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Citations sur Trouble (29)

Vivre une guerre est quelque chose de particulier. Tout change, la ville de pare d’un autre masque. C’est le choc de la nouveauté.
Quand, après avoir baisé un peu, tu deviens parent, tout le monde te prévient: attention, rien ne sera plus comme avant. Élever des enfants est l’affaire la plus banale du monde, jusqu’à ce que ça t’arrive et que tu regardes un être dans un berceau dont tout le monde s’attend à ce que tu t’adaptes à lui. Chacun fait comme si c’était la chose la plus normale qui soit, mais ce n’est pas l’impression que tu as. Tout le monde autour de ce berceau bêle que tu peux être content d’avoir un enfant en bonne santé et l’affaire est close.
Quand une ville est occupée par d’autres maîtres., d’autres coutumes, c’est la même chose. Le choc initial passé, la plupart des gens veulent faire le plus vite possible comme si c’était normal, comme si la vie continuait et qu’il fallait s’adapter, ainsi que me disait le père de Lode. Continue ce que tu étais en train de faire, et le reste suivra naturellement. Les drapeaux en ville, tous ces uniformes et les cafés remplis de soldats.... tout est normal.
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Peut-on regretter de ne pas avoir fait ce dont on n’avait de toute façon pas envie ? Regretter une chose qui ne peut pas être et s’en sentir quand même coupable d’une manière ou d’une autre ? Regretter d’être qui tu es et que l’autre soit qui il est ? Regretter néanmoins, à cause de ce cœur qui battait la chamade ? (p. 235)
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Quand il neige sur la ville, un homme sait ce qu’elle signifie vraiment, ce qu’elle a perdu, ce qu’elle veut oublier. Elle se dépouille de l’illusion du temps écoulé.
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Le mariage, mon cher garçon, est un exercice d'humiliation jusqu'à ce que la mort nous sépare. Ce qu'on appelle "se mettre en ménage" est un monstre à cent têtes. (...) Les hindous l'ont très bien compris. Tu n'as qu'à chercher des images de leur déesse Kali pour voir. Elle tire une langue rouge et à son cou bleu pendent des crânes aux orbites vides reflétant chacun de ces moments humiliants dont un homme et une femme savent qu'il vaut mieux les garder en famille.
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Une pensée me traverse l'esprit comme un refrain lancinant : "Si ceci est possible, si tout ceci est possible, si des gens en uniforme peuvent rouer de coups de pieds des enfants, assener à des femmes des coups de masse dans le visage, frapper des hommes jusqu'à les estropier, pour les pousser vers un camion de déménagement arborant un nom bien de chez nous, un nom flamand... Si tout cela est possible... Nous qui sommes là en tant que... quoi? En tant qu'assistants dans un monde à l'envers où le blanc devient noir, lors d'une nuit éclairée comme un jour infernal, en tant qu'infirmiers prêtant main-forte à des médecins qui parlent allemand et qui combattent en uniforme un virus humain à coups de poing, de pied, de menaces et de vociférations, parmi les pleurs, les plaintes, la peur, répandant sang, merde et vomi dans la rue... Si tout cela est possible, tout ne devient-il pas possible? Tout ne devient-il pas possible? "
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Comment expliquer l’impuissance et ce qu’un homme est capable de faire, quand ton interlocuteur n’a jamais ressenti ce que ça fait d’être soi-même un salaud potentiel, comment expliquer que c’est à la fois un bien et un mal de ne jamais l’avoir vécu, et que s’indigner dans un fauteuil n’est rien d’autre que de l’hypocrisie qui s’ignore ? Les gens disent parfois qu’il faut se mettre dans la peau de l’autre pour comprendre certaines choses. Mais ça aussi, c’est de l’hypocrisie parce que, par la peau de l’autre, on entend toujours celle de la victime. Pas un mot sur la peau de ceux qui se sentent peut-être incités à participer. (pp. 178-179)
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(...) avant la guerre, leur vie était écrite du berceau jusqu'à la tombe. Echapper à son sort relevait alors du rêve impossible (...). Et voilà que soudain la guerre éclatait et la vie redevenait un terrain de jeux au lieu d'un traquenard. Sous le blanc camouflage de l'idéalisme se cachait l'ennui, une peine à perpétuité qui ne requérait pas de juge après la guerre.
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Pour être honnête, je dois admettre que je me laissais guider par l’attrait du sensationnel, c’est tout. Cela fait-il de moi un mouton, et donc un salaud ? Tu peux répondre toi-même à cette question et si je devais effectivement être un salaud à tes yeux, alors il vaut peut-être mieux que tu sautes ce passage. (p. 87)
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Ce qu’on considérait jadis comme la loi est à présent remplacé par des accords tacites, des magouilles et, çà et là, un risque calculé des deux côtés. Chacun évalue son avantage, pèse le pour et le contre. Celui qui trouve ça déshonorant perd. Celui qui hausse les épaules apprendra. Tu comprends que tout ceci n’est pas sans danger. Les Boches exigent des punitions sévères et n’auront aucune pitié pour nous non plus. Les journées se succèdent et, au terme de chacune, ton futur arrière-grand-père se contente de faire un signe à son reflet dans le miroir. Chacun pour soi. (pp. 108-109)
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Viens te promener avec nous, mon garçon. C’est dimanche après-midi, le 22 juin 1941, comme indiqué à l’encre au dos de la photo que je tiens dans la main. Ta future arrière-grand-mère marche entre son frère Lode et moi. Elle a accroché ses bras aux nôtres. Nous formons une troïka sur la Keyserleï. Il fait beau, pas un nuage ne trouble le ciel. Donne-moi le bras, qu’on forme un joyeux quadrige. Tu vois comme tous les habitants rient et se disent bonjour ? Le beau temps fait tout oublier. (p. 108)
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