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Critique de SZRAMOWO


Dérivations, un roman étrange écrit dans un style étrange, pour raconter une histoire étrange. Ce qui n'est pas pour me déplaire !
Un fil rouge revient comme un leitmotiv, un requiem ou une antienne :
«Le jour où votre vie bascule débute comme n'importe quel autre jour.Tout est comme d'habitude jusqu'au moment où ça ne l'est plus.»

Il est aux environs de 16h06 à Stockholm, le 3 décembre. William Sandberg, son épouse Christina et leur fille Sarah, vivent, chacun de leur côté, une expérience traumatisante : une panne d'électricité générale plonge la ville dans l'obscurité privant les habitants des services auxquels ils sont habitués, notamment les portes automatiques dans les grands magasins et les transports publics.

Parvenu à son journal, Catherine interpelle ses collègues le «visage éclairé par une tablette ou un ordinateur portable dont la batterie n'était pas encore à plat.
Bonne idée, si ce n'est que si la coupure de courant se prolonge, vous aurez les meilleurs articles du monde sur vos disques durs et pas la moindre chance d'y avoir accès avant que le sujet ne soit plus d'actualité.»

William est l'objet des attentions de la «Säpo ou alors de la police militaire», il le détienne, : «Depuis combien de temps était-il là ? Une heure. Au moins. Peut-être deux. Dans une salle d'interrogatoire, sur son propre lieu de travail. Ou plutôt, son ancien lieu de travail.»
Mais lorsqu'il s'enquiert des raisons de son arrestation une seule réponse vient :
«— Parce que nous avons le même problème que vous : nous avons, nous aussi, du mal à croire aux coïncidences.»

La Säpo veut savoir pourquoi il a répondu à ce message envoyé via un serveur inconnu sur une ancienne adresse qu'il n'utilise plus, lui fixant un rendez-vous auquel il s'est rendu : «Gare centrale de Stockholm. Arlanda Express. le 3 décembre, à 16 heures précises.»

Sarah, «cette fille qui allait mourir, mais ne le savait pas, courait. Quelque part dans l'enfer froid et grisâtre qu'était devenue Stockholm et dont elle prétendait qu'il était son chez-soi, se trouvait celui qui prétendait être son père.»
Est-elle réellement la fille de William et Christina ?

Le récit est haché, succession de chapitres courts mettant en scène les différents personnages, coupée par l'intervention de personnages nouveaux qui intensifie le questionnement du lecteur.

Et le lecteur ne va pas être déçu...
Que mijotent Rebecca Kowalczyk et Michal Piotrowski, dans un appartement de la rue Brzeska à Varsovie, près de la gare Warszawa Wschodnia ?

Alexander Strandell le radio amateur surnommé Tetrapak révèle à Christina l'existence de messages chiffrés sur une fréquence qui n'avait pas été utilisée depuis les années 1990 :
— Qui utilise les ondes courtes alors qu'il y a Internet ?
— Je ne sais pas. Qui ?
— Ceux qui savent qu'Internet va cesser de fonctionner.

Des attaques de Hacker intervenues aux USA, montrent qu'elles pourraient être des répétitions de ce qui s'est passé le 3 décembre à 1§ heures à Stockholm :
«Cinquante pics d'échanges de données dont nous pouvons affirmer avec certitude qu'ils sont de même nature que celui que nous avons connu aujourd'hui.»

Quel lien entre l'histoire de ces personnages, le rendez-vous mystérieux de la gare Centrale, les messages chiffrés sur les ondes courtes et la panne de courant ?

Quel rôle l'Etat et ses services secrets y jouent-ils : lutte anti-terrorisme ? Guerre entre des services spéciaux ? Fuites organisées ? Hacking sauvage ? Sécurité nucléaire ?

Le roman explore toutes ces pistes. La succession des chapitres s'accélère, donnant une image de la confusion, de l''angoisse, de la panique, du sentiment d'impuissance que rencontre les responsables du pays qui redoutent de se trouver confrontés à une crise majeure :
«La coupure de courant d'aujourd'hui (...) a duré trois heures et quarante minutes. C'est déjà mauvais en soi, mais qu'adviendrait-il si elle se prolongeait au-delà ? Des jours. Des semaines. Peut-être plus longtemps.»
«Les diodes continuèrent à clignoter. La pression continua à augmenter et les températures à monter et descendre, comme si une main invisible jouait avec les réglages. Comme si quelqu'un s'était emparé des commandes et contrôlait leur lieu de travail à distance.Comme si quelqu'un avait pris leur installation nucléaire en otage et refusait de la libérer.»

Pour son deuxième roman, Fredrik T Olson nous livre une vision réaliste de ce qu'est devenu notre monde, à la fois matérialiste et virtuel. Où la plupart des systèmes conditionnant notre vie quotidienne sont pilotés par des dispositifs informatiques fragiles et vulnérables.
Il surfe sur l'actualité et propose une clé de lecture crédible, utilisant «Des termes simples (...) (...) les mêmes (...) dans presque toutes les autres langues : terrorisme, Internet, hackers et réacteurs.»








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