L'orage a gorgé les étangs, c'est à peine si on devine la croûte de sel à fleur d'eau.
Il est des moments de l'existence où le besoin de se confronter à la réalité l'emporte sur le confort de l'ignorance.
Au-delà de la jetée, le ciel se dilue dans le bleu de la mer. Iris savoure ce bonheur simple, ce paysage enchanteur. En baie de Beauduc, la mer est changeante, oscillant au gré du mistral entre le turquoise et le bleu limpide de l'aigue-marine.
Le son grave d'une corne de brume résonne au large. Un cargo en approche des côtes signale sa manoeuvre, surpris par les embruns et le brouillard. Poussée par le vent, une bruine froide et chargée d'iode tombe sur la baie. Un banc opaque recouvre les terres; on ne distingue plus les reliefs, les couleurs se confondent dans ce voile laiteux. Le sel se dépose partout. Le sel ronge...
Un filet de pêche sèche sur la rampe de sa terrasse, un rocking-chair invite à la détente dans un coin. Cette plate-forme devant le bungalow offre un point de vue unique sur le golfe de Beauduc. De là, on entend le ressac régulier de la mer et on respire l'air iodé.
Certaines personnes sont douées d'une hypersensibilité qui les rend plus réceptives au monde qui les entoure.
Une planche de tapas est posée sur la table, saucisson de taureau, marinade de poivrons, ainsi qu'une belle terrine de maquereaux et des petits anchois au citron.
Le jour se lève. La pluie a enfin cessé. Sur le pont, Roberto déverse aussitôt le contenu de la drague sur la table de tri. Son patron est retourné à son poste de commande et a remis les gaz. Soudain, l’Espagnol hurle, comme s’il avait croisé le diable en personne. La Massue ne lâche pas la barre, décroche ses jumelles à côté du gouvernail et zoome dans sa direction. Au milieu des poissons gît le cadavre d’un homme. Il n’a pas le choix, il doit rejeter le corps à la mer. Et convaincre l’Espagnol de garder le secret s’il ne veut pas avoir de problèmes. Ils n’avaient pas le droit de pêcher dans ce secteur.
Ils passent devant les vestiges romains des thermes de Constantin. Sarlat a l'impression d'entrer dans un décor de théâtre, de remonter le temps jusqu'à l'époque où Arelate, la cité "près de l'étang", la petite Rome des Gaules, vivait de sa splendeur.
La tour de verre et de métal de la fondation Luma apparaît au bout de l'avenue Victor Hugo. Haute cinquante-six mètres, elle est visible à plusieurs kilomètres à la ronde et offre un point de vue exceptionnel sur la ville romaine et ses toits si particuliers, ses arènes. Plus loin se profilent le Rhône, la chaîne bleutée des Alpilles et la Camargue.