Décidément, Yusuke Murata est excellent : son trait de crayon est fin et précis, ce touche-à-tout n'hésite pas à s'attaquer à tous les genres et il peut passer de la comédie à la tragédie et des rires aux larmes en deux temps trois mouvements… Pour ne rien gâcher quand l'action est là, il envoie carrément du bois ! Ici, avec "One-Punch Man", le webcomic de One fait peau neuve et prend son envol… Car Yusuke Murata a toujours su s'associer avec de bons scénaristes. La cerise sur le gâteau ? L'adaptation animée réalisée par le studio Madhouse est de qualité !
L'univers de "One-Punch Man" est un univers super héroïque générique avec un Japon alternatif où la population répartie dans les villes A à Z fait régulièrement face à des dangers de puissance croissante :
- niveau loup : il faut faire appel à la police
- niveau tigre : il faut faire appel à l'armée
- niveau démon : il faut évacuer la ville d'urgence
- niveau dragon : il faut évacuer la région d'urgence
- niveau dieu : il ne reste plus qu'à faire ses prières, car le danger menace la Terre entière…
Evidemment les héros de classe C, B, A et les super héros de classe S défendent vaillamment la cause de la justice !
Dans "One-Punch Man", nous suivons Saitama, salaryman au chômage qui décide de revenir à ses premières amours en devenant super-héros ! Après trois années d'entraînement, il est devenu d'une force hors du commun et a perdu ses cheveux… Et le pauvre est doublement déçu par le fait qu'en anéantissant systématiquement les super-vilains en seul coup de poing il ne peut jamais passer dans le mode nekketsu qui le faisait vibrer étant enfant et adolescent, et par le fait que le monde des super-héros est aussi impitoyable que celui du travail…
Les auteurs détournent tous les classiques des comics pour les tourner en dérision tout en leur rendant hommage, et ce fort joliment ! Ici l'alter ego de Superman possède le look le plus anecdotique du monde pour mieux nous présenter les diverses tribulations quotidiennes des joyeux drilles de cette drôle de Justice League : Blast, Tornade Tragique, Croc d'Argent, Atomic Samourai, Petit Empereur, Metal Knight, King, Zombiman, Chevalier Turbine, Pur Porc, Super Black Brillant, Chien de Garde-man, Flashy Flash, Master Marcel, Batte-man, Pri Pri Prisonnier, mais aussi Beau Gosse Craquant Masqué, Bushidrill, Black Marcel, Tiger Marcel, Blizzard Infernal ou Roulettes Rider ! Ils sont tous attachants et on retient vite leur nom (c'est toujours un bon signe ça !)
Toutefois, derrière la grosse déconne et la chasse au super-vilain de la semaine nous suivons d'abord et peut-être surtout les états d'âmes des uns et des autres, à commencer par ceux de Saitama qui est tiraillé entre son ambition de s'enflammer comme dans un shonen nekketsu et son sens du devoir et de la justice, mais également la quête de puissance et de vengeance de Genos ou le cheminement de Garou du Côté Obscur…
Les aventures du détournement de l'Homme d'Acier continuent pour mon plus grand plaisir, et ce tome 2 se partage en deux temps :
- dans un 1er temps, Saitama et Genos mettent fin aux méfaits de la Maison de l'Evolution dirigée par un savant fou et son armée de clones (un hominus crevaricus persuadé d'être au-dessus de tous les autres et qui veut que la société s'adapte à lui au lieu de s'adapter à la société)
Au lieu de nous faire le coup du donjon à étages défendus par les lieutenants du méchants, on fait un pied de nez aux habitués du genre et on passe directement au boss de fin au nom de Pokémon (Scaravageur / Asurage ^^) et au cours du combat on nous révèle le secret de la puissance de Saitama… Mais personne n'y croit, y compris et surtout les lecteurs ! mdr
- dans un 2e temps, pour ne pas passer pour un terroriste Saitama doit mettre fin à l'agissement du gang des chauves-sourires dirigé par un dénommé Tête d'Enclume. Les auteurs renvoient dos à dos les anarchistes partisans de l'assistanat forcé et le milliardaire Mr Grisby qui a fait construire un gigantesque étron en or en haut de sa tour d'ivoire (mais on notera que notre super-héros à temps partiel se reconnaît davantage en Tête d'Enclume qu'en Mr Grisby ^^). Là encore pied de nez, puisque que c'est Sonic le Foudroyant, le super-ninja au sourire de débile profond et au rire d'otarie avinée, qui va se charger de tout le boulot… et pour ne rien gâcher l'affrontement entre le super-héros et le super-ninja est reporté à plus tard… ^^
Saitama en a marre de se faire piquer ses exploits : c'est décidé, avec Genos il va s'inscrire à l'association des super-héros ! (En bonus, une caricature des histoires superhéroïques d'antan moralisatrices à mort : gare aux caries si vous ne vous brossez pas les dents ! mdr)
Derrière la grosse déconne, il y a quand même un message puisque notre super-héros à temps partiel affronte des déçus de la société moderne. Avec la toute puissance qu'il a reçue, aura-t-il le pouvoir de la changer cette putain de société ? Quand on lit entre les lignes, on sent que c'est vers là que veulent nous amener les auteurs…
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