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Critique de Daniel_Sandner


Retour de lecture sur "Le patient anglais", un roman de Michael Ondaatje, écrivain canado-srilankais, publié en 1992, initialement sous le titre “L'homme flambé”. Ce livre a été adapté en 1996 au cinéma par le réalisateur Anthony Minghella, dans un film qui a raflé pas moins de 9 oscars. Il raconte l'histoire, qui se passe en Italie à la fin de la deuxième guerre mondiale, de quatre personnages: Hannah, une jeune infirmière qui veille sur un aviateur anglais grand brûlé, Cravaggio un ancien voleur devenu espion, et Kip un Sikh indien qui est démineur. Ils se retrouvent tous les quatre par différents hasards dans une villa italienne transformée en hôpital de campagne, sur les hauteurs de Florence. Dans une ambiance de chaos, isolés du reste du monde et entourés de mines, on suivra pendant plusieurs semaines l'évolution des relations qui se tissent progressivement entre eux, on découvrira surtout les secrets de chacun, et l'histoire qui se cache derrière le mystère de cet homme flambé. Qui est-il vraiment ? Un espion ? Un aviateur ? Un explorateur ? C'est un livre qui est dans ma bibliothèque depuis la sortie du film. J'avais beaucoup aimé celui-ci, impressionné à l'époque par la photographie époustouflante sur grand écran, la qualité de la réalisation bien que très académique, et surtout par l'interprétation de Kristin Scott Thomas et dans une moindre mesure par celle de Ralph Fiennes. J'étais longtemps sceptique quant à l'intérêt de lire ce livre, mais finalement, comme souvent, il apporte une version tout à fait différente du récit, même si la trame est globalement la même. Il est beaucoup moins axé sur la romance, avec une vision beaucoup plus noire et désabusée du monde, il y a donc un réel intérêt à le lire, même connaissant le film. J'ai retrouvé avec grand plaisir cette histoire, qui parle d'espions, d'amour, de trahison, sur fond d'explorations dans le désert libyen et ensuite de fin de guerre en Italie. le gros souci avec ce livre, et qui est son principal défaut, réside dans la narration. Malgré des images très poétiques, celle-ci est terriblement chaotique, manque de fluidité et surtout de clarté. La concordance des temps est aléatoire, on passe régulièrement du passé au présent. D'un paragraphe à l'autre, on change de personnage sans forcément comprendre de qui il s'agit. Les descriptifs manquent de précision, de détails, ce qui limite notre capacité à imaginer les scènes. Tout cela donne une impression de manque de maîtrise, de fouillis. On peut laisser à l'auteur le bénéfice du doute, et supposer qu'il a fait cela de manière intentionnelle pour exprimer le chaos et les traumatismes de la guerre, il n'empêche que cela plombe fortement cette lecture et lui donne un côté très désagréable et difficile à suivre. Si on arrive malgré tout, et tant bien que mal, à rattacher les wagons, on trouvera dans ce livre quelques grandes qualités qui rendent la lecture intéressante. C'est écrit avec beaucoup de sensibilité, un récit complexe d'une belle densité, avec trois histoires qui s'entremêlent, pour finalement rassembler ces quatre personnages fantomatiques en un même lieu. Ils essayent d'y retrouver un sens à leur vie, de garder leur humanité et même de vivre un amour quitte à ce qu'il soit désespéré, au milieu de ce chaos de fin de guerre. Il y a dans ce livre une dimension philosophique totalement absente dans le film. le décor de ce huis-clos, dans cette villa-hôpital abandonnée, et l'atmosphère que l'auteur a su magnifiquement créer autour d'elle, collent parfaitement à ce récit. le livre montre également une facette de la guerre dont on parle rarement : celle des lignes arrières saturées de pièges et de mines après le retrait des vaincus et les démineurs qui risquent leur vie à chaque instant pour tout nettoyer. le tout est très crédible et pour ce qui est du travail des démineurs, très détaillé et instructif. C'est pour conclure une lecture qui, malgré ses gros défauts, reste globalement positive et intéressante. C'est, par rapport au film, une toute autre manière de raconter cette histoire, beaucoup moins portée sur l'esthétique et la romance, mais bien plus profonde, dense, et noire.
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