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Critique de Dixie39


Luanda, ville phare d'Angola et véritable personnage principal de ce livre, s'étend dans ce récit comme une pieuvre qui nous étourdirait en tournant autours de nous pour mieux nous attraper et nous attirer vers le fond avec elle...
Luanda, c'est un coeur qui bat. Celui d'une ville emblématique de ce pays d'Afrique, aussi convoité que décrié, dont les habitants s'accommodent, sans colère ni apitoiement, de sa corruption, de sa violence et de son développement anarchique.
Ondjaki nous relate la vie des locataires d'un immeuble de Luanda d'où jaillit du 1er étage, une source d'eau bienfaitrice, lieu de rassemblement et source d'apaisement pour ses habitants et leurs hôtes. Est-ce qu'on peut vraiment parler de destins ? Non. Simplement des vies qui s'entrecroisent, dans cette nécessité vitale de survivre, à soi et aux autres.
On ne peut parler réellement, non plus d'histoire, mais plus d'une galerie de portraits et d'évènements qui nous permettent d'apercevoir la réalité de ce pays, à peine sorti de la guerre civile et déjà intégré dans cette course folle du capitalisme, mais qui serait l'affaire de tous : chacun essayant de prendre la meilleure part du gâteau ou tout du moins d'y goûter, avant qu'il ne lui passe sous le nez... dans l'intelligence de l'à propos et de la débrouille, entre égoïsme et solidarité.

L'écriture d'Ondjaki est belle et surprenante : Il y a certaines envolées de pure poésie que j'ai adorées lire et relire. Dans le style, certes. Mais pas que. Certains de ses personnages ont l'air tout droit sortis d'un conte, et leurs parts de merveilleux, d'extra-ordinaire s'entremêlent à la réalité dure et sans concession de ce pays :
« nous ne sommes pas transparents parce que nous ne mangeons pas... nous sommes transparents parce que nous sommes pauvres. »
Quantités négligeables dans cette course aux profits individuels.

Son absence de point et ses retours à la ligne donnent le rythme à la lecture, comme si Ondjaki nous donnait le tempo et nous indiquait quand reprendre notre souffle : traces fugaces d'une oralité des récits restée reine dans ce pays.

J'ai eu beaucoup de mal à savoir noter ce livre, 3 ou 4 étoiles ? C'est là que je me dis que les demies auraient leur utilité... Ce qui m'a manqué ? J'aurai souhaité évoluer tout du long du récit dans cette poésie des mots et des images. J'aurai souhaité un peu plus de développement à certains moments du récit, même si je comprends que cela correspond à ce que l'auteur a voulu donner comme impression : celle d'un monde et d'un lieu où rien n'a vraiment d'importance, où chaque chose se vaut, l'amour comme la haine, la vie comme la mort... sans regret, tristesse, ni colère. Parfois certains essaient de s'extraire de ce flot continu d'eau ou de feu, mais c'est souvent peine perdue !
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