d'une femme enceinte trop jeune qui n'a pas vraiment vécu une adolescence lui permettant de devenir une adulte en paix et qui cherche elle- aussi à être comme tout le monde. On ne lui a pas appris à être mère, elle a dû apprendre toute seule, guidée par son amour pour son fils et son bon sens.
Véronique Olmi nous envoie un uppercut pour nous faire réfléchir sur tous ces thèmes et elle réussit parfaitement.
Liouba est un joli prénom qui dérive du mot Lioubov qui signifie amour en russe
Note : 8/10
et plus sur mon blog
Lien :
http://eveyeshe.canalblog.co..