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sur 29111 notes
On cite souvent 1984 et Big Brother à chaque fois que des nouvelles caméras de surveillance sont installées. J'ai l'impression que c'est la seule chose qu'on ait retenu de ce roman : la surveillance constante.

Pourtant, 1984, c'est beaucoup plus que ça : c'est un condensé de toutes les méthodes qui existent aux quatre coins du globe pour cadenasser la pensée, mise en place à la perfection : la peur constante de la délation, y compris venant de sa propre famille ; la capacité des foules à absorber n'importe quel mensonge pourvu qu'on le lui répète assez longtemps ; la falsification des faits historiques ; l'appauvrissement de la langue pour rendre impossible la formulation de certaines pensées ; la création d'un ennemi commun à haïr ; et la liste peut être encore longue.

La lecture du roman est dure, on sent que le système est parfait, implacable, que les petites victoires de Winston sont trop simples, trop faciles, et que ça va mal tourner. Et en effet, le petit grain de sable ne grippe pas la machine, mais est renvoyé fermement à sa plage.

Un livre vraiment marquant, et que je ne suis pas prêt d'oublier.
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1984 vient d'être retraduit par les éditions Gallimard, déjà détentrices de la précédente traduction datant de 1950, c'est-à-dire, réalisée aussitôt après la publication de l'original en 1949. Certes, toutes les traductions vieillissent mais celle-ci n'était peut-être pas des plus scandaleuses, contrairement à celle, par exemple, de Walden qui, elle, sent très très fort la naphtaline chez le même éditeur.

Non, la raison profonde de cette nouvelle traduction n'est certainement pas tant la volonté de proposer aux lecteurs francophones quelque chose de fantastiquement plus fidèle mais bien le fait que l'an prochain, en 2019, le texte tombera dans le domaine public, si bien que l'on pouvait s'attendre de la part de la concurrence à une avalanche de nouvelles traductions. Ceci n'aura donc probablement pas lieu car Gallimard a souhaité leur couper l'herbe sous le pied : c'est de bonne guerre (même si de guerre, personnellement, je n'en connais aucune de bonne).

Pour le reste, franchement, si vous avez lu l'ancienne traduction, vous ne serez pas déstabilisés par la nouvelle et il n'est pas forcément vital d'aller vous jeter sur elle : basculement du passé dans la narration au présent, quelques néologismes d'Orwell traduits différemment (ainsi novlangue devient néoparler, angsoc devient sociang, l'Océania devient l'Océanie, et quelques autres du même tonneau mais franchement, pour moi, à deux ou trois nuances près, c'est vraiment du kif-kif bourricot).

Pour beaucoup d'autres, les choix de la première traductrice ont été reconduits, notamment le fameux Big Brother (à l'époque, en 1950, c'était osé de maintenir l'anglais plutôt que Grand Frère, de nos jours, cela paraît naturel).

Heureusement, novtraduction ou obsoltraduction, l'important était, reste et demeurera l'oeuvre de George Orwell en elle-même. Ce livre interpelle forcément car la question centrale concerne le pouvoir, la façon de l'infliger au peuple via, notamment, une falsification systématique de l'information et la façon de modeler les consciences pour le faire accepter.

Or, partout et de tout temps (et pour encore longtemps, je crois), il n'est pas dans l'intérêt des gouvernants de dire TOUTE la vérité. Dit autrement, tous les gouvernants, actuels ou passés, d'ici ou d'ailleurs, mentent ou ont menti et, je le crains, mentiront.

Alors il y a les bons gros mensonges, clairs, nets, précis, comme ceux débités par l'équipe de George W. Bush pour justifier d'une intervention militaire en Irak en 2003 ou, en France, l'annonce de l'arrêt du nuage radioactif de Tchernobyl pile sur la frontière allemande (exemples classiques parmi tant d'autres) et puis ceux, plus subtils, qui ne sont pas à proprement parler des mensonges mais qui consistent en des choix judicieux dans les informations que l'on laisse ou non filtrer, tel fait divers non relayé, tel autre martelé et monté en épingle parce qu'il va dans le sens du vent de ceux qui possèdent les chaînes d'information.

Il y a aussi les informations exactes mais présentées de façon à faire entendre tout autre chose que ce qu'elles disent vraiment. le champion toute catégorie dans ce domaine était très certainement l'Austro-américain Edward Bernays qui a carrément théorisé là-dessus et inventé le conseil en communication, appellation, vous en conviendrez, nettement plus avouable que l'ancienne, qu'on nommait tout simplement propagande.

C'est comme ça que sont nées les fameuses " frappes chirurgicales " de nos bien-aimés missiles qui ne pètent plus jamais dans la gueule des populations civiles innocentes mais qui dans 100 % des cas frappent chirurgicalement uniquement des terroristes, des sortes de missiles renifleurs, si vous préférez, qui détectent rien qu'à l'odeur dans leurs fantastiques petits cerveaux d'acier qui sont les terroristes et qui sont les innocents. Bref, nos gentils missiles ne font plus de victimes, ni de morts, ils éliminent des terroristes. Si un enfant de six ans se trouve volatilisé dans la manoeuvre, que voulez-vous, il n'avait qu'à pas pousser parmi les terroristes après tout. D'ailleurs, ça devait en être un lui aussi, à tous les coups…

Cela donne aussi des trucs dans le genre : « 60 % des médecins fument les cigarettes X » et un joli slogan du style : « X, les cigarettes préférées des médecins ». Alors cela peut vous faire rire mais allez donc voir dans les livres d'histoire proposés encore aujourd'hui aux enfants en ce qui concerne le XIXème siècle, par exemple. La période 1815-1848 ? À peine nommée. le second Empire ? Jamais entendu parler. La montée en puissance des banques et leur main-mise sur l'économie mondiale ? Connais pas.

En revanche, la République, la grande, la belle, celle qui ne fait que des choses propres, que des choses bien pour tout le monde et partout dans le monde, celle-là, bien qu'elle n'ait occupé qu'un tiers du siècle, vous en entendrez parler en long et en large. La Révolution industrielle ? Formidable ! Ah ! le progrès, mes chers enfants, le progrès… Quoi ? des patrons qui s'en mettaient plein les fouilles et qui maintenaient leurs salariés en esclavage ? Mouais bon, à la rigueur y a peut-être eu deux ou trois petits trucs par-ci par-là, mais c'était franchement mieux quand même pour le peuple que sous la monarchie, soyez-en sûrs.

Donc, oui, il y a quelque chose de profondément, de viscéralement prophétique dans ce roman et même si, à l'heure actuelle, ce n'est peut-être plus tant des gouvernements (quoique) que des grandes multinationales de l'internet et de la téléphonie qu'il faille craindre une surveillance acharnée, on sent bien qu'il met le doigt sur quelque chose de chaud, l'ami Orwell : la manipulation de nos vies par un espionnage de tous les instants.

Que ce soient les gouvernements ou les grandes entreprises (ce qui, de toute façon, revient au même), il est important de bien réécrire l'histoire (ex : les Américains ont vaincu les Nazis) de minimiser ou de passer sous silence ce qui ne va pas dans le sens du mythe collectif que l'on souhaite faire gober aux gens, les bons d'un côté, les méchants de l'autre (ex : en 1940, les USA se plaignent ouvertement du blocus voulu par Londres contre les Nazis car cela les empêche de faire du business avec l'Allemagne ; en 1945, les mêmes USA jugent à Nuremberg les responsables allemands pour crime contre l'humanité et ils envoient pendant ce temps les deux pires pétards atomiques jamais lancés sur des civils au Japon, bon, mais ça, faut surtout pas le dire maintenant, ni que l'athlète américain Jesse Owens a confirmé avoir été mieux traité par les Nazis en 1936 que dans son propre pays, qui, à l'époque n'aimait pas beaucoup les Afro-américains, etc., etc.)

À l'heure actuelle, on sait que le danger provient probablement de nos amis Google, Apple, Facebook, Amazon et toute la clique qui utilise nos clics, du téléphone portable dit " intelligent " et qui est devenu mouchard en chef de nos vies. C'est d'autant plus fort que tout ceci a l'apparence du libre consentement. C'est nous-mêmes qui faisons entrer le loup dans la bergerie. D'ailleurs, le mot " internet " (parmi foule d'autres) répond exactement à la définition que donne Orwell des termes de novlangue (ou néoparler).

Il est vrai également que quand j'écoute parler des gens autour de moi, ce savoureux mélange de termes creux, éviscérés, galvaudés et de franglais (est-il encore possible de trouver une publicité sans assaisonnement franglais ?), cette novlangue ou ce néoparler qui nous assaille, la faiblesse lexicale rencontrée dans les médias dominants… Oui, on a également l'impression que l'analyse d'Orwell est juste aussi sur ce plan-là : abrutir les gens, les gaver de ce qui est le moins séditieux pour s'assurer leur docilité, pour leur retirer jusqu'à la possibilité de formuler leur mal-être…

Enfin bref, tout cela a déjà été montré et démontré mille fois. Il nous reste un objet littéraire entre les mains. Personnellement, j'ai trouvé le début de la seconde partie absolument excellents, à partir du moment où Julia entre dans la vie de Winston. (En gros, la première partie consistait à décrire ce monde cauchemardesque que l'on nomme désormais dystopique, par analogie inversée avec l'utopique.)

Je ne suis pas allée jusqu'à 5 étoiles car j'ai ressenti un petit manque, une faiblesse selon mes critères lorsque l'auteur, nous donne à lire le livre de Goldstein à travers les yeux de Winston. Là, j'ai senti que l'auteur voulait absolument nous dire quelque chose, faire passer à tout prix un message insistant, et non plus dérouler le fil de la fiction. On sent beaucoup que la vision de Goldstein est celle de l'auteur, trop selon Milan Kundera et ce sur quoi je suis assez d'accord avec lui.

Pour le reste, un roman plein de puissance et de désillusion sur le genre humain qu'il faut probablement avoir lu une fois dans sa vie, avec ou sans la nouvelle traduction. Mais ce n'est bien entendu que mon pas granchavis.
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Nombreux sont ceux qui ont entendu au moins une fois dans leur vie le nom de Big Brother. Trop nombreux restent ceux qui le confondent avec une espèce d'ordinateur gigantesque qui traque l'intimité de tout un chacun dans un futur à vrai dire si peu lointain que, pour nous, il est déjà du passé : 1984.

En réalité, Big Brother serait un dictateur issu du Parti socialiste anglais - le Labour de Tony Blair - et dont le physique (grosse moustache noire, yeux noirs, visage inexpressif, solidité terrible de l'ensemble) évoquerait plus ou moins Staline. Si j'utilise le conditionnel, c'est parce que, bien que sa photo et son effigie soient omniprésentes partout en Océania, Big Brother pourrait aussi bien (on s'en rend compte à la fin du roman) n'être qu'une création fantômatique destinée par des gouvernants invisibles à focaliser la ferveur patriotique des Océaniens.

Au delà de l'ambiguïté des régimes totalitaires connus et enregistrés au XXème siècle - tout particulièrement le nazisme et le stalinisme, seuls cités par Orwell - "1984" passe à la vitesse supérieure et dépeint un totalitarisme qui, si l'on ose dire, touche à une perfection de fin du monde.

En Océania, il n'y a ni camps de concentration, ni goulags et on ne peut pas parler vraiment de théories racistes. L'ennemi eurasien, par exemple, a certes des traits asiatiques. Mais du jour au lendemain, cet ennemi redevient un allié pur et dur ; mieux : on affirme haut et fort que jamais, au grand jamais, il n'a jamais été l'ennemi de l'Océania. L'ennemi, ce sont les Estasiens - lesquels sont de type européen.

La lutte des classes n'est pas non plus à l'ordre du jour. La société se répartit en trois groupes : le Parti intérieur (la nomenklatura), le Parti extérieur (une sous-nomenklatura) et les Prolétaires (le tout-venant). Aristocratie, bourgeoisie, capitalisme même ... Ces mots ont de moins en moins de sens. le Parti réécrit sans cesse l'Histoire de façon à effacer tout ce qui l'a précédé - le fameux virage à 180° est ici institutionnalisé.

Tous ceux qui tentent de résister finissent "vaporisés" - l'humour noir anglais selon Orwell.

Et lorsque l'ancilangue aura cédé le pas à la novlangue, il n'y aura plus personne pour se rappeler de ce que signifiaient des mots comme "mauvais", "optimiste", etc ... Toute la complexité, toute la richesse du langage - et des idées - seront noyées sous des flots de mots outrancièrement simplificateurs. Ce qui ne sera pas bon sera "inbon", ce qui sera meilleur deviendra "plusbon", les adjectifs pourront servir de verbes, l'ordre des mots deviendra d'ailleurs interchangeable ...

(Je ne sais pas pour vous, mais moi, ça me fait penser aux technocrates de l'Education Nationale française, avec leurs "espaces transparents", leurs "inappétents scolaires" et leurs "référentiels bondissants aléatoires" ...)

Avec une puissance incroyable et une amertume glacée qui forcent toutes deux l'admiration, George Orwell préfigure le comble de la société totalitaire mais non égalitaire : le nivellement de la pensée par le bas et, partant, la mise en coupe réglée des masses, populaires ou non. Si le sexe est maintenu, le romancier anglais, avec une lucidité terrible, prévoit que cette fonction ne servira qu'à assurer la survie de l'espèce et que, surtout, il ne sera pas question d'assurer le plaisir à la femme ...

Bien entendu, la démonstration d'Orwell, pour être efficace, ne pouvait se satisfaire de héros combattifs. Peut-être Julia, la maîtresse de Winston Smith, l'est-elle un peu plus. Mais si peu ... Et elle aussi finit par trahir - par se trahir. En bref, tous deux sont des victimes, des moutons prêts pour le sacrifice et qui donnent parfois l'impression d'y courir avec une sombre délectation.

C'est là que le bât me blesse un peu, je l'avoue. Dans une superbe crise de désespoir littéraire - la plus achevée que j'aie jamais lue - Orwell nie le facteur humain alors que, curieusement, la société océanienne ne remet pas en cause la possibilité de l'existence d'un Dieu, très loin, quelque part. Orwell nie aussi le grain de sable, cet affreux et génial petit grain de sable qui finit toujours par venir à bout des mécaniques les plus subtiles et les plus démoniaques.

Or, je sais que les grains de sable existent, j'en ai la preuve. Tandis que Dieu ... Si l'on nie les premiers, il faut nier le second. Sinon, on se retrouve dans la position du croyant qui se refuse à entériner l'existence du Mal ...

N'empêche, surtout au jour d'aujourd'hui, après le Viêt-nam, après le Cambodge, après les Talibans et avec les fous religieux de toutes sortes, sans oublier les adorateurs planétaires du Veau d'Or, il faut lire "1984." Un homme averti en vaudra toujours deux.

Si George Orwell n'y avait pas cru, jamais il n'aurait écrit "1984", vous ne croyez pas ? ;o)
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Big Brother ....

1984 est un des textes de science-fiction les plus connus .
Quand je vois son succès , je me demande pourquoi d'autres textes de science -fiction sont injustement méconnus alors qu'ils sont loin d'être d'une qualité moindre que 1984 .
Les textes de T. J. BASS par exemple .....
Ces textes méconnus du grand public auraient au moins l'intérêt de permettre au grand public de découvrir une littérature de qualité .
Une littérature prospectiviste à la volonté prophylactique dans certains cas , mais aussi évidement , des textes qui souvent s'élèvent simplement contre le péril déjà en la demeure , comme c'est le cas pour 1984 , qui dénonce la montée des totalitarismes européens qui s'est fait pendant l'entre-deux guerres et qui fut publié en 1949 .
Ce qui fut visionnaire , c'est qu' à cette date Orwell , postulait avec raison , la guerre froide et le péril de la guerre nucléaire de grande ampleur entre les blocs naissants à cette époque . Ce péril nucléaire fut une réalité qui culmina spectaculairement en 1962 pour décroitre progressivement jusque la fin des années 80 avec l'ouverture de la Glasnost russe . Cette épée de Damoclès a d'ailleurs littéralement façonné la science-fiction de l'après-guerre , jusqu'aux années soixante-dix .
1984 est une oeuvre de science-fiction exemplaire parce que bien qu'étant un roman à thèse , un très grand soin est apporté par l'auteur à la mise en place de l'univers , qui contribue donc de façon éloquente et active aux divers développements des thèmes traités (le totalitarisme , l' endoctrinement et la manipulation des masses principalement ) .
L'Angleterre de cette fiction sort ravagée en profondeur d'une guerre nucléaire avec l'est , la guerre continuera , reprendra , alors qu''un état scientifiquement totalitaire s'efforce d'actionner un contrôle de chaque instant sur ces populations dont même l'esprit est façonné activement par ce régime .
L'auteur a disséqué magistralement le totalitarisme invasif et conquérant qui avait ravagé le monde de son temps et qui par la guerre froide menaçait encore de le détruire radicalement .
Ces thèmes parlaient éloquemment à un public qui était encore au plus près de ces problématiques de façons intimes mais l'auteur a eu le chic de d'ajouter dans la trame narrative le sel de certains éléments aussi spectaculaires , que à haute valeur affective , pour l'Angleterre .
Des éléments qui sont au coeur de l'univers : L'ombre d'Hiroshima premier recours à l'arme nucléaire , plane sur la fondation de cet univers , la bataille d'Angleterre ( qui inspire les formes du conflit) aussi , et surtout , le Blitz également , qui lui a ravagé spectaculairement et spécifiquement Londres et y a causé la mort de dizaines de milliers de personnes ( massivement des civils ) .
Les thèmes du roman font froid dans le dos , car nous savons qu'ils furent mis en oeuvre efficacement pour détruire concrètement la vie de nombreuses personnes ( avant et après la parution de ce texte ) : le contrôle social , la stratégie du bouc émissaire et celle de la haine organisée de groupes sociaux bouc émissaires , la propagande , les atteintes à l'esprit des administrés par le façonnage du langage et par là même , celui de la pensée .
La caractérisation , le rythme sont au top . L'intrigue est parfaitement soignée souvent elle est surprenante . Ce bouquin est poignant , avenant , très soignée et surtout à aucun moment la thèse ne prend le pas sur fond romanesque . En fait c'est plus compliqué la thèse est magistralement animée et elle est de ce fait au coeur du texte . Elle est nichée , diluée , fondue , dans les moindres détails et dans des formulations chocs incontournables .
Et c'est pour cette raison aussi que 1984 est un excellent roman de science-fiction , mais qu'il est aussi un excellent roman tout court .
Un texte éloquent , vivant et touchant qui est à lire absolument .
D'autres textes dystopiques de cette époque et d'après sont aussi à découvrir , ces textes sont assez nombreux et beaucoup sont excellentissimes .
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Voilà, j'ai enfin lu ce livre qui prenait la poussière dans le fin fond de ma bibliothèque, acheté d'occase à la fin des années 80, une soixantaine de pages lues puis abandonné.

Et là, j'ai adoré...

Sans doute, la première lecture a trop souffert du parallèle avec le film “Brazil” de Terry Gilliam pour lequel je voue une admiration sans borne (rien que d'y penser me mets dans un état nirvanesque). Mais la vision est assez différente, le cynisme ne se situe pas au même plan et l'objectif n'est pas le même.

Dans ce roman, l'action, l'aventure n'est pas au centre de l'histoire, elle n'est que le support, et le point de vue n'est pas du tout kafkaïen, les condamnations n'ont rien d'absurdes, au contraire, et c'est bien ce qui est glaçant ici. C'est avant tout un roman de politique fiction, le sujet du roman, c'est bien l'anihilation de la pensée autonome, la description du totalitarisme, ses moyens de mise en oeuvre par une culture de l'ignorance, rabotée, lissée, réduite au strict nécessaire. Ici le terme de Dystopie par opposition à l'Utopie y prend toute son ampleur, elle n'est pas là pour mettre du piment à l'action comme dans les dystopies actuelles pour ados (le labyrinthe de Dashner, Divergente, Hunger Games...) mais bien au contraire, décrite comme envisageable. C'est un roman qui paraît presque réaliste, on ne peut s'empêche de penser à Hitler, Staline, la révolution culturelle en Chine, Pol Pot, et actuellement Kim Jong-un, au point de se demander s'il n'a pas servi de modèle à l'un d'entre eux.
La description de ce régime totalitaire est très approfondie, chaque direction prise par le régime est froidement justifiée, la guerre, la pénurie... Et c'est un roman qui donne quelques clés sur certain moyens utilisées en politique de nos jours et c'est à se niveau que se situe son cynisme. le livre fini par nous happer totalement, nous angoisser, non pas par empathie pour le héros, on sait très vite que ça finira mal, mais par la noirceur réaliste de l'humanité représentée.

À noter que les ventes de 1984 au Etats-Unis remontent en flèche depuis l'élection de Donald Trump et les rapprochements entre les “Faits alternatifs” de sa conseillère et la novlangue du roman fleurissent chez les journalistes et les réseaux sociaux. Notre Marine le Pen nationale, avec par exemple son « UMPS » est aussi une adepte de la novlangue.

Ce qui fait de ce livre un incontournable, c'est son intemporalité, c'est un livre terrible dans tous les sens du terme.
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N'étant pas fan de science-fiction, je n'avais pas encore lu ce grand classique signé George Orwell et j'ai eu grand tort car « 1984 » est une dystopie tellement visionnaire que ce texte datant de 1948 fait froid dans le dos, tellement on y retrouve des éléments de notre quotidien.

Alors, certes, George Orwell y décrit un régime totalitaire proche d'une perfection que l'on espère utopique, mais les ingrédients que l'on y retrouve sont d'un réalisme assez effrayant. du contrôle des médias à la destruction de la pensée autonome, en passant par le contrôle social, l'appauvrissement de la langue, la surveillance constante, l'entretien d'un climat de peur et de haine, la création d'un ennemi commun, l'endoctrinement et la manipulation des masses, « 1984 » donne parfois l'impression de placer le monde actuel devant un miroir…pas si déformant que ça.

À l'heure où des caméras de surveillance sont installées à chaque coin de rue, où l'Internet enregistre chacun de nos clics et où notre téléphone portable contient toute notre vie, le « Big Brother » imaginé par George Orwell il y a 75 ans semble presque prophétique. Et que dire de la nouvelle orthographe visant à simplifier la langue française, voire du langage SMS de nos jeunes, ne font-ils pas écho à ce « néoparler » de George Orwell visant à abrutir les foules et à les rendre incapables de formuler certaines pensées ? Quant à la capacité de faire gober un mensonge à une grande majorité de la population, je crois qu'avec Poetin et Trump nous en sommes déjà presque à la version 2.0 d'Orwell.

Et oui, on ne pourra pas dire que George Orwell ne nous avait pas prévenus !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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« Les meilleurs livres, pressentait-il, sont ceux qui vous disent ce que vous savez déjà. »

Ce que vous ne savez peut-être pas — je l'ai appris en tombant sur cette édition Agone sortie en 2021 — c'est que le livre le plus lu de votre bibliothèque, dont vous ne savez même plus si vous l'avez vraiment lu en entier, ou bien si vos souvenirs sont issus de la culture populaire, n'aurait pas jusqu'alors bénéficié de toutes les attentions éditoriales qu'il mérite.

En effet, la traduction référence chez Gallimard est restée la même durant plus de 60 ans, alors qu'elle comportait beaucoup d'erreurs, de contre-sens, et d'inexplicables coupes.
Et comme ce texte allait tomber dans le domaine public, Gallimard s'est finalement décidé, en 2018, d'en commander une nouvelle version à la traductrice de Philip Roth, Josée Kamoun.
Le résultat a été salué tout en laissant un goût d'inachevé à ceux qui, depuis longtemps déjà, tentaient de défendre un texte trop longtemps cantonné dans la case « roman populaire » — voire d' « oeuvre à proles », pour employer un peu de novlangue, que cette dernière traduction massacre inexplicablement en « néoparler » — négligeant la très grande profondeur, ainsi que l'insaisissabilité politique d'un texte qu'il est urgent de redécouvrir.

Mais il vaut mieux bien choisir sa traduction, car en plus des deux déjà mentionnées, six autres ont suivi ces trois dernières années. La page wikipédia consacré à 1984 les compare succinctement sur quelques mots emblématiques de novlangue, que Philippe Jaworski pour la version Pléiade des oeuvres d'Orwell s'échine à transcrire en « néoparle », lui qui nous a même francisé Big Brother… à l'heure où la nouvelle carte d'identité française adopte même l'anglais… curieux…

Une version semble déjà se démarquer du lot, nous venant d'une maison canadienne : les éditions de la rue Dorion, confiant en 2019 à Celia Izoard, journaliste (très) engagée et traductrice d'ouvrages critiques sur la technologie ( dont Chomsky et Howard Zinn ), le soin d'en livrer enfin une version de synthèse, la plus fidèle à ce texte trop souvent dévalué par nombre d'intellectuels.

Agone, à Marseille, a encore attendu deux années pour nous la rendre disponible en France, alors que son fondateur, Thierry Discepolo semble être à la base de ce projet trans-atlantique, lui qui en signe la passionnante et longue postface, scellant définitivement et de manière inter-objective le choix sur LA Version à lire et à posséder, rappelant que nous avons bien entre les mains un chef-d'oeuvre, confirmant que cette maison étiquetée à gauche sait dépasser les carcans idéologiques qui se resserrent de tout côté, illustrant cette pseudo-bascule théorétique amorcée par la « French Theory », d'où l'humanisme des Lumières n'y retrouvera plus ses petits :

« Cette “philosophie ordinaire“ est justement celle qu'attaqueront, à partir des années 1980, les penseurs raffinés de la tradition postmoderne pour qui, au bout du compte, le vrai et le faux dépendent de l'état des rapports de force sociaux (pour le dire comme Michel Foucault) ; et qu'il vaut mieux (comme le suggère Richard Rorty) remplacer l'objectivité (cette illusion dangereuse) par l'obtention du “plus grand accord intersubjectif possible“. Mais de telles conclusions, en rendant impossible toute distinction entre ce qui est vrai parce que conforme à des faits extérieurs et ce qui passe pour être vrai parce que produit d'un consensus social, rend impossible l'application du concept ordinaire de “vrai“. Ce qui est précisément le projet de l'inquiétant O'Brien. Sa conception de la vérité — n'est vrai que ce que les intellectuels à la tête du parti intérieur tiennent provisoirement pour vrai — fait ainsi de lui un philosophe post-moderne avant l'heure. Un constat qui remet en cause l'idée largement répandue que les seuls philosophies appropriées à la démocratie libérale sont des variations plus ou moins sophistiquées ou radicales du thème “à chacun sa vérité“. La lecture d'Orwell replace plutôt au coeur de la démocratie les conditions de possibilité d'une vérité objective extérieure à la société. » (extrait de la postface de T. Discepolo)

Car ce texte n'a pas pris une ride, et c'est à sa pluralité d'approches qu'on doit cette résistance au temps qui passe, comme si les idéologies ayant pris ombre de ce pointu manifeste s'étaient perclus de rides à son contact.
Le communisme stalinien est bien mort, mais ce serait rater quelques marches que d'y voir son unique cible, bien qu'elle semble évidente.
L'exemple du relativisme post-moderne a déjà été posé…. On pense bien-sûr à ces dictatures au contrôle ultra-technologique, la Chine en tête de proue, le « Land of Freedom » à la vigie, toujours prêt à faire le contraire de ce qu'il prétend, manufacture mondiale de la post-vérité…

Mais le texte d'Orwell pousse encore plus loin, jusqu'à l'absurde, plongeant le lecteur dans un bloc sombre et compact duquel il sortira un peu ce qu'il en veut, signe probant d'une véritable réussite.

Il évoque même ce signe troublant de notre modernité, faite de misère sexuelle de plus en plus affirmée, paradoxe que seule une modification civilisationnelle viendrait expliquer :
« Il ne s'agissait pas seulement de faire la chasse à l'instinct sexuel parce qu'il créait un monde à part, échappant au contrôle du parti. Surtout, la privation sexuelle produisait de l'hystérie, et cette hystérie pouvait avantageusement être transformée en ferveur belliciste et en culte des dirigeants. »
…même si c'est au religieux qu'incombe surtout cette tâche…

Le seul bémol vient sans doute de la non-prise en compte de l'entropie dans la perpétuation de ce système ; les limites à la croissance n'étaient pas encore passées par là…
Mais c'est oublier que ce livre, dystopie par excellence, est surtout un essai philosophique, camouflé de manière astucieuse et volontaire dans une science-fiction qui a su embrasser la catégorie la plus difficile pour passer à la postérité : la littérature populaire.
Car Orwell le disait si bien, par la bouche de son Winston Smith : « l'avenir appartenait aux proles ».

Livre plus qu'indispensable, d'où la meilleure version est aussi celle issue de maisons d'éditons réellement indépendantes, LVMH n'étant jamais loin de Lovagouv ou de Vérigouv…
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Avec le temps qui passe, ce chef d'oeuvre de l'anticipation est de plus en plus flippant. Ce qui était visionnaire il y a 40 ans est maintenant la norme, dans une perspective extrêmement pessimiste de l'évolution de notre monde. Primauté des enjeux économiques, avec les guerres comme buts et moyens, pour maintenir le peuple dans une dépendance débilitante, disparition des libertés, avec une exploitation incessante des données de surveillance, pour étouffer dans l'oeuf toute déviance.

Le plus choquant est peut-être le contrôle du langage que les élites s'appliquent à réduire à un minimum fonctionnel, interdisant à tout jamais la moindre velléité de réflexion, et sapant ainsi la dimension artistique et poétique de cet outil humain merveilleux.

Au coeur de cet univers cauchemardesque, Winston lutte, imaginant échapper au laminoir, avec une jeune femme qui partage ses illusions, et qui lui permet de vivre un amour inespéré (bien entendu, ces sentiments et les pratiques qui en découlent sont des crimes sévèrement punis).

C'est toujours aussi efficace, même si les raisons ne sont pas les mêmes en 2018, par rapport à une lecture dans les années 70.

Bien entendu pas question de lire la nouvelle version proposée, celle qui justement remanie la traduction, manoeuvre qui flaire la récupération de droits d'auteur, pour un ouvrage qui tombe dans le domaine public.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Que dire de nouveau après 203 critiques ? Que depuis l'incident avec la grosse curieuse NSA, les ventes du livre ont augmenté de... 7000% ? Comme quoi, tout le monde veut en savoir plus sur Big Brother...

Big Brother n'est pas vraiment un système de surveillance, c'est surtout le portrait d'un homme avec des grosses moustaches qui fait curieusement penser à Staline. Sa tronche est présente partout en Océania.

Océania ? Nouveau Club Med ? Non ! Un Régime Totalitaire dans toute sa splendeur qui nivelle à mort par le fond. Même la télé réalité n'arriverait pas à faire aussi bien qu'eux parce que nous possédons encore le libre arbitre de la regarder ou pas.

Sûr que ce livre m'a fait dresser les cheveux sur la tête ! Quand je vous dis que c'est un régime "totalitaire", vous pouvez me croire, on frôle même la perfection, la machine est bien huilée, style rouleau compresseur et vu d'ici, la mécanique me semble sans faille.

Observons là de plus près.... L'espion qui espionne les espions, c'est nous. En cas de problème, le terminal de l'aéroport en Russie nous servira de Terre Promise !

A Océania, on surveille tout le monde derrière des écrans et pour votre intimité, vous repasserez ! Une sorte d'écran de PC ou de télé au mur qui voit tout.

A Océania, l'ennemi d'hier devient le super pote du lendemain et on efface des "journaux" le fait qu'on ait été en guerre avec lui durant quelques années. La population ne doit pas savoir, elle doit oublier.

Oh, pardon, les journaux ne sont pas en vente libre dans le kiosque du coin, mais disponibles aux archives et constamment remis à jour.

Winston, notre "z'héros", est chargé, avec d'autre, de changer les infos des journaux que la population n'a jamais eu l'occasion de lire. le tout pour le bien de l'Histoire.

Quand je dis que l'on nivelle par le bas, on y va à fond et même Nabilla a plus de mot de vocabulaire que leurs dicos. Fini les synonymes et les antonymes, on utilisera "bon" ou "inbon" et "plusbon"... Les dictées de Pivot seront insipides... pardon, en Novlangue, c'est "inbon".

Le sexe ? Bientôt comme chez les animaux d'élevage : pour assurer la pérennité de la race, quand au plaisir... Quel plaisir ?? "Orgasme" ne se trouve pas dans leurs dictionnaire.

Vous faites un pas de travers ? On peut vous dénoncer, surtout votre famille, vos enfants... déjà bien conditionné, les moutards ! Pffffttt, vous serez vaporisés et votre nom disparaîtra aussi. Existence zéro.

A Océania, à 7h du mat', on vous réveille grâce à l'écran et c'est parti pour une séance de gym tonique style "Véronique et Davina" mais sans elles, sans les jolies poitrines qui dansent, sans le sourire, mais avec la sueur et les injonctions : "Élève Winston, touchez vos pieds avec vos mains, mieux que ça !".

Tout est manipulé et la population gobe tout comme des oies au gavage... Les mensonges sont répétés et deviennent Vérité Historique. Sont gravés, quasi.

C'est pas le cas dans notre société ? Non ? Z'êtes bien sûrs ? Je suis tracée avec mon GSM, mon abonnement aux transports en commun, le PC du boulot, mon PC personnel aussi car Obama lit mes critiques que la NSA surveille de près, je dois être sur la liste rouge parce que tout à l'heure, j'ai dit à mon collègue que... Hé, non, je ne vais pas l'écrire, sinon, je vais monter en grade à la NSA !

Pharmacie ? Idem avec la carte SIS (Vitale en France), si vous avez une carte "GB-Carrefour", ils savent même ce que contient votre panier de ménagère de moins de 50 piges !

Caméras par-ci, caméras par-là... Les JT ne nous disent pas tout, on ne sait rien, les gouvernements nous mentent, les banques et assurances aussi, les lobbys contrôlent tout et certains osent même affirmer que la croissance va remonter... Une bonne nouvelle pour faire plaisir à la masse, comme dans le livre ??

Si le roman est assez long à lire et à certain moment "lourd", il faut s'accrocher afin d'arriver jusqu'au bout. Je l'ai lu par petites doses.

Dans "L'épée de vérité", Richard Rahl était le caillou dans la mare. Winston sera-t-il ici le grain de sable qui vient gripper la grosse machine bien huilée ou se fera-t-il prier d'aller voir sur la plage s'il n'y a pas de pavé en dessous ?

À l'heure ou nos gouvernements stockent nos données, nos messages, nos conversations téléphoniques dans un but "sécuritaire" (mon cul !), à l'heure ou Oncle Sam regarde par-dessus notre épaule, entassant un max de données qu'il ne saura jamais traiter, qu'avons-nous fait de notre indignation ?

Diantre, Frigide Barjot n'était pas là pour s'offusquer de l'oeil de Washington ? D'ailleurs, les manifestants des derniers temps ne sont pas là pour crier que les bornes ont des limites ??

Le mariage joyeux, non, l'espionnage à grande échelle, oui !

Orwell, relève-toi, on se laisse faire comme des moutons à l'abattage !

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Amis dictateurs, chers tyrans, bien-aimés présidents élus à 99,98 %,

Vous aimez le pouvoir à la démesure ?
Vous rêvez de faire de votre peuple un grand peuple, d'être un grand de ce monde ? Vous rêvez d'être adulé par toute la nation, qu'elle vous vénère à tout jamais, maintenant et bien après votre mort ? Vous souhaitez peut-être être éternel ? C'est possible. On peut faire en sorte que la foule le croit. C'est facile.

Bien chers despotes, vos rêves ne sont peut être après tout que vénaux, vous rêvez simplement d'amasser richesse, fortune, bonnes grâces à la sueur des travailleurs. C'est bien normal. Un peuple reste un peuple. Ils n'ont qu'à se faire élire à 100 % ou 103 %.
Hélas, en ces temps modernes d'idées saugrenues comme la démocratie, la paix dans le monde, l'ONU, les gens espèrent participer au pouvoir, comme si celui-ci pouvait se partager alors qu'il vous va si bien Votre Majesté.
Il vous faut réduire à néant toute tentative de manifestation, étouffer dans l'oeuf tout essai d'une quelconque révolution, même l'idée d'un renversement politique ne doit jamais effleurer le moindre neurone d'un quelconque partisan.

Pour que le peuple ne revendique rien, il est nécessaire qu'il soit heureux. C'est de loin la meilleure solution. Et pour cela, Orwell prodigue d'excellents conseils.
Pour faire d'une masse d'hommes et de femmes une masse de prolétaires pleinement heureuse, il faut absolument bannir toute culture, toute réflexion, toute idéologie, tout soupçon d'intelligence. Ah qu'il est dommage que vos illustres prédécesseurs n'ont pas connus la télé réalité, les grandes chaînes télévisuelles ou radiophoniques qui vident l'esprit, ôtent la moindre lueur de vivacité et remplissent leur boite crânienne d'un vide abscons mais si gratifiant : pensez donc ! On ne pense plus ! Quel bonheur ! Je ne pense pas donc je suis !

Bannissez livres, musées, associations, unions, oeuvres d'art, musique, tout art … Tout ce qu'il vous plaira.

Une bonne guerre pour consolider les liens, pour ne pas se plaindre d'un manque de confort. Et une fausse bonne nouvelle fait croitre un élan d'ivresse. Imaginez qu'on annonce une victoire ! Un recul du nombre de cancéreux ou de tuberculeux. Même si on ignore le comment du pourquoi, entendre une bonne nouvelle donne un sentiment de cohésion nationale, tous unis pour la même cause, un élan patriotique. C'est comme les deux minutes de haine, mais si ! ce moment rituel de la journée où on s'en prend à un ennemi. On affiche sa photo et on le crie dessus, on l'invective, s'il tombait entre nos mains, à cet instant, on le tuerait de nos mains nues, sans vergogne, sans la moindre culpabilité. Qui est –il au fait cet ennemi ? Bof, qu'importe. L'important, c'est de se croire unis, tous ensemble, tous égaux, tous heureux.
Glorieux despotes, vous devez posséder l'Histoire ! L'inventer même et pouvoir la changer. Comme bon vous semble. Il est nécessaire de la changer pour gérer la servitude du peuple. 1984 vous dira comment y parvenir. Une bonne amnésie collective et personne ne se souviendra que vous avez augmenté les impôts ou tué femmes ou enfants. 1984 est comme un précieux livre de recettes du bien être du dictateur.
Pour bien faire, le peuple doit être docile mais cruel avec les traitres, qu'il les chasse eux même, les dénoncent, ou les livrent et les tuent – qu'importe. La justice est un vieux mot qui n'existe plus. Supprimé ! Brave novlangue. Une langue plus simple est indéniable pour contrôler le peuple.
En fait, biens chers Kaisers idolâtrés, tuer un ennemi du peuple aussi sommairement, cela ne grandira pas votre pouvoir. Affermir votre pouvoir serait de transformer l'ennemi en ami prolétaire. Quelle victoire dans ce cas ! Faire changer de camp un déséquilibré en un loyal membre du parti, un critique en un simple d'esprit ! 1984 décrit avec ingéniosité les mécanismes politiques et psychologiques du totalitarisme.
Enfin amis oppresseurs, je garde le meilleur pour la fin.
Big brother is watching you. Imaginez cher autocrate le pouvoir de surveiller à chaque instant, absolument tout le monde, où qu'il soit, tel qu'il soit. Quel inimaginable pouvoir de contrôle ! Tout enregistrer, tout voir, aucune liberté n'est permise. Là est la force !
Parti intérieur, police de la Pensée, ministère de la Vérité, de l'amour (ne vous fiez aucunement sur les noms, le nom de « ministère de la torture » serait plus judicieux) nombreux et immenses slogans placardés partout, même chez l'individu

" L'ignorance, c'est la force ",

systèmes de caméras et de télécrans perfectionnés, tortures légitimes, organisations formidables de répression ou de rééducation, tout un arsenal pour maitriser la pensée du peuple, pour instituer une pensée unique. Un monde de moutons, quel bonheur ! Quel progrès ! Une seule et unique pensée.
2 et 2 font 5 si le ministère de la Pensée le dit. le croire, le penser, et le voir. Tout est possible dans le plus parfait monde totalitaire, le votre,… le notre… ?
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