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Critique de Wonk


Jean-Marc Ossavou, 38 ans, lieutenant de police à la Sureté urbaine de Libreville, ne supporte pas l'impunité. Et pour cause, enfant, il a perdu sa mère et sa soeur, renversées par un chauffard. Ce dernier étant le fils d'un « ponte de la République », il ne sera jamais inquiété pour son crime. Alors Jean-Marc a choisi de devenir flic dans l'espoir d'obtenir un jour sa vengeance. En attendant, il punit les criminels avec une façon bien à lui.
Une vie bien réglée qu'il partage avec Marie, sa « bonamie ». Mais tout bascule lorsqu'un soir, après avoir levé le coude dans un bar du bord de mer, il « lève » une fille sur le chemin du retour, l'énigmatique Svetlana. Il se contente de la déposer chez elle. Mais le lendemain, alors qu'il passe la chercher, on lui apprend que la belle jeune femme aux « longues jambes de gazelle », vêtue d'une robe courte à bretelles rouge, est morte depuis deux ans, assassinée. le coupable court toujours.

Ce n'est pas le polar du siècle, mais quel plaisir pour moi de revenir dans les rues de Libreville et de lire ces expressions imagées. Car c'est là le réel intérêt de ce roman, faire découvrir une ville peu connue en dehors des périodes électorales.

Je connaissais déjà Janis Otsiemi d'un précédent roman. Mais j'ai pu découvrir Tu ne perds rien pour attendre, grâce à la rencontre organisée par Babelio et le nouveau label des Éditions Plon, Sang Neuf. Rencontrer un auteur, surtout aussi loquace, est une occasion en or d'en apprendre plus sur ses motivations et ses secrets d'écriture.

Compte-rendu de la rencontre:

Une histoire de fantôme ? Vraiment ?
« Tout est prétexte pour dénoncer » explique Janis Otsiemi arrivé le jour même de Libreville, avec une canette de Regab, la bière nationale que son héros consomme allègrement. « Je me sers des faits divers, je tricote les rumeurs, les fantasmes. » Dans de nombreux pays comme le Gabon, la frontière entre le réel et le surnaturel est très mince.

Il ne vient pas du monde de la police, mais possède une technique infaillible pour se documenter. Il se rend dans un commissariat, et explique qu'il n'a plus de nouvelles de son petit frère depuis plusieurs jours. Les policiers sont tellement surchargés de travail qu'ils lui disent d'aller voir lui-même dans les cellules. Et voilà, un décor, des personnes à interviewer. Une fois terminé, il se rend dans le bar le plus proche et prend des notes.

Janis Otsiemi tient à signaler qu'il y a un autre personnage important dans son roman, celui de Libreville. Et il nous embarque ses rues. On commence dans le quartier d'Abéké, bidonville surnommé les « États-Unis d'Abéké », lieu de résidence de Jean-Marc mais aussi là où l'auteur a grandi (deux vidéos filmées par Janis Otsiemi sont disponibles sur le site de Sang Neuf pour se faire une idée). On descend le boulevard Triomphal pour se rendre au bord de mer, on passe Chez Maxime, le bar attitré du lieutenant ou au casino La Croisette, tenu par des Corses qui font irruption dans le récit. le quartier Toulon, la zone du Plateau, le port Môle, le port d'Owendo... Une vraie promenade pour qui connaît la ville. Mais pour ceux qui découvrent, une carte ne serait peut-être pas de trop la prochaine fois, histoire de savoir où on se situe.

Janis Otsiemi veut faire du polar engagé, dénoncer la corruption endémique de son pays. « Quand on grandit dans ces quartiers, tout est fait pour vous envoyer dans le mur. » La lecture l'a sauvé. À ses débuts il se lance dans la poésie. Ses amis lui disent alors d'arrêter de se prendre pour un bourgeois, et de raconter sa vie, la leur. D'écrire quelque chose qu'ils pourraient lire et dans lequel ils pourraient se retrouver.

Et tout existe, la corruption bien sûr, mais aussi le casino, les Corses. N'a-t-il pas peur des répercutions ? « C'est ma liberté, j'essaie de jouer avec. »

On veut bien le croire quand il déclare « l'Afrique est un polar à ciel ouvert ». Petit clin d'oeil à Marc Fernandez, directeur du label qui a choisi Tu ne perds rien pour attendre pour inaugurer Sang Neuf, et qui plaisantait au début de la rencontre : « on en a un peu marre des polars qui se passent dans le nord et dans le froid ». de mon côté j'attends impatiemment la suite de la série et surtout, de pouvoir enfin découvrir ce « Dexter à la mode Gabonaise » promis en quatrième de couverture mais qui nous a fait faux bond dans ce volume.
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