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Critique de VincentGloeckler


« …mais peut-être que parfois la beauté du monde se concentre sur un seul et unique ongle. »
(p. 99)
Une romancière, et si l'on comprend bien, c'est l'auteure elle-même, Katja Oskamp, décide un beau jour de mars 2015, faute d'avoir réussi à convaincre un éditeur d'accepter ses nouveaux manuscrits, de participer à une formation de pédicure. Et la voici, bientôt, titulaire de son nouveau diplôme, rejoignant le cabinet d'esthéticienne de son amie Tiffy dans le quartier populaire de Marzahn, un arrondissement périphérique de Berlin, connu pour avoir été la plus grande cité de préfabriqués de l'ancienne RDA (un quartier, dont elle apprendra, d'ailleurs, de la bouche d'un de ses premiers clients, qu'il a été bâti sur « la merde de Berlin », un vaste champ d'épandage). Affirmant devant la fille d'une de ses anciennes collègues romancières que, « chez les gens, pieds et mains sont assortis », elle s'aperçoit rapidement surtout que les pieds sont trop souvent les miroirs de l'âme… Son cabinet de pédicure, dirigé par la « secrète ambition de voir chaque client repartir plus enjoué qu'il l'était en arrivant », devient, dès lors, le refuge de tous les éclopés de la vie du quartier et de quelques indésirables, dont elle s'efforce de repérer le défaut de la cuirasse. Chaque chapitre évoque une consultation, dont le patient ressort les pieds réparés et le coeur redressé, et l'on s'enchante du gai savoir psychopédicurologique de Frau Oskamp ! La journée de congé au Spa des trois collègues de l'institut au Spa du coin achève de nous réjouir, faisant oublier les détails plus graves de la vie quotidienne du quartier, le harcèlement d'un petit fonctionnaire maniaque à la retraite (qui « n'a pas plus de contact avec ses pieds qu'avec sa famille »), le suicide d'une voisine russe ou les maladies trop lourdes de certains visiteurs.
Marzahn, mon amour est une comédie pleine de charme, distillant de vraies leçons de vie dans une verve délicieuse, tant la podologue a la langue bien pendue. Et sans doute cette expérience aura-t-elle contribué à guérir ses inhibitions de romancière… Toujours est-il que Katja Oskamp donne ici envie de fréquenter autant ses romans que son cabinet de podologie à Marzahn !
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