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3.7/5 (sur 6312 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Nice , 1962
Biographie :

Véronique Olmi est comédienne, scénariste, écrivain et dramaturge.

Elle est la petite-fille de Philippe Olmi, ministre de l'Agriculture, député des Alpes-Maritimes et maire de Villefranche-sur-Mer durant vingt ans.

Après avoir suivi des études d'art dramatique chez Jean-Laurent Cochet, Véronique Olmi a été assistante à la mise en scène pour Gabriel Garran et Jean-Louis Bourdon de 1990 à 1993.

Elle fut particulièrement remarquée en 1998 à l'occasion de la création de "Chaos debout" par Jacques Lassalle au Festival d'Avignon. Le public découvre ensuite "Point à la ligne" (1998), mise en scène par Philippe Adrien au Vieux Colombier et "Le jardin des Apparences" (2000), mise en scène par Gildas Bourdet à La Criée et au théâtre Hébertot, (nomination du "meilleur auteur" aux Molières 2002).

Auteure pour le théâtre, elle a également publié, en 2001, chez Actes Sud, son premier roman, "Bord de Mer" qui a reçu le Prix Alain-Fournier.

Elle a dirigé durant trois ans le comité de lecture du Théâtre du Rond-Point. A la demande de Laure Adler, elle a produit et animé 5 numéros d'une émission sur France-Culture "C'est entendu !". Elle a signé pour le Figaro Madame un reportage: "Les amazones de Tsahal". Elle a participé, en tant que chroniqueuse, à plusieurs numéros du magazine télévisé "Avant-premières", produit par Rachel Kahn.

Son roman "Cet été-là" reçoit le prix des Maisons de la Presse en 2011.

En 2012 elle crée avec Anne Rotenberg et Michèle Fitoussi, le Festival de théâtre : "Le Paris des Femmes" qui a lieu chaque année au théâtre des Mathurins.

Véronique Olmi a publié chez Albin Michel plusieurs romans, "Nous étions faits pour être heureux" (2012), "La nuit en vérité" (2013), "J'aimais mieux quand c'était toi" (2015) et deux pièces de théâtre "Une séparation" (2014) et "Un autre que moi" (2016).

Véronique Olmi a obtenu le prix du roman Fnac 2017 et le Prix Patrimoines BPE avec son treizième roman "Bakhita", la biographie romancée de Joséphine Bakhita (1869-1947), une enfant volée devenue sainte patronne du Soudan.

BIBLIOGRAPHIE sélective :
Le gosse
Les Evasions particulières
Bakhita
Un autre que moi
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Bibliographie de Véronique Olmi   (30)Voir plus


L`entretien de Véronique Olmi avec Babelio : Nous étions faits pour être heureux


Le titre de votre roman « Nous étions faits pour être heureux » est issu d`un poème d`Aragon. Pourquoi avoir choisi ce vers en particulier ?

Ce vers est extrait d`un poème d`Aragon intitulé « Un homme passe sous la fenêtre et chante ». Je trouve que ces vers « Nous étions faits pour être libres, nous étions faits pour être heureux », c`est l`histoire de ce roman qui est celle d`une tentative de libération de chacun des protagonistes. Au début, les personnages se loupent. Même quand ils se voient, ils ne font que se croiser. Mais c`est une question essentielle dans la vie : Pourquoi est-ce qu`on passe son temps à se rater ? Pourquoi est-ce que les histoires d`amour dérapent ? Pourquoi est-ce qu`elles échouent ? C`est ce que j`essaie de démêler, de décrypter car c`est quelque chose qui m`échappe. J`aime écrire sur ce que je ne comprends pas pour essayer de mettre un microscope et voir comment ça s`agite.

D`une manière plus générale, Aragon m`a beaucoup accompagné pendant ma vie. À tel point d`ailleurs que mon fils s`appelle Aurélien ! L`amour platonique entre Aurélien et Bérénice a quelque chose de bouleversant.


Le roman commence par une relation adultérine entre Serge et Suzanne, pour aborder ensuite des thèmes comme la paternité, les traumatismes de l`enfance ou encore la culpabilité. Aviez-vous pour intention initiale d`aborder ces thèmes ?

Ce qui m`intéressait au départ c`était de parler de cette chose irrationnelle qu`est l`attirance. J`avais envie qu`un homme comblé, marié à une femme jeune riche et amoureuse, soit attiré par une femme ordinaire, pas très belle, la quarantaine… Ce que je voulais c`était cette surprise de l`attirance qui va à l`encontre de tous ses projets, de tout ce qu`il avait planifié. Lui ne le sait pas, mais l`attirance n`est jamais innocente.
Elle, Suzanne, cette femme qui l`attire, est libre. Elle n`a pas peur des regards. En réalité elle est l`inverse de lui. Elle est dans l`instant, dans la joie de vivre. S`il est intéressé par elle, c`est qu`inconsciemment il veut se libérer à travers elle.
Ceci étant dit, si je voulais écrire cette histoire d`un homme attiré par une femme ordinaire, j`ai tout de même rapidement été rattrapée par l`histoire de la filiation. Cette histoire de filiation, de père manquant, de fils abandonné et de désamour irrattrapable que j`avais en moi s`est finalement imposée et est venue très fortement s`inscrire dans le roman. Et c`est le fondement même du personnage de Serge.


Les personnages de votre roman n`agissent pas toujours comme on attendrait qu`ils agissent. Ainsi le père de Serge est d`abord vu comme un être abject avant qu`on n`entende sa voix et son histoire…

Ce qui est intéressant quand on écrit, c`est que les personnages sont plus forts que les clichés qu`on a en nous. le père, qui apparait en premier lieu comme un véritable salaud, ou qui m`est en tout cas apparu comme tel, a en fait lui aussi sa part de vérité, ses propres explications. Chacun a ses vérités. Ce n`est pas intéressant de décrire un salaud total, sans ambiguïté ni zone de lumière. Ce qui est intéressant c`est la figure de l`ange déchu, les moments où tout bascule. le mal absolu, c`est une explication trop simple. Là, il s`agit d`un homme. D`un homme blessé, un homme bon devenu un homme mauvais. Dangereux. Nuisible.


La morale du poème d`Aragon dont est issu le titre de votre roman semble dire que le temps détruit tout. Dans votre roman, ne peut-on pas voir une part de responsabilité de la part de chacun des protagonistes ? Ne se détruisent-ils pas eux-mêmes ?

Il n`y a pas de victimes dans ce roman. Les personnages souffrent mais ils acceptent leur souffrance. Et surtout ils en font quelque chose. Ils font leurs propres choix. Ils ne comptent pas sur les autres. Les deux femmes, la maitresse du mari et la femme de celui-ci restent dignes malgré tout. Elles ne reportent pas la faute sur les autres. Elles ne sont pas entravées par les autres, c`est plutôt le mensonge, le non-dit, qui les entravent dans le livre.
D`autre part, je ne crois pas à la fatalité. Je crois qu`on fait avec ce qu`on nous a donné et on devient celui qu`on est. Il ya beaucoup de force et de courage en l`homme qui peuvent vaincre des poids antérieurs. On n`est victime que si l`on y consent.


Suzanne, l`un des deux personnages principaux a un métier qu`on ne rencontre pas beaucoup en littérature ! Comment vous est venue l`idée de mettre en scène une accordeuse de piano ?

Ce métier me plaît beaucoup. Ma mère et mes sœurs jouaient du piano, et j`aimais quand l`accordeur venait à la maison. C`était mystérieux. Quand on écrit un roman, il y a une phase qui est très difficile, très importante, c`est de savoir comment les personnages vont s`appeler et quelles sont leurs professions. J`aime que mes personnages aient une profession qui leur permette de s`échapper, d`être maîtres de leur temps. Dans ce roman, lui est son propre patron, elle est à son propre compte et est donc accordeuse de piano. C`est une femme qui écoute et travaille sur les tons et les demi-tons, cherche l`harmonie.
Quand j`ai pensé à ce métier d`accordeuse, j`ai rencontré des accordeurs malvoyants, je suis allée à l`institut des jeunes aveugles et je trouvais que ce serait une bonne idée de construire un roman autour d`une accordeuse malvoyante même si au final je n`ai gardé que l`idée de l`accordeuse de piano. Ce métier peut paraitre un peu mystérieux et compliqué mais il s`en dégage aussi une certaine simplicité. Elle n`est pas à Pleyel, elle n`est pas accordeuse d`un grand pianiste. Il y a quelque chose de modeste qui me plaisait bien. C`est artisanal.


Serge, l`autre personnage principal, correspond à un modèle plus connu. C`est le patron d`une entreprise qui marche plutôt bien. Etait-ce pour contrebalancer avec le personnage plus original de Suzanne ?

Oui, on « visualise » plus Serge. On est un peu plus habitué à ces gens de soixante ans qui ont des femmes de trente ans. Je voulais qu`on se dise a priori : « Celui-là, je le connais ! » et en fait quand on creuse, on se rend compte que la personne n`est pas ce qu`elle représente. Il est beaucoup plus complexe que ça. Comme sa femme d`ailleurs, qui est bien plus généreuse qu`il n`y parait.
Dans la vie on se trompe tout le temps. Les gens ne sont jamais ce qu`ils semblent être. Ils sont complexes, ambigus, pleins de failles et leur histoire comporte mille histoires !


Vous abordiez déjà le thème du père absent dans le roman « Numéro six ». Dans « Nous étions faits pour être heureux », il s`agit également d`un élément essentiel de l`histoire…

Oui, c`est vrai. La question que je me pose (comme beaucoup de femmes, je crois) est : comment fait un père qui ne voit pas son enfant ? Comment on vit avec ce manque ? C`est un vrai mystère que je n`ai toujours pas compris. Je me fracasse devant cette question. Quel est l`orgueil qui bâtit ce mur infranchissable ? Comment vit-on sans voir, sans pouvoir ou vouloir toucher son enfant ? Ce n`est pas de l`indifférence, c`est quelque chose d`autre… un gouffre.
Je me pose ces questions mais écrire n`apporte pas forcément de réponse. C`est pour cela que mes fins sont toujours ouvertes. On me dit souvent que ça se passe toujours mal avec mes personnages : ils s`aiment mais ça se passe tout de même mal. Mais c`est précisément parce qu`ils s`aiment que ça se passe mal. S`ils ne s`aimaient pas, ils se ficheraient de l`autre, et alors il n`y aurait rien à écrire.


Votre roman se déroule à Paris et les lieux semblent avoir une très grande importance dans ce roman. Pourquoi avoir choisi le quartier des Abbesses ?

J`aime beaucoup Paris. Pour une géographie amoureuse, Paris, c`est formidable. Alors je suis allée chercher les lieux, je suis allée les repérer dans Paris. Les adresses indiquées dans le roman sont des adresses réelles. Je savais dès le départ que le roman se situerait en grande partie dans le quartier des Abbesses. C`est un quartier que je connais pour y avoir vécu et qui a une vraie disparité. En montant la rue Lepic vers la place des Abbesses, il ya une vraie vie de quartier, avec ses commerçants, ses habitants, ses cafés, etc. En remontant un tout petit peu vers Montmartre, on se retrouve tout d`un coup devant une horde de touristes qui suivent des sentiers balisés et qui ne se déplacent jamais dans certains endroits. Il y a également toutes ses maisons qui font rêver, ses ruelles étroites… Je trouve qu`on ressent beaucoup l`histoire du lieu, la pauvreté qu`il y avait auparavant, dans ce quartier où habitent maintenant des gens riches. C`est un quartier où cohabitent plusieurs mondes, plusieurs communautés, plusieurs langues. Il y a des contrastes permanents.
D`une manière générale, Paris est une ville faite pour les romans.


Le cadre du roman est très rapidement défini. Peut-on y voir une influence de votre travail de dramaturge ?

Je ne saurais pas répondre mais on me dit souvent que mon écriture est très visuelle et il est vrai que j`écris souvent à partir d`images. Pour les premières pages du roman, j`avais cette image du carrousel de la place des Abbesses. Pour mes pièces également, je pars toujours d`images fortes qui s`imposent. Elles me donnent la lumière, le ton de la pièce ou du roman. Dans le cadre d`un roman, ce qui compte c`est le rythme qu`on lui donne. Et cela part souvent d`une image qui imprime une énergie et un mouvement…


Vous êtes à l`origine du festival de théâtre « La Paris des Femmes » . Pouvez-vous nous le présenter en quelques lignes ?

« le Paris des femmes » que j`ai créé avec Anne Rotenberg et Michèle Fitoussi est un festival de Théâtre dédié aux femmes. Nous commandons à des auteures des pièces courtes sur un thème commun et ces pièces sont ensuite mises en espace. Il y a également des débats, des signatures et des rencontres avec le public. La librairie L`attrape-cœurs est partenaire et les textes sont édités à l`Avant Scène. La prochaine édition aura lieu les 11, 12 et 13 janvier au théâtre des Mathurins. Rendez-vous sur le site pour plus d`informations :





Véronique Olmi et ses lectures


Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Quel est le livre qui m`a donné envie d`écrire ? Il m`aurait plutôt donné envie de ne jamais écrire !
Ma plus grande influence c`est Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski pour son travail sur le double, sur le mal, le bien et la culpabilité. Ce sont des thèmes qui me touchent particulièrement. « Nous étions faits pour être heureux » est également un roman sur la culpabilité, sur l`enfance pervertie. Dostoïevski, c`est le monument que je relis continuellement et j`aime bien savoir que je n`aurai pas assez de toute ma vie pour le comprendre. Certains comme Freud ont essayés de l`enfermer dans le cadre de la psychanalyse mais Dostoïevski est plus grand que ça. Pour moi, il est fondateur.


Quelle a été votre première grande découverte littéraire ?

« L`Idiot » de Dostoïevski justement mais ce n`était pas encore à travers la traduction d`André Markowicz donc c`était à l`époque un Dostoïevski encore très littéraire, très balzacien, très poli. Je l`ai découvert dans une caravane, à la neige. Alors que tout le monde allait skier, moi, qui déteste la neige, je restais toute la journée toute seule dans ce camping à lire Dostoïevski. Je me faisais des fiches tant tout me semblait compliqué avec tous ces noms russes, ces patronymes, ces diminutifs… Ces fiches ont été une étape très importante pour moi. Ça voulait dire que j`étais conviée au livre mais que je devais participer. C`est comme si l`auteur me faisait confiance et me disait de rentrer dans ce livre, au prix d`un travail de ma part. Je voyais cela comme un véritable honneur. Cela m`a ouvert des portes. Cela ma donné le goût du livre.
Cela m`a également forgé le goût des livres dits « difficiles », complexes, qui ne livrent pas tout au lecteur, qui ne le dirigent pas. Ainsi, j`aime bien les nouvelles de Raymond Carver par exemple. Lui ne tricote rien. Il nous laisse une liberté totale. C`est une confiance qu`il fait au lecteur.

Dans les premières grandes découvertes, il y a eu Marguerite Duras. C`est une femme double. Elle est âpre, violente. C`est quelqu`un qui s`est engagée et qui a combattu toute sa vie. Elle n`a pas eu peur de dire qu`elle avait torturée, qu`elle n`avait pas toujours été du côté « correcte » de la vie. Il y a une vraie violence en elle qu`on retrouve dans ses chef-d` œuvres comme « La Douleur » ou « Un barrage contre le Pacifique » Elle abolit de nombreuses barrières avec une puissance incroyable. Elle pose aussi la question de savoir jusqu`où on peut aller dans l`écriture.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

« Une vie » de Maupassant. C`est un livre qu`on lit différemment aux différentes étapes de sa vie. Quand j`étais petite, je l`avais lu mais je ne comprenais pas tout. A chaque fois que je l`ai relu, j`ai compris quelque chose de nouveau sur les personnages. Il y a d`ailleurs plusieurs personnages de femmes très intéressants, très complexes. Ces femmes ne sont pas des victimes.


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

« Le carnet d`or » de Doris Lessing. Je tente régulièrement de le lire mais je n`y arrive pas. Alors j`adore la préface, mais pour l`instant je ne suis pas allée beaucoup plus loin !.
Je sais que c`est le livre culte des féministes mais c`est ambigu car celles-ci sont tout de même un peu malmenées dans le livre.


Quelle est votre citation préférée issue de la littérature ?

J`ai récemment relu « Une saison en enfer » de Rimbaud et je suis tombée sur un vers magnifique :

« Elle est retrouvée!
Quoi? L`éternité
C`est la mer mêlée
Au soleil. »

Sinon, la phrase que j`aime le plus, elle est d`Aragon : « le temps d`apprendre à vivre, il est déjà trop tard ». Pourquoi est-ce qu`on trime, pourquoi est-ce que les choses ne marchent pas. le temps de comprendre que tout est compliqué, qu`il ya des a priori et des jugements à dépasser, qu`il y a des priorités ou autre, on a déjà le sentiment que tout est fini, qu`on a eu sa chance.
« La vie est une répétition » disait Kundera mais il n`y en a qu`une et il n`y a pas de représentation finale après.


Et que lisez-vous en ce moment ?

« Pourquoi être heureux quand on peut être normal » de Jeanette Winterson. Je viens de le lire, de l`annoter et je vais le relire, l`offrir et en parler autour de moi. C`est un livre qui contient un questionnement sur l`écriture, qui parle d`une quête identitaire, d`une libération personnelle et qui offre sa chance à des protagonistes qui ne le mériteraient peut-être pas. C`est un livre magnifique avec une économie de mots et qui n`est jamais dogmatique alors qu`il soulève beaucoup de questions importantes. Et notamment la force de l`écriture et le pouvoir de l`imagination.



Découvrez le roman "Nous étions faits pour être heureux" aux éditions Albin Michel :

Pour tout savoir sur le festival "Le Paris des Femmes", rendez-vous sur le site du festival ou sur la page Facebook.

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Lecture de Véronique Olmi tiré du livre Figures d'écrivains, dirigé par Étienne de Montety. Découvrez un portrait inédit de la littérature française. La visage, la plume et la voix de 70 grandes figures des lettres réunies pour un cadavre exquis historique. Pour en savoir plus : https://www.albin-michel.fr/figures-decrivains-9782226436351

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Combien de fois perdons-nous ceux que l'on aime, sans le savoir ? Combien de fois crie-t-on Au revoir, sans même se retourner, et c'est fini pour toujours, et ce que l'on voudrait retenir, ce que l'on voudrait revivre, même une minute, même en rêve, n'existe tout simplement plus ?
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Ils avancent dans le bruit lourd des chaînes.Ils se traînent, frappent la terre de leur malheur. c'est le bruit du fer qui claque et gémit dans le vent. La longue file des épuisés et des mourants. Leurs grimaces de douleur et leurs lèvres brûlées. Leurs yeux aveugles. Leur peau déchirée. Et on dirait que ce n'est pas une caravane qui passe, mais une seule personne, une seule douleur qui pose son pas sur la plaine et l'écrase.
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— Padre…
– Ma pauvre Giuseppina…
– Padre, je veux quelque chose.
– Dis-le. Dis-le lentement et je comprendrai.
– Je… veux… être… comme… les… autres.
– Blanche ?
Il entend son rire. Son gros rire qui ne s’arrête pas et il a envie de rire aussi, de soulagement. Un moment il l’a crue simple d’esprit, mais le simplet c’est lui, vraiment.
– Mais c’est quoi, être comme les autres ?
— Religieuse.
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J'aurais voulu être une bonne nouvelle. J'aurais voulu être une accalmie. Un grand repos. J'aurais voulu être une seconde, celle où l'on sent le bonheur, la joie dans l'harmonie. et puis mourir. J'aurais voulu être le rire de deux personnes qui s'aiment. J'aurais voulu être le contre-ut. Le chef d'œuvre. L'idée géniale. Et renaître ailleurs.
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Tout est concentré sur la marche et le courage qu'il faut pour la faire. Mais cette envie de vivre qui la saisit là, dans cette captivité où elle est moins considérée qu'un âne, est comme une promesse qu'elle se fait : elle veut vivre. Cette pensée est à elle. Personne ne peut la lui prendre. Elle a vu les esclaves abandonnés aux vautours et aux hyènes. Elle a vu les esclaves invendables, et ceux bradés aux miséreux. Elle ne sait pas si elle vaut de l'argent, une chèvre, quatre poules, du sel, des bassines en cuivre, des colliers, des pagnes, une dette, une taxe, elle ne comprend pas contre quoi on l'échange, mais elle sait une chose : elle ne veut pas mourir abandonnée au bout de la route. Alors elle obéit. Elle marche. Elle se concentre sur l'effort. Elle est avec Binah, sauvée de la bergerie et du berger. Elle marche. Et elle a une amie. Une autre vie que la sienne, à laquelle elle tient aussi fort qu'à la sienne.
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Elle se tait et elle sourit. Elle attend. Elle sait très bien attendre. Elle a eu tant de maîtres, elle a reçu tant d'ordres fous, elle sait que se taire est souvent la plus prudente des attitudes.
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Tu as été l'époque la plus belle de ma vie. C'est pourquoi, non seulement je ne pourrai jamais t'oublier, mais même je t'aurai toujours constamment dans la mémoire la plus profonde, comme une raison de vie. PIER PAOLO PASOLINI.
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Elle pense à Mimmina qui ne pouvait s’endormir sans toucher ses cheveux, et elle ne disait rien quand la petite en se retournant tirait trop fort, parce que c’était bon d’être aimée à ce point là. Au point d’accompagner la personne que l’on aime jusqu’au bout de la nuit.
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Il avait une odeur de gâteau chaud, quelque chose de familier et de très doux, et ils firent l’amour avec la lenteur et la maladresse de la première fois, cette géographie nouvelle d’un corps que l’on découvre et auquel on se donne avec humilité et un peu d’audace, sachant que ce n’est qu’un début et qu’ensuite viendront l’impudeur, l’ardeur, et si tout se passe bien, la vertigineuse dépendance.
(pages 168-169)
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Les esclaves ont peur tout le temps. Peur de dormir alors qu'il est peut-être l'heure de se lever. Peur de ne pas dormir et d'être trop épuisé pour travailler au matin. Peur des coups qui réveillent les coups de la veille. Peur des coups qui ne viennent pas et vont tomber par surprise. Peur des anciens esclaves et des nouveaux esclaves, ceux qui savent trop de choses et ceux qui arrivent dans une innocence dangereuse. Peur le jour et peur la nuit, car l'épouse du général vient chaque matin avant le chant du coq pour les battre. Et ceux qui ont travaillé dans la nuit et viennent à peine de s'allonger sur leur natte sont battus pareil. Et celles qui sont grosses d'un enfant, et ceux qui sortent de leurs songes, et ceux dont l'esprit est encore uni à la nuit, et ceux qui ont la fièvre, et ceux qui sont si vieux qu'on les jettera bientôt sur le tas de fumier, et les petits enfants encore au sein, tous, encore couchés, sont battus pareil.
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Véronique Olmi

Née à Nice en...

1942
1952
1962
1972

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