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Critique de Pancrace


De Charybde en Scylla, jeunes femmes japonaises, vous cheminerez en allant rejoindre ces Yankees riquiqui ! Quitter votre terre de souffrance natale pour endurer mille tourments dans leur Amérique létale et emplir de votre jeunesse leur existence bancale, ça aurait pu être un roman à deux balles…

Les deux balles, c'est dans le coeur que je les aie prises. Les phrases brèves claquent comme des rafales de mitraillette crachées par mille voix collégiales. Il n'y a pas qu'une femme qui s'explique, mille femmes hurlent sobrement leur amertume.
Julie Otsuka n'est que le porte-plume de talent de cette marée féminine qui n'avait jamais vu la mer et qui ne pensait pas connaître l'amer !
« A présent, tu appartiens à la catégorie des invisibles. »

Destinées abusées par duperie, vies rongées par la souffrance et l'avilissement. Labeur pénitence. Sexe corvée. Grossesses perdues. Naissances gâchées. Morts prématurées. Demandez le programme !
Elles sont belles, laides, grosses, minces, cultivées, analphabètes mais toutes sans exception seront dociles. En revanche, leurs « maris » seront exclusivement abjects et vils.

En l'absence d'héroïne, ces parcours anonymes donnent à ce roman-récit un aspect glaçant telle une liste de sacrifiées sur une stèle commémorative.
Leurs vies fut un enfer. Pas mieux pour leurs enfants survivants, quoi qu'ils fassent ou qu'ils aient le droit de faire, ne seront jamais acceptés : « On est rien qu'un tas de têtes de Bouddhas. »

Quand la guerre éclate, ce seront inévitablement pour ces autochtones étroits, toutes des espionnes et leurs maris des traîtres : « Et nous nous sommes demandé pourquoi nous avions si longtemps tenu à conserver ce mode de vie étranger. Nous leur avions inspiré la haine. »
Elles seront chassées, bannies de leur maison, de leurs pauvres habitudes quotidiennes : « Nous savions que c'était seulement une question de temps avant que toute trace de notre présence disparaisse. »

Certaines n'avaient jamais vu la mer. Aucune ne reverra jamais sa mère !

Pour terminer un petit proverbe juif (ça ne s'invente pas) qui définit bien le cadre général : « Avec un mensonge on va loin, mais sans espoir de retour. »

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