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Critique de RosenDero


Visionnaire, précurseur, culte, magistral.
Ce texte l'est certainement.
A condition de le remettre dans son contexte d'écriture, ou de le considérer comme un ouvrage pédagogique déguisé.

Critique du pouvoir, réflexions sur la société, questionnements philosophiques sur la réalité et le sens de la vie ou des croyances, mise à mal de l'idée d'une puissance étatique bienveillante et sage, pamphlet contre la bêtise et l'apathie, essai de contre-manipulation… 1984 est tout cela à la fois.
Aussi ne puis-je qu'abonder quant à l'intérêt de ce roman.
Mais à côté de cela, il y a la présence de ce “héros” peu attachant, qui donne au texte une fausse orientation. On nous laisse à penser que l'individu seul pourrait mettre à mal la grande machine étatique, mais si la désillusion vient rapidement (et c'est en cela aussi noir et pessimiste que réaliste), elle s'appesantit lourdement, trop lourdement. le personnage principal devient sans intérêt et ne sert finalement à rien d'autre que prouver aux lecteurs que personne n'agira à leur place, et que seule l'action collective (bridée et muselée de toutes parts, ici) pourrait éventuellement le libérer de ses chaînes.

Voilà qui me fournit une transition parfaite et me fait penser à une citation de Frédéric Mistral (pour le coup, je suis presque sûr qu'aucune critique sur Babelio ne l'a mentionnée ^^) :

Qu'un pòble tombe esclau,
Se ten sa lenga, ten la clau
Que dei cadenas lo desliura

que l'on peut traduire “qu'un peuple devienne esclave, s'il garde sa langue il possède la clé qui le libérera de ses chaînes” :')

Car la langue, il en est justement question dans ce roman. Mais malheureusement, le pouvoir a compris sa puissance, et fait tout pour en déposséder le peuple. Et une langue uniforme et lisse entraîne une pensée de même acabit...Je suppose que ce ne doit pas être aisé de traduire correctement les réflexions linguistiques propres à l'anglais et ici au Novlang, mais si j'ai trouvé l'idée ingénieuse et qu'elle permet d'aborder plusieurs facettes intéressantes du langage, comme le relativisme linguistique (les représentations du monde sont influencées par le langage), la structuration du lexique ou sa soi-disante arbitrarité, les traits sont grossis au maximum (quoique, concernant sigles, acronymes et troncations, on n'en soit pas bien loin). Encore une fois, c'est très intéressant pédagogiquement parlant, mais c'est également très lourd à la lecture.

Finalement, j'ai trouvé cette lecture très intéressante quant à l'anticipation qui frôle la “précursion”, cette présentation caricaturale à même de mener à des prises de conscience, mais laborieuse et encombrée d'un personnage principal inutile.
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