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Critique de Cigale17


C'est la première fois que je lis un romancier angolais et je sors ravie de l'expérience ! Ndalu de Almeida s'est fait connaître sous le pseudonyme de Ondjaki. Un de ses romans a été plusieurs fois primé de 2013 à 2016 : Les Transparents. C'est probablement au succès de ce titre que nous devons la traduction française de GrandMèreDixNeuf et le secret du Soviétique, ouvrage initialement paru en 2008, à moins que ce ne soit au film qui en a été tiré et qui aurait dû sortir en France fin 2020. Peu importe, d'ailleurs, puisque c'est un roman très agréable à lire. L'histoire se déroule dans les années 80. Agostinho Neto, dictateur de type marxiste-léniniste est mort en 1979, et les Cubains comme les Soviétiques, officiellement présents dans le pays en tant que coopérants, veulent construire un énorme mausolée où le corps embaumé du président reposera pour l'éternité. PraiaDoBispo a été choisie pour abriter le gigantesque bâtiment déjà en chantier. Pour achever les travaux, il va falloir raser le quartier où vivent les protagonistes de ce roman. On comprendra que les habitants aient l'intention de s'y opposer… Mais il faudra attendra la toute fin pour connaître le secret du Soviétique !
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Le début du roman est assez déroutant. J'ai mis un certain temps à accrocher à l'écriture et aux tournures employées avant d'y prendre un vrai plaisir. Jusqu'à la page 23, on a l'impression que le narrateur restera un « nous » (nous les enfants). Mais un jeune narrateur, dont nous ne saurons jamais le nom, prendra ensuite le relais. Les enfants dont l'histoire est racontée ici vivent à Luanda, dans un quartier pauvre, mais situé en bord de mer, PraiaDoBispo (la plage de l'Evêque). Je ne sais pas pourquoi tous les noms et surnoms sont présentés sans espace à de rares exceptions près (le Camarade Rafaël, par exemple). L'auteur s'amuse beaucoup à forger des surnoms amusants. GrandMèreAgnette deviendra GrandMèreDixNeuf après la perte de son orteil. Pinduta, l'ami du narrateur, est parfois nommé par son diminutif, Pi, mais on le connaît plutôt sous le surnom de TroisQuatorze. le Soviétique qui se lie d'amitié avec la grand-mère est surnommé CamaradeBotardov, parce que, peu importe l'heure, il salue en disant « botard » (boa tarde), etc. Dans tout le texte, les jeux sur les langues sont nombreux et c'est probablement inévitable tant le portugais parlé en Angola semble imprégné des apports d'autres langues, locales ou importées par les divers occupants du pays. le kimbundu semble encore très vivant dans la génération de la grand-mère. L'auteur jouera aussi avec l'espagnol des Cubains que parlent EcumeDeMer et le docteur Camarade RafaëlTocToc. Cela donne lieu à des confusions expliquées brièvement en notes de bas de page, mais assez rarement parce que chaque phrase en espagnol de Cuba est immédiatement traduite en français, comme elle l'est sans doute en portugais dans le texte original.
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La vie à PraiaDoBispo se déroule simplement, dans une bonne humeur contagieuse malgré les aléas du quotidien, la pauvreté et les ennuis de santé. Les habitants se connaissent, restent solidaires, et apprécient l'endroit magnifique où ils vivent. On partage donc leur inquiétude devant la menace de la destruction du quartier et d'un déménagement imposé. J'ai vraiment apprécié la langue employée par l'enfant, qui va de surprises en méprises, sa poésie, son inventivité. J'ai adoré la description des habitants et de la vie du quartier dans la très longue phrase qui commence page 111 et finit page 113 ! La présence (?) de GrandMèreCatarina m'a intriguée et amusée. La lecture des deux lettres qui suivent le roman dévoilent à quel point l'auteur a puisé dans ses souvenirs personnels. Un très bon moment de lecture, sourire aux lèvres.
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